Fermeture de Fetpaw, la mauvaise réponse à deux questions de basede Ronald Estrade| JobPaw.com

Fermeture de Fetpaw, la mauvaise réponse à deux questions de base


Pour évoluer et grandir pleinement dans sa sphère d’influence, une micro-entreprise doit répondre à deux questions fondamentales. Quel est le client principal? Et Quel est l’objectif à atteindre à court et moyen terme?
En ce jour du 3 août 2017, vers 9hAM, en tant que personne physique exploitant l’entreprise, je me suis présenté au Registraire des entreprises du Québec pour une déclaration de radiation. À partir de cette date, le NEQ 2247469242 n’existe plus et n’a plus l’obligation d’être immatriculé au registre des entreprises. Par la suite, je suis passé à mon institution financière pour fermer le compte et annuler la carte de crédit assujetti à la petite entreprise. Tout a été fait selon les règles de l’art. Comme tous les employés de Fetpaw travaillaient à temps partiel, il n’a pas été nécessaire de les relocaliser ou d’offrir des primes de séparation.

Selon l’édition 2008 de Développement économique, innovation/exportation du Québec, le taux de survie global de l’ensemble des entreprises diminue au cours des trois premières années d’existence [1]. Donc rester en affaire de 2010 à 2017 avec de maigres moyens financiers est un exploit en soi. En effet, Fetpaw offre depuis 2010 de l’encadrement et de la formation technique à travers la coopération internationale. Mais dès le début de la création de la micro-entreprise, deux questions cruciales n’ont pas eu une réponse valable : Quel est le client principal? Et Quel est l’objectif à atteindre à court et moyen terme? À ce moment, le pays était envahi d’ONG et comme compatriote, face à la situation ambiante [2] [3], je voulais l’imaginer comme n’importe quel autre pays et établir ma base d’affaire simplement.

Jusqu’à présent, au niveau de la formation professionnelle et technique haïtienne, les besoins de formation et d’encadrement sont immenses. Avec la concurrence internationale qui est devenue féroce, on s’attendrait à ce que la majorité des acteurs haïtien de l’éducation soit prête à faire le nécessaire pour favoriser le plein de rendement professionnel de leurs employés et favoriser leur développement individuel.

Mais une question s’impose dans l’analyse de ce dossier particulier. Les bénéficiaires des sources de financement multilatérales en éducation sont-ils prêts à payer de leur budget pour un service de qualité dans ce domaine? Jusqu’à la fermeture de Fetpaw, ce matin, la réponse n’a pas été concluante. Au niveau local, avec la micro-entreprise, divers types de prestations de services ont été donnés mais quand vient le moment de passer à la caisse, tous les moyens sont bons pour ne pas respecter les engagements pris. Au fait, s’il n’y avait pas de bailleurs de fond internationaux et quelques entreprises québécoises, Fetpaw ferait faillite bien longtemps. Donc, le client à plaire dans le secteur de l’encadrement et de la formation professionnelle et technique ne réside pas en Haïti. Comme j’ai eu à le dire dans un cours de planification stratégique à des étudiants de deuxième cycle de la formation professionnelle et technique, le client est celui qui a un besoin et qui est prêt à payer pour satisfaire ce besoin.

Malgré tout, le bilan opérationnel est positif. En sept ans d’existence, Fetpaw a encouragé bénévolement et a financé diverses initiatives du domaine de l’éducation. L’entreprise a collaboré pour la confection de guides d’apprentissage, a participé à l’encadrement de cadres en éducation et d’enseignants, a participé à la confection de programmes d’études, de guides d’organisation pédagogique et matérielle, de guide pédagogique, de guide d’évaluation. Et pour favoriser l’implantation des programmes, la compagnie a participé à la révision de listes de matières premières, de matières d’œuvres et de listes d’outillage. C’est dommage que cette fermeture ait lieu avant l’arrivée officielle de la nouvelle loi sur la formation professionnelle [4]. Le fondateur travaillera désormais comme enseignant et consultant pédagogique indépendant.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

[1] Québec, Développement économique Innovation / Exportation. Taux de survie des nouvelles entreprises au Québec, 2008, p. 38 : https://www.economie.gouv.qc.ca/fileadmin/contenu/publications/etudes_statistiques/entrepreneuriat_pme/nouvelle_entreprise_taux_survie_2008.pdf
[2] Robert, A. / Haïti est la preuve de l’échec de l’aide internationale. http://lesmorenantis.org/files/On_Wed_STEINFUUS_FROM_OAS_extra.pdf
[3] Libération / Haïti: la communauté internationale et les ONG se mobilisent.
http://www.liberation.fr/planete/2010/01/13/haiti-la-communaute-internationale-et-les-ong-se-mobilisent_604171
[4] Jeune, J. R. / Un pas dans la bonne direction…! http://www.lenational.org/un-pas-dans-la-bonne-direction/

Rubrique: Education
Auteur: Ronald Estrade | restrade@hotmail.com
Date: 3 Aout 2017
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