SAUVER HAITI DE LA DEFORESTATION EN SUIVANT L'EXEMPLE DU CHILI.de Rosny Saint-Louis| JobPaw.com

SAUVER HAITI DE LA DEFORESTATION EN SUIVANT L'EXEMPLE DU CHILI.


Sauver Haiti de la déforestation en suivant l’exemple du Chili

Rosny A. Saint-Louis*

Le Chili, pays de l’Amérique du Sud, qui partage ses frontières avec le Pérou, la Bolivie et l’Argentine, semble être sauvé du fléau de la déforestation grâce au programme “Fours Solaires”mis en place par le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), le FEM (Fonds pour l’Environnement Mondial) et l’UE (L’Union Européenne.

C’est à Coquimbo, cette région rurale montagneuse, semi-désertique, située tout près de la Vallé del Elqui où naquit la célèbre poétesse Gabriela Mistral, prix Nobel de Littérature en 1945, que les habitants ont appris, pour la première fois à construire et à utiliser des fours solaires dans le cadre d’un “plan de sauvetage des arbres et de préservation de la végétation” élaboré par le PNUD, le FEM, l’UE en partenariat avec le gouvernement chilien.

Ce projet élaboré de façon lucide au Chili par les parties sus-citées a donné les résultats escomptés. Les habitants désormais ont changé leur manière de vivre. Leur mentalité a aussi évolué. Ils n’utilisent plus le charbon de bois pour l’éclairage, le chauffage et la cuisson. Par l’éducation acquise, ils fabriquent des fours solaires, enseignent les méthodes de fabrication à d’autres communautés et finalement ouvrent leur négoce. Aussi, à travers un élan de solidarité commune, ils apprennent à aimer et à protéger leur environnement par le reboisement de plusieurs hectares de forêt en vue de participer à la “restauration d’une partie de leur végétation native détruite” par la coupe à outrance de bois qui a occasionné la déforestation.

De nos jours, les habitants de cette région du Chili vivent mieux, sans crainte d’un lendemain sans pain, grâce à ce projet qui a stimulé chez eux un véritable esprit d’entreprenariat, de solidarité sociale et aussi de bons réflexes en vue de la protection de l’environnement.

Considérant l’état lamentable de l’environnement en Haïti où la coupe de bois demeure l’une des principales activités économiques du paysan, où il n’y a aucune mesure étatique coercitive qui vise la protection de l’environnement dans son ensemble; il conviendrait alors de se demander si un tel projet, (Programme Fours Solaires) mesurable dans le temps, ne serait-il pas profitable à l’environnement haïtien?

En Haïti, nous sommes avant tout sous les tropiques. L’exploitation de l’énergie solaire pourrait facilement répondre aux nécessités de revaloriser, d’une part, notre environnement, et d’autre part, d’introduire des combustibles alternatifs pour la cuisine et l’éclairage. Fort heureusement en Haïti, nous n’avons pas besoin de système de chauffage.

Les mêmes acteurs internationaux (PNUD, FEM, UE) qui ont œuvré et contribué à la réussite de ce programme au Chili, pourraient former un vrai partenariat avec l’Etat Haïtien à travers la Faculté des Sciences, la Faculté d’Agronomie, les Ecoles techniques, les Organisations de la Société Civile, sous les conseils et la supervision des experts internationaux, voire chiliens, des ingénieurs et techniciens haïtiens.

Les retombées économiques, sociales et sanitaires d’un tel projet seraient sans précédent dans l’histoire d’Haïti. Les étudiants, les élèves et les membres de la société civile apprendraient les techniques de construction de ces fours solaires et iraient partout à travers la République enseigner les mêmes techniques de construction aux autres communautés des villes de province. Une telle initiative stimulerait chez eux un réel esprit d’entreprise, le sens du commerce et surtout une véritable ferveur patriotique qui les obligerait à protéger l’environnement pour sauver Haïti de la déforestation et donc d’une catastrophe écologique imminente.

Autres avantages encore à tirer de ce projet, c’est que les familles haïtiennes n’auraient plus besoin d’acheter du charbon de bois qui, quand il brule dans un endroit restreint et fermé, pourrait causer des intoxications chroniques et occasionner des maladies pulmonaires graves.

Ces fours solaires, comme ce fut le cas au Chili, pourraient avoir l’apparence, la forme et le style d’antennes paraboliques réfléchissantes placées sur le toit des maisons en direction du soleil levant.

En Haiti, aujourd’hui, nous sommes à la croisée des chemins. Et mener une initiative isolée ne serait en aucun cas bénéfique dans la lutte pour la protection de notre environnement. Nous devons centrer nos actions sur la création d’un collectif citoyen solidaire et patriotique désireux de participer et de s’engager fiévreusement dans ce combat. A ce niveau là, la marche en faveur de la protection de l’environnement, organisée à Port-au-Prince le 17 juillet passé sous la houlette d’Arnold Antonin, est une initiative louable et méritoire. C’est un bon début qui exige à l’avenir des actions plus concrètes et directes sur l’environnement.

Au niveau international, de nombreuses mesures ont été déjà élaborées pour protéger l’environnement mondial contre les effets pervers de la pollution transfrontière et du réchauffement climatique. Mais fort malheureusement, les résultats espérés se font de plus en plus attendre puisque :

•ni la Déclaration de Rio sur l’Environnement et le Développement née du Sommet de la Terre en 1992 avec ses principes de précaution et de prévention,

•ni l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique) avec son principe pollueur-payeur adopté en 1972,

•ni l’Agenda 21 (ou Action 21), un vaste “fourre-tout” de 40 chapitres qui affichent un programme d’action pour le 21e siècle orienté vers le “Développement Durable” dans le cadre des collectivités territoriales,

•ni les Conventions Internationales sur la biodiversité ou les changements climatiques,

•ni le Protocole de Kyoto qui vise à lutter contre le changement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre,
n’ont débouché sur des solutions radicales nécessaires pour une protection globale et totale de l’environnement.

En fait, tous ces instruments internationaux, quoique non contraignants, représentent une avancée spectaculaire dans la prise de conscience des données de la crise écologique et environnementale. Dans le cas d’Haïti, une approche pratique des problèmes de l’environnement doit être ipso facto adoptée. A court terme, faire du programme “Fours Solaires” une réalité. A court et moyen terme, pressurer le Parlement haïtien à voter toutes les conventions internationales relatives à la protection de l’environnement. Ce sera le travail d’un Collectif Citoyen pour la protection de l’environnement. A moyen et long terme, officialiser et intégrer au programme de l’Education Nationale un cours sur l’environnement qui sera dispensé à tous les niveaux de l’Ecole préscolaire, primaire, fondamentale, secondaire et universitaire. En 2009, il est inconcevable que l’Environnement ne soit pas une priorité accordée à l’enseignement national. Il n’est pas trop tard. On peut toujours inventer le futur. Il faut que le peuple haïtien, ce peuple naïf et bon enfant, “cesse de barboter dans les décharges publiques de l’histoire” dira René Depestre.


Rosny A. Saint-Louis
Ma. DIDH, Av.
Jérémie- Grand’Anse
Email: stlouisrosny@yahoo.com

juillet 2009


Source: www.undp.org.






Rubrique: Education
Auteur: Rosny Saint-Louis | stlouisrosny@yahoo.com
Date: 29 Juil 2009
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