Quatre des obstacles pour une politique agricole réelle en Haïtide Lopkendy Jacob | JobPaw.com

Quatre des obstacles pour une politique agricole réelle en Haïti


Publier sur mon blog : https://lopkendy-jacob.blogspot.com/2021/09/quatre-des-obstacles-pour-une-politique.html?m=1 De manière théorique, Pierre Muller, conçoit une politique publique comme « le mode de gouvernement des sociétés complexes ». En effet, une politique publique est un outil né d'abord des complexes de sociétés. Cet outil est l'implémentation d'un programme politique. Cependant, pour que la politique publique soit efficace, des stratégies d'actions doivent être définies à travers un programme de gouvernance. Ainsi, peut-on concevoir une politique publique comme la planification d'un ensemble de stratégies d'actions concrètes mise en œuvre en vue d'exprimer une volonté politique par un pouvoir public. Ces stratégies d'actions sont généralement tournées autour d'un mode opératoire. Et donc, un ensemble de projets naît. Toutes ces procédés, elles sont des conduites en vue d’aboutir à des objectifs espérés sur une période déterminée, soit pour résoudre ou prévenir un problème. Dans le cas d'une politique agricole publique, c'est donc donné une orientation aux activités agricoles en fonction des objectifs poursuivis.

En Haïti, une analyse indiciaire des faits peut montrer l'inexistence d'une politique publique agricole réelle. La cherté des produits alimentaires, la faim au sein de la population sont des indices clés. Car, elles sont considérées comme des choses étranges dans les communautés. La cherté des produits alimentaires est généralement la conséquence d'un déficit de production. Puisque la rareté des biens sur le marché provoque l'augmentation des prix des biens, elle est une théorie générale sur l'offre et la demande. L'augmentation des prix des produits agricoles rend pertinemment inaccessibles ces biens à la population. Donc, n'est-il pas inconcevable d'avoir la prétention de combattre la faim sans avoir une politique agricole adaptée à la situation imposée ?


En réalité, qu'élaborer une politique agricole publique qui tient compte dans l'ensemble de la réalité du pays ne peut traiter à la situation. Car, des facteurs primaires constituant des obstacles à toute bonne politique agricole. Ces obstacles, ils sont donc au nombre de quatre et ils sont qualifiés de primaires, par-ce-qu'ils sont fondamentaux de la problématique.


Les obstacles


Les quatre obstacles sont : d'abord, le déficit de souveraineté de l'État est un obstacle majeur pour avoir une bonne politique agricole ; ensuite l'État est uniquement au service des bourgeois, l'État est partisan ; suivi d'un déficit de crédit de l'Etat, il n'est pas crédible ; enfin le dénie de la science dans les gouvernances de l'État haïtien. Franchir ces obstacles est la règle d'or pour avoir une bonne politique publique en matière d'agriculture dans le pays. Et, c'est essentiellement pour combattre la faim dans la population et améliorer les conditions de vie de plus de 50 % de la population qui vit en milieu rural.


Problématique de la souveraineté nationale [1]


« L'agriculture et la géopolitique sont deux maîtres mots que l'histoire combinées ensemble ». L'agriculture est une activité qui est réalisée sur des territoires, elle est vitale pour l'alimentation de l'homme. Ainsi, l'agriculture se trouve au centre des stratégies des puissances de pouvoirs politiques. En ce sens, l'agriculture est l'un des éléments qui configurent les relations internationales, même si elle n'est guère perçue pour telle.


Selon la géographie agricole du monde, les zones d'agricultures intensives se situent dans les pays du Nord et disposent des grandes technologies. En conséquence, ils sont donc des géants agroalimentaires. Par leur puissance, ils créent et perpétuent leurs marchés, mais surtout par des moyens déloyales.


Haïti comme pays du sud, il n'est pas à la dimension de sa responsabilité dans les relations internationales. Les décisions de l'État haïtien dépendant en partie des autres États. Dans les relations internationales, Haïti a subi des dominations par rapport à ces pays. L'État est soumis. Contraint de signer le programme d'ajustement structurel des marchés, au vingtième siècle, malgré les conséquences prévisibles, en est un exemple.


L'autodétermination qui, selon la conception de Bodin, relève de la souveraineté de l'État, elle n'existe pas chez l'État haïtien. L'État ne peut pas garantir un ensemble de droit, ceux-là même les plus préliminaires envers ses citoyens. Tel que le droit à la santé, le droit à l'éducation, le droit à l'alimentation, le droit à la sécurité ou autres. Les domaines d'intervention de l'État sont assurés par quelqu'un d'autre qui est extérieur à l'État. Une substitution de rôle est fait entre l'État et l'internationale. Ici, l'internationale est symbolisé, surtout les ambassades, les consulats et les ONGs qui sont sur le territoire. Ainsi, les ONG qui sont formées dans l'agriculture, dans la santé, dans l'éducation, ce sont elles qui déterminent leur champ d' application à traverser leur projet. Souvent, ces projets n'ont rien à voir avec le plan de gouvernance des gouvernements. Couramment on dit que tel ministère supervise les travaux de tel ONG, dans le cadre de tel projet. En général, les résultats de ces projets sont toujours inaperçus. Par exemple, le cas du protocole paraphé à la fin de juillet 2020, entre le ministre de l'agriculture et le chargé d'affaire ai de la confédération Suisse en Haïti. Un protocole agriculture et le chargé d'affaire ai de la confédération Suisse en Haïti. Un protocole agriculture et le chargé d'affaire ai de la confédération Suisse en Haïti. Un protocole sur la gouvernance territoriale des Filières Agroforesteries, Cacao et Igname dans le Grand Sud d'Haïti (PROFISUD) et le Programme d' Appui à une Gouvernance agricole inclusive en Haïti (PAGAI) . Dans le cadre de ce protocole, la confédération exécute et le MARNDR supervise les projets. Alors quelle surveillance ? L'État devient subalterne des ONGs sous prétexte de coopération.


Dans le cadre de cette coopération, il faut se demander est-ce-que les filières du cacao et de l'igname tirer parti de la priorité de l'État en matière de production agricole, voire s'inscrire dans la politique agricole du gouvernement ? Espérez-vous de bons résultats ? À entendre parler le ministre concerné de l'époque dans la presse, en disant « Je sais que la suisse est un pays où l'on consomme beaucoup de chocolat, espérant qu'il va ouvrir le marché pour nous ». Je ne suis pas sûr que ces projets étaient inscrits dans le plan du gouvernement. Le discours laisse croire que c'est un projet improvisé, de bons résultats dans l'avenir sont douteux. En plus, en quoi ces projets vont résoudre un problème au sein de la population locale. Ce que désire la population, est la satisfaction de leur faim et améliorer leur condition de vie. Est-ce-que ce projet, la production du cacao et l'igname sont capables d'apporter ces satisfactions ? Probablement non. Ils ne peuvent pas répondre au désidérata de la population, ces projets. D'abord ils sont ceux décidés par les ambassades et les ONG, ils ne tiennent pas compte du besoin de la population locale.


Les projets portés et exécutés par les organismes internationaux n'apportent pas de valeur ajoutée dans l'économie locale et nationale. Puisque dans la chaîne de valeur agricole, la main d'œuvre locale n'a pas participé à d'autres processus que la production des aliments. Dans le projet mentionné ci-dessus, les paysans ont produits le cacao et le café en Haïti, pour exportateur. La transformation de ces aliments est faite à l'extérieur et revient sous d'autres formes de produits dans le pays. Faute de développement, le pays n'est pas industrialisé, les opérations de transformations n'ont pas évolué dans le pays, peu de richesse est crée dans le processus de production au sein de la population locale.


Généralement, ces formes d'accord tournent le peu de la production agricole locale vers le marché mondial, il est presque un retour à la plantation, selon les réflexions de Georges Eddy Lucien. Il est une obligation pour Haïti. Car, si l'Etat n'a pas satisfait les caprices de l'internationale, vous allez voir, il n'y aura pas d'appui budgétaire dans le budget à venir.


Ces projets ne sont pas réellement des projets nationaux, ils sont ceux de l'exploitation.


L'État sous l'emprise des bourgeois [2]


La faiblesse de l'État n'est pas seulement retrouvée dans les rapports internationaux avec d'autres pays. Mais, elle l'est aussi par rapport à un ensemble de forces internes, en particulier, l'hégémonie de la bourgeoisie locale. Cette classe influence très sévèrement les décisions de l'État. Des décisions à leurs sens et dans leurs intérêts sont toujours prises, au détriment des classes populaires, c'est un État en mission. L'État n'exprime que la volonté des bourgeois dans le pays. C'est ainsi que pour Max, « l'État est un organisme d'oppression d'une classe par une autre ». Dès sa création, l'État est une structure qui est toujours du côté des dominantes. Dans cette optique, Lénine a utilisé ce terme « L'État bourgeois ». Ou lui, il revendique un État prolétarien. L'État est dans l' incapacité de définir et offrir ce qui est de bon pour la population et il ne peut pas opposer à ceux qu'il estime contre l'intérêt du peuple. C'est-à-dire l'État n'est ni libre ni populaire, d'après les analyses de Lénine, donc l'État est totalement dépendant.


Voyons, une bourgeoisie haïtienne qui pratique une économie de rente et elle est sous-traitante. A l'opposé d'une économie de production, au détriment des classes populaires, on assiste à une économie marchande. L'État aurait dû intervenir, s'il reflétait vraiment l'intérêt de tous. Ou toutes justes interventions de l'Etat dérangeraient la classe dominante pour qui il travaille. Comment l'État haïtien pourrait-il oser stimuler la production agricole alors que la classe possédante n'a pas son intérêt. Investir dans l'agriculture, c'est produire entre autres le riz, le pois, le maïs, le petit-mil, la banane dans la mesure du possible. Que va-t-on faire aux maîtres de l'économie ? Que Vont-ils acheter du dehors pour revendre dans le pays et générer des profits exorbitants et très rapide ? L'État n' n'aura jamais pensé à réduire le marché de son propre maître au profit d'une majorité. Au contraire, il le pérennise à tort ou à raison. L'État haïtien est au service des bourgeois. Car elle est l'approche structurelle de presque tous les gouvernements haïtiens à travers l'histoire. Vous voyez ou vous vous apercevez que c'est l'État qui dirige ce sont des groupes économiques qui le fassent à sa place. Ce sont eux qui décident sur l'économie, sur la politique, sur le social… ou d'autres choses dans le pays. L'Etat est seulement un rideau.


Notons que les bourgeois haïtiens sont des agents de vente de l'international. Car ils ne sont pas détenteurs des exploitations agricoles à l'étranger. Ils font l'affaire de l'international. Donc, les bourgeois et l'international font un. Lorsque l'État plie sous les caprices de la bourgeoisie, il en est aussi automatiquement pour l'international. Toutes les tentatives de l'État de se diriger vers la masse, il soumet à des enjeux géopolitiques.


Un État décrédibilisé [3]


Les deux situations exposées dans les paragraphes plus haut, caractérisent la vulnérabilité de l'État. Elles exposent la faiblesse de l'État par rapport aux forces internes et externes. Partant du postulat que l'État ne travaille pas pour le peuple, la population est méfiante de la structure étatique. Le non crédit devient le symbole de l'État dans l'imaginaire du peuple. Ce déficit est construit, car il est situé au centre des modes de fonctionnement des gouvernements. Les paroles ne peuvent pas s'ensuivre les actes. Alors que, Wittgenstein disait, ce que nous disons reçoit son sens du reste de nos actions. Admettons que, dans le contexte où l'auteur a fait cet énoncé, n'est pas celui dont il est question de débattre. Cependant, dans une traduction d'un contexte à un autre, où l' L' état ne respecte pas ses engagements toujours en vers son peuple, l'énoncé est valable. Les mots de l'État sont ignorés de sens pour le peuple, les actes manquent les mots.


L'Etat est rusé et il est propagandiste. Les discours des dirigeants sont sans contenu. Les rares décisions de l'État n'ont pas toujours été favorables à la masse populaire. La population se méfie de l'État et elle défie de très souvent les décisions des gouvernements. L'État n'a pas d'autorité effective sur la population et sur le territoire qu'il dirige. Prenons l'exemple du projet de destination touristique de l'île à vache en 2014. Ce serait peut-être un bon projet. Cependant bon ou pas, initialement des oppositions se campent par la population locale face au projet. Elle prête l'intention à l'État d'avoir la velléité de vendre l'île aux étrangers après leurs avoir fait déguerpi sur l'île. Il est le résultat d'un déficit de confiance de la part de l'État. Ou, toute politique agricole a suscité des décisions permettant d'entrer dans de nouvelles dynamiques de faire. Tenter d'appliquer des décisions dans le cadre d'une politique agricole, en plus que la population, n'aura pas pris l'État au sérieux dans ses décisions, mais ce serait aussi de nouvelles sources de confits entre l'État et la population. Car certaines de ces décisions seront prises à impacter dans la routine (gestion de propriété, mode d'occupation des terres, pratiques culturales, etc.) de la population.


L'État est antiscience [4]


Les conséquences des modes de gouvernance des différents gouvernements prouvent que la science est bannie dans le mode opératoire de l'État. Il ne fait pas appel à cet outil dans la gouvernance, donc elle ne dicte pas les actes des dirigeants. L'État n'a pas évacué la problématique de l'agriculture de manière scientifique. C'est en ce sens que l'État est contre la science. Mais, ce n'est pas dans le sens vrai du terme développé par Alexandre Maoti, c'est-à-dire qui a un discours critique sur la science. Du fait de cette caractéristique de l'État, les solutions proposées sont toujours des faux remèdes utilisés contre les plaies ou pour prévenir les maux. Généralement, la situation est aggravée ou l'inefficacité des remèdes se fait très vite remarquer. Ils utilisent le tâtonnement comme mode de faire au lieu des démarches scientifiques réelles. Pour dire vrai, ce n'est pas par ce que les dirigeants ne connaissent pas les valeurs de la science, mais ils sont plutôt dans l'incapacité de l'utiliser. Car la science est un instrument objectif, elle offre des résultats idéaux. Toute application crue de la science donne des meilleurs résultats au profit de tous. Tandis que, la structure établie n'a pas pour objectif de travailler au bien-être de tous, cela est exclu de leur agenda.


Conclusion


Les obstacles indiqués ne concernent pas uniquement l'agriculture mais d'autres domaines de la vie nationale. À remarquer que, des quatre obstacles répertoriés, les deux deuxième se ressourcent dans les deux premiers, donc les premiers nourrissent les derniers. Eliminer les deux premiers, les deux autres disparaissent automatiquement. Pourtant, impossible d'éliminer les deux derniers sans éliminer les deux premiers, malgré qu'ils font un dans l'ensemble, c'est-à-dire l'un ne se détache pas de l'autre. C'est un système. En effet, pour résoudre le problème, un État rébellion est nécessaire, mais non un État obéissant et soumis. La rébellion prônée est face à ceux qui pressent la structure étatique à leur profit et au détriment de la masse. Toutefois, l'État continue à obéir à la volonté de la minorité, c'est détruire l'État idéal.



Lopkendy JACOB, libre penseur

Lopkendyjacobrne@gmail.com



Rubrique: Divers
Auteur: Lopkendy Jacob | lopkendyjacobrne@gmail.com
Date: 18 Sept 2021
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