Etude et analyse des besoins de la situation de sécurité alimentaire dans certaines communes du Nord
Compagnie
Diakonie Katastrophenhilfe
Domaine
Agriculture – Agroalimentaire
Spécialité
Agronomie
Date publication
7 Juil 2016
Date limite
19 Juil 2016
Pays
Haiti
Ville
Port-au-Prince
Zone
Juvenat
Durée
Determinée
Introduction
1. A PROPOS DE DKH ET CA
Diakonie Katastrophenhilfe (DKH) est une organisation non-gouvernementale allemande qui offre une aide humanitaire à ceux qui se retrouvent victimes de catastrophes résultant d’aléas naturels ainsi que ceux d’origine humaine tels que la guerre et le déplacement. La pierre angulaire du travail de DKH en Haiti est la restauration de l'habitat et des moyens de subsistance. Les projets sont mis en œuvre par le biais de partenaires locaux et vise un changement à long terme.
Présent en Haiti depuis 2005, DKH travaille dans le but de contribuer aux efforts de réponse, de rétablissement, de reconstruction et de réhabilitation suite aux désastres. Elle appuie les communautés à se préparer en renforçant la résilience en vue de mieux faire face aux futures catastrophes naturelles. Les axes d’intervention principaux incluent la gestion des risques de désastres, la sécurité alimentaire, l’habitat et l’infrastructure.
Christian Aid (CA) est une organisation non-gouvernementale britannique qui insiste sur le fait que le monde peut et doit être transformé où la pauvreté est éradiquée, de telle sorte que tous et chacun des hommes puissent vivre une pleine vie. CA et ses partenaires travaillent à l’échelle mondiale pour un changement profond pour faire disparaitre les causes de la pauvreté, en cherchant à atteindre l’égalité, la dignité et la liberté pour tous, indépendamment de la foi ou de la nationalité. L’organisation fait partie d’un mouvement plus large qui milite pour la justice sociale, en fournissant une assistance urgente, pratique et efficace là où le besoin se fait sentir le plus, et en luttant contre les effets de la pauvreté ainsi que ses causes profondes.
En Haïti, CA appuie les partenaires locaux depuis 1980, en ouvrant un bureau à Port-au-Prince en 1997. Les objectifs principaux de la stratégie de CA en Haïti sont d’aider les communautés à être plus résilientes aux chocs (y compris les impacts environnementaux, économiques et sociaux) et d’assurer que les personnes jouent un rôle plus participatif dans l’amélioration de leurs propres moyens d’existence. CA Haïti a identifié l’importance de lier son travail de réponse humanitaire au développement à plus long terme afin de mieux lutter contre les crises constantes, auxquelles font face le peuple d’Haïti, et de continuer le travail de Christian Aid et de ses partenaires sur la résilience.
Fonctions
2. CONTEXTE
Pour une troisième année consécutive et en raison du phénomène El Niño en cours, Haïti a connu l'une des pires sécheresses au cours des dernières décennies, qui a affecté de manière significative la saison de récolte printanière 2015 et a continué en 2016. Vu que les saisons agricoles de printemps et d'hiver ont été marquées par la sécheresse, la vulnérabilité à l'insécurité alimentaire pour les agriculteurs de subsistance et les petits producteurs ont atteint de nouveaux sommets. Comme les ménages en situation d’insécurité alimentaire appliquent déjà des mécanismes d'adaptation négatifs et compte tenu du fait que la récolte de printemps de 2015 compte pour plus de 60% de la production annuelle nationale, les possibilités de récupération sont limitées même en cas d’une récolte d'hiver 2016 réussite. Dû au fait que les ménages ont connu plusieurs mauvaises récoltes l’une après l’autre pendant les trois dernières années, des situations d’urgence et de stress des mécanismes d'adaptation des moyens existants ont été adoptés. Souvent, ces mécanismes d'adaptation ont des effets négatifs et irréversibles au fil du temps, car ils impliquent l'épuisement de leurs actifs et compromettent leur capacité à faire face aux crises futures. Une évaluation de la sécurité alimentaire d'urgence menée par le Programme Alimentaire Mondiale (PAM) et la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA), estime que dans l'ensemble du pays, environ 3,6 millions de personnes (700.000 ménages) sont en insécurité alimentaire. Environ 1,5 million de personnes (300.000 ménages) se retrouvent dans une situation d’'insécurité alimentaire grave. (WFP / AEIC - Février 2016)
L'accès à l’alimentation s’est gravement détérioré en 2015 en raison d'une augmentation significative des prix, causée par des pertes de récoltes et la dépréciation de la gourde haïtienne par rapport au dollar américain. La tendance se poursuit au cours du premier trimestre de 2016, où l'impact des chocs de l'année dernière se fait encore sentir à la fois sur le secteur agricole et sur l'environnement macro-économique national. Sur les différents marchés, les prix des produits alimentaires importés et produits locaux continuent d'augmenter ou demeurent à un niveau élevé. Le coût moyen du panier alimentaire de base a augmenté d'environ 16% approximativement par rapport à 2015 et d’environ 9 points entre Janvier-Mars 2015 et Janvier-Mars 2016. L'accès aux produits alimentaires et autres services de base s’est considérablement détérioré pour la grande majorité. (OCHA Bulletin humanitaire - Mai 2016).
Depuis le début de l’année, plusieurs régions du pays ont connu de fortes inondations affectant des milliers de familles. Les pluies torrentielles ont représenté environ la moitié de la moyenne annuelle des précipitations en un peu plus de trois semaines, initiant des glissements de terrain, des inondations, et aggravant encore les dommages causés à la production agricole.
3. OBJET ET OBJECTIFS DE LA CONSULTATION
L’objet de la consultation est de fournir un appui technique et de renforcer les techniques d’analyse du personnel de DKH, de CA et des partenaires locaux en vue d’améliorer les connaissances et capacités d’intervention en sécurité alimentaire et la réponse à la sécheresse dans les zones suivantes :
• Bas Nord-ouest : communes de Môle St. Nicholas, Bombardopolis, Baie de Henne et Jean Rabel.
• Sud-est : communes de Belle Anse, Grand Gossier, Thiotte et Anse à Pitre.
Objectifs :
• Déterminer les meilleures pratiques et les leçons apprises des réponses passées et de compiler les informations collectées en vue de proposer par la suite différents livrables et différentes recommandations.
• Fournir aux partenaires une boite à outils et des lignes directrices claires pour faciliter les analyses de besoins, et la collecte des données pour les lignes de base et le suivi continu selon les standards internationaux.
• Analyser les besoins actuels en tenant compte des chocs récents d’ordre naturels et économiques vécus par la population cible afin d’être retenus dans la programmation et l’implémentation des projets de DKH et de CA.
• Contribuer au renforcement des mécanismes de coordination, des capacités locales et à l’augmentation de partage d’informations.
Qualifications Requises
QUALIFICATIONS ET EXPERIENCE DU CONSULTANT
- Diplôme pertinent en agronomie, en nutrition ou discipline connexe
- Avoir au moins dix ans d'expérience dans la pratique pertinente des interventions de sécurité alimentaire humanitaire
- Avoir une expérience éprouvée dans la conception et la conduite d'analyse, de gestion, de suivi et d'évaluation de programmes / projets de la sécurité alimentaire humanitaire
- Avoir une bonne connaissance des différentes zones agro-écologiques d'Haïti (en particulier le Nord-Ouest et du Sud-Est)
- Être familier avec les indicateurs d'ECHO et des outils pertinents
- Excellente capacité d'analyse, de synthèse et de rédaction
- Forte capacité à instruire et guider les autres dans l'application pratique de divers outils et de méthodologies
- Capacités de communication verbale et écrite en français essentielle, la connaissance du créole un avantage
- La connaissance du contexte haïtien un avantage
Conditions particulières
APPROCHE
Les différentes étapes de la démarche sont décrites dans les lignes ci-dessous. Une approche multisectorielle devrait être adoptée en tenant compte des thèmes dominants de la résilience et du lien entre le secours, la réhabilitation et le développement (LRRD, Linking relief, rehabilitation and developement). Le processus de consultation doit être implémenté conjointement avec les partenaires locaux de DKH/CA ainsi que les institutions locales telles que le CNSA, les observatoires départementaux, le Ministère de l’Agriculture, etc.
1. Etude documentaire
Description
La première étape étant une revue des données et informations existantes sous la forme d’une étude documentaire.
DKH/CA et leurs partenaires fourniront des informations pertinentes sur leurs propres interventions passées et présentes ; cependant, une grande partie de la documentation à examiner doit être sélectionnée à partir de documents fournis par un large éventail des parties prenantes. Les informations recueillies et systématisées à travers l’étude documentaire et de l’expertise du consultant, permettront à celui-ci de développer la boite à outils de la sécurité alimentaire (SA).
L'analyse doit être menée à travers le prisme des lignes directrices établies dans la SA humanitaires (manuel technique de l’IPC, manuel de FSL d’ACF, lignes directrices de SA en cas d'urgence du PAM, les lignes directrices de FSA de la Croix Rouge, etc.) et adaptée au contexte haïtien dans les zones d'opération.
.Activités indicatives
Collecter et analyser la documentation existante relative à la situation de SA en Haïti.
Rencontrer et consulter d’autres acteurs travaillant dans la SA dans les zones d’opération du Bas Nord-ouest et de la partie orientale du département du Sud-est d’Haïti
Décrire toutes les activités de SA humanitaire menées dans ces zones pendant les derniers 12 à 18 mois.
Elaborer les lignes directrices (leçons apprises/meilleures pratiques) et boite à outils sur l’analyse et l’étude de ligne de base de la SA.
.Extrants
Boite à outils de SA complétée et validée par DKH/CA.
2. Travail de terrain
.Description
Les organisations partenaires assisteront le/s consultant/s pendant la phase de travail de terrain qui est destiné à être un processus participatif.
Cette collaboration mutuellement bénéfique ne fournira pas seulement au consultant des informations contextuelles pertinentes, l'accès aux communautés et l'aide à la collecte de données, mais elle fournira également aux partenaires locaux une expérience pratique et l’apprentissage de la boîte à outils développée par le consultant au cours de l’analyse des besoins conjointement menée.
Le travail de terrain devrait être basé sur une approche différenciée de l’âge et du genre, et cette approche doit apparaitre dans les livrables.
.Activités indicatives
Effectuer des visites sur le terrain auprès des partenaires locaux pour recueillir des données en utilisant la boîte à outils.
Traiter et analyser les données recueillies pour les inclure dans le rapport final.
.Extrants
Liste des recommandations (y compris une justification claire pour chacune)qui indiquent les activités de SA qui devraient se poursuivre, celles qui devraient cesser et de nouvelles activités qui devraient être mis en place en 2017, y compris des suggestions pour combler les lacunes existantes.
Analyse détaillée des besoins pour le NO et SE en utilisant les outils de SA décrits dans les indicateurs d'ECHO.
Analyse de ces résultats pour permettre à DKH/CA et à leurs partenaires de considérer les options de réponses pour les propositions de financement
3. Présentation et revue
.Description
La boite d’outils, le rapport d’étude SA, et l’analyse des besoins/ligne de base SA détaillée doivent être soumis au département de programmes de DKH en Haiti selon le calendrier convenu entre le consultant et les équipes de programme de DKH et de CA en Haïti.
L'équipe conjointe DKH / CA examinera chaque livrable et partagera avec le consultant ses observations et commentaires. Sur la base des directives adressées par DKH, le consultant devra retravailler chaque extrant et le finaliser
.Extrants
Boite à outils SA et lignes directrices testées et validées par DKH/CA.
Rapport d’étude SA validé par DKH/CA.
Analyse détaillée des besoins/ligne de base SA validée par DKH/CA.
5. LIVRABLES DE LA CONSULTATION
1. Rapport d'étude des principales constatations, directives et recommandations : L’étude, ou l’élément d’inventaire, se focalise sur les leçons apprises et les meilleures pratiques dans le cadre de la sécurité alimentaire humanitaire, en prenant en compte les interventions passées et présentes, ainsi que les diverses méthodologies appliquées en Haïti par d’autres acteurs. Les recommandations doivent prendre en considération les stratégies et les lignes directrices du Ministère de l’Agriculture et d’autres organismes importants. L’étude devra se concentrer sur les lacunes en matière d’information en y répondant par une synthèse des données existantes.
La portée de l'étude comprendra les éléments suivants :
• La disponibilité alimentaire, l’accès, la consommation et l’utilisation :
Les changements dans le nombre de repas consommés, le nombre de groupes d'aliments consommés par un individu ou un ménage, la fréquence de la consommation sur une période de référence donnée, le statut socio-économique du ménage, et la qualité de l’alimentation.
• Contexte plus large :
Une étude des facteurs macro-économiques et socio-politiques plus larges, y compris les politiques, processus, et/ou institutions du pays, qui ont un impact sur l'accès de la population à des aliments nutritionnellement adéquats et sur la dégradation de l'environnement local.
• Analyse de risques et les stratégies d’adaptation :
Il faut une analyse des risques particuliers associés aux différents groupes vulnérables, différenciés par l’âge et le genre. L’étude doit ensuite considérer les différents types de stratégies d’adaptation utilisés par ces groupes vulnérables (qui les appliquent et quand, comment fonctionnent-ils ; l’impact est-il positif ou négatif et réversible ou non ?).
• Analyse du marché :
Une analyse des marchés devra comprendre l'évolution des prix, la disponibilité des biens et services de base et l'impact de la crise sur les structures du marché. En plus des produits de base, la disponibilité et les prix des articles productifs et des marchés de l’emploi seront essentiels pour informer les stratégies de recouvrement. Les programmes seront conçus pour soutenir l’achat local quand cela est possible, et ainsi l’information menant à la faisabilité des interventions en cash sera importante pour les deux organisations.
• Contexte agro-écologique :
Une comparaison des deux zones géographiques du projet (NO et SE) devrait être incluse dans l’étude, en mettant l'accent sur l'impact du contexte agro-écologique de chaque zone sur le succès et les limites des diverses méthodologies, pratiques et approches.
2. Une boîte à outils de SA (pertinentes au système national de suivi des indicateurs) pour l’utilisation des partenaires en vue d’évaluer et de surveiller la situation de sécurité alimentaire. La boîte à outils doit inclure les formats nécessaires, lignes directrices, etc. relatifs aux différents indicateurs et données de la ligne de base nécessaires à l'analyse des besoins et pour le suivi de projet SA. Etant donné que cette boîte à outils sera utilisée pour recueillir des données primaires afin de pallier les lacunes de l'information sur la sécurité alimentaire des ménages dans les rapports d'étude, des outils appropriés devront être inclus avec un accent particulier sur :
• la consommation alimentaire (fréquence et diversité alimentaire)
• les dépenses des ménages
• l’accès à la nourriture et aux services de santé, d’eau, d’éducation et d’hygiène
• l’exposition et la réponse des ménages au risque y compris les stratégies d’adaptation
• les biens et les moyens d’existence (par ex. sources de revenu / moyens d’existence, la propriété des actifs physiques, tels que la terre et le bétail)
• la saisonnalité de l’insécurité alimentaire
• l'emploi, y compris habitudes migratoires
3. Une analyse détaillée des besoins sur la sécurité alimentaire et les données de lignes de base pour les régions du Nord-ouest et du Sud-est : Avec le soutien des organisations partenaires locales, la consultation procédera à une analyse détaillée des besoins en SA, en utilisant la boîte d’outils de SA conçue et validée par DKH et CA avant l'analyse. Cela servira non seulement comme analyse conjointe, permettant aux organisations partenaires locales de participer au processus, mais servira également comme test initial de la boîte à outils ; ce qui permettra au consultant d'identifier les lacunes et de compléter la boîte à outils, au besoin sur la base de cette expérience.
Spécifique à l’analyse :
• Estimer la proportion de personnes en insécurité alimentaire dans les communes sélectionnées du NO et SE d'Haïti
• Décrire le profil des ménages et des personnes touchées par l'insécurité alimentaire
• Identifier les causes immédiates et sous-jacentes de l'insécurité alimentaire
• Prévoir l'évolution de la situation de la sécurité alimentaire au cours des 12 prochains mois et décrire les groupes les plus susceptibles de souffrir d'insécurité alimentaire
• Identifier les critères de ciblage des personnes en insécurité alimentaire en milieu rural
• Recommander la sélection des sites de surveillance (au niveau de la région) et les indicateurs qui devraient être suivis au niveau des communautés et des ménages pour assurer le suivi de l'évolution de la sécurité alimentaire et de la vulnérabilité des populations rurales pauvres
Conditions de travail
La consultation commencera au début du mois d’aout 2016. L’ensemble de la consultation et les divers livrables/extrants doivent être finalisés à la mi-octobre 2016 au plus tard
Un appui logistique pourrait être négocié entre le consultant et DKH/CA en cas de besoin ; si un tel appui est requis par le consultant, celui-ci devra le faire figurer dans sa proposition méthodologique et budgétaire, en précisant notamment la nature du support logistique attendu
Dossier de candidature doit avoir ...
MANIFESTATION D’INTERET
Les personnes intéressées par le poste de consultant doivent soumettre les documents suivants :
- CV accompagné de 3 références
- Une lettre de motivation
- Une proposition de méthodologie pour la réalisation de l’étude
- Un calendrier prévisionnel de la réalisation de l’étude
- Une proposition financière pour la réalisation de l’étude en USD *
Autres remarques
FSL : Food Security and Livelihoods, Sécurité Alimentaire et Moyens d’Existence d’Action Contre la Faim
FSA : Global Food Security Assessment Guidelines, de la Croix Rouge