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Partage des infrastructures des telecommunications


A quand une stratégie de partage des infrastructures des télécommunications en Haïti ?
Les operateurs de téléphonie consentent de grands investissements pour mettre en place des infrastructures devant supporter la fourniture des services. Certains operateurs se voient contraints de faire un déploiement des réseaux plus petit à cause des contraintes budgétaires. Cet obstacle qu’est le coût prohibitif des infrastructures entraine beaucoup de conséquences sur le marché des services. A l’horizon, une solution pointe : le partage des infrastructures entre les operateurs de télécommunications opérant dans un marché. En quoi consiste le partage des infrastructures des télécommunications ?
Quels sont les niveaux de partage ? Quels sont les bénéfices pour le secteur en général ?

Mise en contexte
Le réseau de télécommunications est composé de matériels et de logiciels. Les équipements physiques (matériels) sont les commutateurs et les équipements de transmission qui comprennent tout un ensemble d’éléments (radios, antennes, câbles, tours). Le fonctionnement des réseaux de télécommunications nécessite d’autres infrastructures telles que : tours, emplacements physiques, énergie et climatisation, etc.
Le partage d’infrastructure consiste pour un operateur à utiliser les infrastructures d’un autre operateur pour desservir sa clientèle à travers un partenariat.
Le partage d’infrastructure est devenu un moyen efficace pour promouvoir l’accès universel aux réseaux TIC et pour offrir des services à large bande aux utilisateurs en réduisant le coût de construction des réseaux.
L’assemblage d’équipements passifs sur une même structure pour les télécommunications mobiles constitue ce que l’on appelle habituellement un «site». Il y a donc «partage» ou «mise en commun» de site lorsque des opérateurs concluent des accords pour installer leurs différents équipements sur une même structure, qu’il s’agisse d’un pylône, d’un toit ou d’un mât. Plusieurs éléments de l’infrastructure passive peuvent être partagés, de même que, par exemple, l’alimentation électrique ou la climatisation. Les antennes et les équipements de transmission peuvent également être partagés, mais sont considérés comme faisant partie des infrastructures actives (ou de transmission).1
L’operateur A qui utilise les tours de l’operateur B pour installer ses antennes constitue un exemple de partage d’infrastructure.
Si la Natcom veut construire une dorsale nationale (backbone) en utilisant fibre optique rendue disponible par le partenariat Teleco - Batelco pour le transport de ses signaux dans toutes les grandes villes du pays, les autres operateurs pourraient être invités à négocier le transport de leurs signaux sur ce même support de transmission ; c’est encore un autre cas de partage d’infrastructure. Cette initiative aurait beaucoup de retombées positives sur le secteur : Accessibilité, réduction des dépenses, accès aux services à large bande, protection de l’environnement, etc.
Les fournisseurs d’accès à Internet (FAI, ISP = Internet Service Provider en Anglais) pourraient soit utiliser cette dorsale nationale ou utiliser les tours des autres operateurs mobiles pour offrir une couverture Internet nationale.
Le partage peut concerner les infrastructures actives qui sont les antennes, les équipements de transmission, les commutateurs, les serveurs, etc. Il peut porter sur les infrastructures passives telles que : des câbles électriques, pylônes, toits, mat, énergie électrique et la climatisation et systèmes d’alarmes
Les operateurs peuvent faire un échange d’infrastructures. Le partage d’infrastructures concerne davantage les operateurs de telephonie mobile pour plusieurs raisons : nombre de sites à déployer, nombre d’operateurs autorisés dans un marché donné, le cout des équipements des réseaux de troisième génération (3 G) et de quatrième génération (4 G).
Niveaux de partage des infrastructures
A titre d’exemple dans un réseau de troisième génération (3 G), il existe 5 niveaux de partage d’infrastructure.
Dans le niveau 1 : Partage des sites et des éléments passifs
A ce niveau, c’est l’utilisation commune par plusieurs opérateurs de tout ou partie des éléments passifs d’infrastructures: sites, génie civil, locaux techniques et servitudes, pylônes, alimentation électrique, climatisation

Dans le niveau 2 : Partage d’antennes
Mise en commun, en complément des éléments passifs du site radioélectrique, de l’antenne et de l’ensemble de la connectique associée (coupleur, câble " feeder ").

Niveau 3: Partage des stations de base
Au niveau 3, on envisage le partage des stations de base, communément appelées les sites.
Le partage de station de base est possible à condition que chaque opérateur :
• garde le contrôle du Node B " logique " afin qu’il puisse exploiter en toute indépendance de l’opérateur partenaire les fréquences qui lui ont été attribuées ;
• reste maître des équipements actifs de la station de base tels que les TRX qui sont les dispositifs en charge de l’émission/réception sur la voie radio.

Niveau 4: Partage du contrôleur des stations de base (RNC)
Le partage de RNC est possible dès lors qu’il s’accompagne du maintien d’un contrôle logique sur le RNC de chacun des opérateurs indépendamment l’un de l’autre.


Niveau 5: Eléments du cœur du réseau
Les operateurs peuvent décider de partager le cœur du réseau.
C’est la mutualisation des commutateurs (MSC) et les routeurs (SGSN) du réseau fixe de l’opérateur.2

Le partage géographique
En plus du partage des équipements radioélectriques et énergétiques et la logistique, les operateurs peuvent s’entendre pour partager le territoire à desservir en vue d’offrir une plus grande couverture aux abonnés de l’un et de l’autre.
Le partage géographique consiste en une solution ou les operateurs s’accordent sur des déploiements complémentaires dans certaines zones géographiques en mettant en œuvre des accords d’itinérance au sein de ces régions de façon à offrir une couverture globale à leurs clients.2
A titre d’exemple deux operateurs peuvent trouver l’accord suivant : l’operateur A couvre le Sud du pays et l’operateur B le Nord du pays. Les clients de l’operateur A seraient desservis par le réseau de l’operateur B dans le Nord et ceux de l’operateur B seraient pris en charge par le réseau A dans le Sud.

Différentes formes de partage d’infrastructures
Il existe différentes formes de partage d’infrastructures de télécommunications
• Partage d’Infrastructures et colocation
• Partage du spectre de fréquences
• Interconnexion des réseaux
• Dégroupage de la boucle locale

Pourquoi le partage des infrastructures des télécommunications ?
Beaucoup d’arguments justifient le partage ou la mise en commun des infrastructures dans le déploiement des réseaux de télécommunications. Le déploiement onéreux des infrastructures a un impact sur le tarif appliqué à l’utilisateur. Un service cher est déjà une entrave à la pénétration du service dans un environnement où le pouvoir d’achat est faible.
Le développement inadéquat des infrastructures peut créer des nuisances radioélectriques, la saturation des ressources rares, des problèmes de servitude, etc.
Le nombre d’operateurs mobiles, les ressources radioélectriques à allouer à chaque operateur, les investissements élevés pour des réseaux mobiles (particulièrement les réseaux 3G et 4 G) et l’optimisation de l’exploitation des infrastructures sont autant d’arguments en faveur du partage des infrastructures.

Bénéfices du partage des infrastructures
• Déploiement de réseau rapide et de manière efficace
• Réduction des investissements des operateurs
• Accès et services universels garantis
• Baisse des tarifs de communication
• Extension facile des réseaux au niveau national

Partage des infrastructures de télécommunications en Haïti
Le partage des infrastructures des télécommunications est déjà une réalité en Haïti à un certain niveau. Le site de Boutilliers est un déjà un exemple où plusieurs operateurs de télécommunications, de radiodiffusion sonore et visuel et des fournisseurs d’accès à Internet partagent des tours et dans des situations particulières partagent l’alimentation énergétique.
D’autre part, les operateurs partagent des tours, des espaces, l’énergie sur certains sites.
Cependant, ce niveau de partage existant est largement insuffisant pour répondre à la couverture nationale exigée dans les concessions accordées par l’Etat aux operateurs. D’autre part, quand on tient compte que Haïti doit rattraper son retard en matière d’accès et de services universels pour atteindre les objectifs de développement du millénaire, il devient impératif que les operateurs envisagent une solution rapide qui permet de couvrir le pays en entier afin de permettre aux populations reculées de profiter des opportunités offertes par les TIC.
A cette fin, les operateurs doivent exploiter trois opportunités du partage.
• Développer des partenariats pour étendre le partage des infrastructures actives et passives à tous les operateurs et le renforcer
• Déployer la fibre optique de la Natcom sur toute l’étendue du pays afin de permettre aux autres operateurs de transporter leurs signaux dans toutes les communes du pays
• Envisager le roaming national (Itinérance nationale) pour permettre aux clients de continuer à accéder aux services via un autre réseau quand le service de leurs operateurs n’a pas une couverture dans une zone donnée.

Conclusion
Le partage des infrastructures de télécommunications qui se pratique le plus souvent au niveau des réseaux de transmission, de l’énergie, des hauteurs, des espaces, etc devient désormais une option à envisager quand il faut déployer un réseau ou étendre la couverture d’un réseau existant.
Dans certains pays, le partage des infrastructures fait partie des contrats de concessions des operateurs mobiles. Il existe même des cas ou le partage des réseaux est possible, c'est-à-dire que les clients d’un operateur A peuvent utiliser le réseau de l’operateur B. Les règles de partage doivent être bien définies. Il existe des enjeux dans le partage des infrastructures. Un réseau disposant d’une infrastructure importante peut décider de ne pas partager avec son rival pour empêcher le développement de son réseau, donc la couverture et la desserte de certaines parts de marché ne seront pas possibles. Ce non partage implique la perte de clientèle du plus petit operateur au profit du plus grand.


Références
1.- Partager les infrastructures
www.itu.int/.../display.asp?...sharingInfrastructure-mobile...
2.- http://www.arcep.fr/index.php?id=8072


Rubrique: TIC
Auteur: PROMOTIC | gregorydomond@hotmail.com
Date: 27 Avril 2011
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