Haiti: Problematique de l'emploi, on connait la chansonde Jean Max ST FLEUR| JobPaw.com

Haiti: Problematique de l'emploi, on connait la chanson


Parce que leur formation n’est pas adaptée aux besoins réels du marché du travail, parce qu’il leur faut un parrain ou une connaissance pour accéder à un poste, parce qu’ils ne savent pas vendre leur image et leur potentiel, parce que l’Etat n’a pas une politique de l’emploi, parce qu’il y a un manque de communication entre professionnels et entrepreneurs…il y a beaucoup d’explications à la problématique de l’emploi en Haïti.
C’est sans nulle doute une répétition de souligner que le taux d’insertion professionnelle en Haïti est très faible et que le chômage affecte près de 60 % de la population active. Ce refrain est connu de tous. On l’entend continuellement dans la bouche des représentants de l’Etat haïtien et du secteur privé dans les conférences, les colloques et les ateliers sur l’emploi ou la relance économique. D’autres en font usage pour asseoir ou grossir leur capital politique.
Les quelque 40 % de la population active qui ont un emploi sont, en grande partie, dans la catégorie des « working poor », des gens vivant dans la pauvreté malgré le fait qu’ils travaillent. Leur salaire arrive à peine à couvrir leurs besoins primaires. « Le salaire mensuel que je gagne depuis 2002 ne me permet pas grand-chose. En général, je dois compter sur un petit transfert que je reçois d’une tante à New-York pour payer l’écolage de mes deux fils. J’essaie de trouver un autre boulot, mais c’est pas du tout facile », explique Jean-Hughes, un technicien en « comptabilité informatisée ».
Des causes familières
Le fossé entre l’offre et la demande d’emploi est manifeste. Et les causes identifiées à ce déséquilibre sont multiples. D’un coté, l’équation formation et emploi est toujours difficile à résoudre pour les jeunes diplômés. Puisque bien souvent, les formations techniques et universitaires ne correspondent pas aux besoins du marché du travail.
D’un autre coté, il existerait un manque de communication entre les entrepreneurs et les professionnels. Les entreprises ne savent pas nécessairement où trouver les ressources humaines qualifiées et les professionnels ne sont pas suffisamment informés des offres d’emplois disponibles. Et ce manque d’interaction fait du tort au pays. « Cette interaction constante est la clé de la création d’emplois, dans la compétitivité des entreprises, dans l’émergence d’une classe moyenne. Bref, dans le développement socio-économique d’un pays », explique l’économiste Robert Waddle.
La question de parrainage et de clan constitue une épine aux pieds des jeunes diplômés convertis en « distributeurs de CV ». « Une fois les études supérieures terminées, nous nous trouvons dans une jungle. Pour arriver à occuper un poste au sein d’une entreprise, il faut avoir des parrains ou des marraines, en d’autres termes une connaissance, un membre de la famille pour obtenir la clé ouvrant la porte du marché du travail », déplore Evadie Daniel, diplômée du Centre de Technique de Planification et d’Economie appliquée (CTPEA).
Par-dessus tout, l'absence d'une politique de création d'emplois pèse lourd sur la balance. « C’est un problème majeur et fondamental qu’il faut d’abord résoudre, si l’on veut diminuer le taux de chômage dans le pays », avance l'économiste Robert Waddle. Pour le promoteur du site www.jobpaw.com il faut créer beaucoup plus d’emplois mais il faut aussi diffuser davantage les offres d’emplois au grand public.
Les professions les plus sollicitées depuis 3 ans
Dans un récent rapport qu’il a publié sur la question, le responsable du groupe jobpaw a exploré cette proposition salutaire. Résultat : de janvier 2008 jusqu’au 25 aout 2011, environ 2542 offres d’emplois ont été publiées sur le site www.jobpaw.com, l’un des plus prisés sur le net. Pour les cinq secteurs retenus dans le cadre de cette étude – ONG, secteur public, secteur privé, international, projet – le secteur des ONG arrive en tête. 59 % des offres d’emplois, soit 1507 du nombre d’offres y proviennent. Alors que seulement 5 %, soit 136 offres d’emploi en trois ans émanent du secteur public.
Cette énorme différence est certainement due au fait que les ONG priorisent un systeme de rodage dans leur processus de recrutement. Les offres d’emploi dans les journaux ou sur le net sont de courte durée allant en général de trois à six mois. Alors que dans le secteur public, les emplois sont portés sur des contrats plutôt permanents. On pourrait aussi s’en tenir à d’autres hypothèses, notamment au fait que les ONG, détentrices d’importants moyens financiers, investissent dans des activités ponctuelles, dans des projets de courts termes, nécessitant ainsi un personnel local à contrats extrêmement limités. « J’ai eu un petit contrat avec le CRS pour monter des tentes. Mais, cette aubaine n’a duré que trois mois », raconte un jeune plombier qui habite à Nerette.
La durée des contrats n’est pas le plus dur dans la problématique de l’emploi en Haïti, selon certains spécialistes. L’inadéquation entre les formations et les besoins réels du marché du travail est encore plus coriace. Toujours dans le rapport publié par le groupe « Jobpaw », de 2008 à 2011, les compétences les plus sollicitées par les ONG, le secteur public, le secteur privé et l’international par ordre d’importance sont d’abord la catégorie finance, management, comptabilité, commerce. Sur 1715 offres d’emplois publiées sur le site www.jobpaw.com, 873 soit 51 % de l’ensemble proviennent de cette catégorie. Puis s’en suivent les sciences de la santé et professions sociales (14 %), les sciences humaines (11 %), les sciences de l’ingénieur (10 %), le secrétariat (7 %) et les sciences informatiques (6 %).
Reste à savoir combien d’universités et d’écoles professionnelles qualifiées et reconnues offrent ces formations recherchées sur le marché du travail ? Combien d’écoles classiques donnent des cours d’orientation professionnelle à leurs bacheliers ? Le nouveau gouvernement aura-t-il dans son agenda l’idée d’une politique d’éducation et de l’emploi adaptée aux besoins réels du marché du travail ?


Jean-Max ST FLEUR
MAS.Action humanitaire
Communicateur social,Journaliste
lemaxner@yahoo.fr


Rubrique: Conseils Emploi
Auteur: Jean Max ST FLEUR | tmaxner@yahoo.fr
Date: 21 Oct 2011
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