Coopération Internationale, Séjour Isaac en Picardie (France) en Octobre 2018de Isaac Louis Beaujour| JobPaw.com

Coopération Internationale, Séjour Isaac en Picardie (France) en Octobre 2018


La coopération internationale peut oser dépasser les types de relations Nord-Sud, ou plus péjorativement riche-pauvre entre les pays. Cet article est d'abord le compte rendu d'un séjour. Séjour d'un représentant d'un partenaire haitien, chez un autre partenaire français. Mais il s'agit, comme exprimé dans la conclusion du document, d'une visite dans les deux sens. D'autres visites du partenaires français ont précédé cette visite de Isaac en France, dans la région de Picardie.
Un exemple de premiers pas dans l'établissement d'un partenariat relationnel, entre France et Haiti, plus particulièrement entre la Fondation Haitienne pour le Relèvement et le Développement (FHRD) et les bénévoles du Secours Catholique Caritas de France (SCCF).
Introduction
L’invitation de Isaac Louis Beaujour, permanent de la Fondation Haïtienne pour le Relèvement et le Développement (FHRD), en France par le Secours Catholique-Caritas de France se cadre dans une relation solide de partenariat que le Secours Catholique entretient depuis plus de 5 ans avec la Fondation.
Ce partenariat depuis 2013 était de nature financière et économique et a permis à la Fondation de construire 20 logements dans le village Scalabrini, permettant ainsi à 20 familles victimes directement ou indirectement du séisme dévastateur de 2010, d’être relogées sous la bannière de la Fondation. Ce partenariat s’est développé par la suite dans le financement d’autres activités pour la Fondation, comme, par exemple, la réalisation d’une étude dans les 4 villages construits par la Fondation permettant d’avoir une idée des données statistiques sur les habitants et un feed-back sur les besoins que ces derniers se sentaient d’avoir pour la bonne marche de leur vie sociale et communautaire. En plus, depuis plus de 3 ans, à une époque où la Fondation connaissait des périodes très difficiles du point de vue de sa finance et donc de sa pérennisation dans le temps, cette relation FHRD-SCCF a donné naissance à un programme d’appui institutionnel pour la Fondation sur 3 années consécutives (2015-2016, 2016-2017, 2017-2018).
Parallèlement, depuis 2013 se dessinaient les rouages d’un autre type de partenariat qu’on pourrait baptiser de relationnel. Dépassant le rapport type Nord-Sud, donateur-receveur, ou mieux ne se limitant pas à un partenariat financier, le partenariat relationnel vise à favoriser des échanges culturels, des échanges de pratiques et de savoir-faire ici et là-bas ; à nouer des relations durables et solidaires et réelles entre amis haïtiens et français.
Voilà pourquoi, après que Monseigneur Dumas, en 2012, a été accueilli par le Secours Catholique-Caritas de France, Mérès TAILOR l’a été en mai 2013 pour participer dans la Campagne d’Action Internationale (CAI) de SCCF ; Marie-Solange Placius, une bénéficiaire de logement habitant le 2ème village de la Fondation, village Montebelluna Bassano, l’a été en mai 2014 et Roseguerline DUCOSTE a été sélectionnée pour participer à la CAI de SCCF en mai 2015. Mais la relation se joue dans les deux sens : Haïti-France mais aussi France-Haïti. En septembre 2015, le Commission Régionale d’Animation de la Solidarité Internationale (CRASI) a rencontré Jacques RAYMOND (vice-président du CA de la Fondation) et Paul-Marie THIEBOT, alors nouveau directeur de la FHRD, qui ont émis le souhait d’accueillir à la FHRD un groupe picard. A partir de janvier 2016, les membres du CRASI se sont attelés à matérialiser le projet, après plusieurs séances de travail. Ainsi, nous a déjà rendu visite ici à la Fondation un groupe de 13 jeunes d’étudiants finissants à l’Ecole Technique Polyvalente LaSalle en juillet 2016. Et tout récemment en janvier 2017, c’était le tour d’un groupe de 8 visiteurs (dont 7 femmes et 1 homme) d’être reçus et logés par la Fondation, avec Isaac Louis BEAUJOUR comme meneur et guide du groupe. Nous voulons parler en l’occurrence de Valérie KOWALCZYK, de Jean-Philippe BONNEL, Françoise SMESSAERT, Nadine BOBE, Nathalie CROUTELLE, de Michèle BRIET et de Nicole DHUEZ.
Venus des trois départements de la région de la Picardie, nos visiteurs bénévoles du Secours se sont dits à l’unanimité satisfaits de leur séjour ici et qu’ils souhaitent à leur tour recevoir Isaac L. Beaujour chez eux en région picarde, plus une autre personne que la Fondation aurait à choisir. Marie-Solange Placius a été choisie mais elle n’a malheureusement pas eu son visa. Voilà ce qui explique que Isaac L. Beaujour a été rendre visite à nos chers amis partenaires en France, pour un séjour de 14 jours, allant du 7 au 21 octobre 2018.
7 octobre 2018 : DEPART
C’était le départ vers 14h avec un vol de Air Caraïbes en destination de Paris-Orly. Un bon vol si ce n’est le fait que l’appareil devait se poser en République Dominicaine (Las Americas) qui était la destination finale de certains passagers qui étaient à bord. Pour moi et d’autres passagers qui allions en France, c’était une pause, tandis que pour ceux qui venaient de la France, c’était le terminus. Ce qui embêtait un peu, c’est que tout le monde était obligé de descendre et repasser les stands de sécurité (qui a été déjà fait depuis Port-au-Prince), le temps pour le transporteur de mettre un nouvel équipage à bord, pour voler en direction de la France. Cette escale a duré environ deux heures de temps. Ce qui n’est pas peu, quand même.

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8 octobre 2018 : Arrivée + Accueil (Beauvais)
Jean-Phillipe et Françoise sont venus me chercher à l’aéroport avec une voiture du Secours Catholique Caritas de France. Direction Beauvais, dans le département de l’Oise un accueil des plus chaleureux m’attendait. Pour rappel, Jean-Philippe et Françoise sont deux des 9 bénévoles de la délégation du Secours Catholique qui était venue rendre visite à la Fondation Haïtienne pour le Relèvement et le Développement en Janvier 2017.
A Beauvais, presque toute la délégation qui était venu en Haïti (Nadine, Nicole, Nathalie, Michèle, Jean-Philippe et Françoise) était au rendez-vous à la maison diocésaine de la Rue de la Madeleine où je devais être accueilli ce jour-là. A cela s’ajoutent la présence de 2 bénévoles référents, Marie-France Dartey (qui était déjà venue en Haïti et avait visité la FHRD en 2013) et Michel Tanguy, plus une trentaine d’autres bénévoles provenant de diverses équipes dans le département de l’Oise.
Autour d’un déjeuner copieux, les relations et échanges n’ont pas tardé à se développer. La chaleur de l’accueil a mitigé la fatigue du voyage. Je pouvais même, après une présentation personnelle au groupe des accueillants et sur demande de MFD, de présenter, pendant 45 bonnes minutes, la FHRD et la fonction que j’occupe dans la Fondation. Entre autres, des sujets comme la vie communautaire, le relogement des personnes, la formation des bénéficiaires, le vivre ensemble et la gestion des conflits, ont été hautement appréciés par l’auditoire qui n’arrêtait d’ailleurs pas de poser des questions, après la présentation de mon PowerPoint.
Après un bel après-midi ensemble plein de surprises et de chaleur humaine , en plein froid de France, la rencontre a pris fin et tout le monde est rentré chez soi. Je suis parti avec Jean-Phillipe en direction de chez ce dernier qui devait m’accueillir pour 3 nuits. Mais pas avant de faire d’entrée de jeu, un petit stop touristique, devant un bâtiment de la ville qu’on ne peut pas se permettre d’oublier : La Cathédrale de Beauvais.


9 octobre 2018 : Boutique Solidaire et Centre d’Accueil

? J’ai visité, à Creil, une boutique solidaire de vêtements de SCCF. Gérée par des bénévoles, cette boutique recueille des vêtements usagés (chemise, pantalon, robe, vêtement d’hiver, etc.) en bon état, pour ensuite les revendre à un prix très dérisoire aux intéressés ayant besoin. L’itinéraire des vêtements reçus part de la réception, passe par le tri, le traitement et l’exposition pour vente. J’ai pu avoir en cadeau un bonnet pour le froid. Il est intéressant de noter qu’on pourrait reproduire chez nous, en Haïti, un exemple du genre, dans le local de la coop-market.

? Toujours à Creil, nous avons eu la chance de visiter Les compagnons du marais, un centre d’accueil pour hommes et nous avons pu diner avec le directeur. Le centre dispose d’une boutique alimentaire qui fournit près de 60 000 repas par année aux SDF, les sans domiciles fixes, aux personnes démunies et sans papiers et accompagne aussi ces derniers du point du vue de leur logement. Ils font des activités relatives à l’insertion sociale.

? J’ai eu l’honneur de rencontrer, au cours d’une table ouverte paroissiale (TOP) à la paroisse St Joseph de Creil, la secrétaire de l’Association Haïtienne de Creil, Madame Lucette, avec qui nous avons eu pas mal d’échanges. Cette association œuvrent dans la scolarisation des enfants en Haïti, plus précisément dans le Sud ’Est du pays.

Nous avons un entretien avec Isabelle GODO, à propos d’un supermarché Coopératif et Participatif – Louvre, Montpellier et Lyon en ont déjà des modèles – inspiré du film Food Coop. Le projet ne prévoit pas de marge, chaque personne, bénévole, fournirait 3 heures de travail par mois. Le projet est basé sur la confiance des gens. De tels projets reçoivent aussi des subventions de leur commune. On pourrait envisager une chose pareille également au local de la Coop-market de la FHRD.


10 octobre 2018 : Gestion Déchets à la CCPV et la SMVO (Oise)
C’est le jour où j’ai eu le plus à apprendre de mon séjour. Traitement des déchets, gestions des déchets, sont autant de noms qu’on pourrait donner à cette journée. Deux jeunes représentantes respectives de la Communauté de communes des Pays en Valois et du Syndicat Mixte de la Vallée de l’Oise nous ont animé une journée de formation – théorique et pratique – en déchetterie.
Depuis la collecte des déchets, en France, en passant par le transport, pour arriver au tri, la modernisation bat son plein. A domicile, les déchets sont rangés dans des caissons de couleurs différentes qui sont pré-distribués. Tous les emballages et papiers dans les caissons jaunes et les ordures ménagères dans les caissons blancs. La collecte est faite dans des bacs de 240 litres posés sur des camions intelligents. Et il y a un jour pour chaque couleur. Mais au-delà de la modernisation de la collecte et du transport, et du tri également, il est à noter que plus de 95% des déchets collectés sont valorisés, dans le recyclage ou la transformation, dans l’objectif de donner une seconde vie aux déchets. Même pour des français qui étaient présents, c’était nouveau de savoir que des machines arrivent à faire certaines opérations de tri des déchets.
Tous les déchets peuvent être collectés, même les déchets de démolition de bâtiments, des réfrigérateurs, des meubles. La déchetterie n’est pas une petite affaire en Europe, et en plus cela crée pas mal de travaux. Il existe même un numéro vert pour les doutes, pour savoir où jeter son déchet. Tout est super bien organisé. Des associations recyclent les bouchons des bouteilles plastiques. D’autres comme le Relais dont nous parlerons plus loin, s’occupe des vêtements. Les compagnies de production de meubles reprennent les usagés ou brisés (on ne peut pas mettre un bureau ou un frigo dans un caisson). Mais le citoyen coopère aussi à sa façon dans la tenue du système : il paie des taxes pour l’enlèvement des ordures ménagères et d’autres types de taxe exigé pour que cela tienne.
Et dire que le souci de protéger l’environnement exige d’adopter de nouveaux comportements. Voilà pourquoi l’on parle aujourd’hui de nouveaux thèmes tels que la prévention des déchets et l’élimination progressive de la vaisselle en plastique.
Bien entendu, chez nous en Haïti, nous en sommes pas encore là, tant s’en faudrait. Certes, il faut dire également que tout ce système de gestion de déchets à l’européenne, du moins à la française, ne s’est pas bâti en un clic, comme une baguette magique de Harry Potter – Rome ne s’est pas faite en un jour – mais quand on regarde le niveau de développement de la déchetterie en France, on est en droit de dire que nous avons du pain sur la planche.
Au niveau de la FHRD, qui a à cœur le traitement des déchets des villages, le travail est énorme, si l’on veut vraiment améliorer notre façon de faire. Le gros du travail réside, d’entrée de jeu, dans la sensibilisation de tout le monde, des villageois, des travailleurs qui collectent, avant de matérialiser ce rêve de la Fondation qui est d’étendre ce service à tous les riverains du quartier de Lilavois, ou plus grand encore, de la commune de Croix-des-Bouquets. Sensibiliser oui, mais comment ? Il existe plusieurs façons de le faire. Mais, entre autres, les petits films de la série #suivez-moi sur Youtube seraient à regarder. Voici le titre de quelques court-métrages qui pourraient être utiles pour persuader et convaincre les habitants à changer de pratique :
? la bouteille en verre
? la boite en carton
? la canette en aluminium
? la bouteille en plastique


L’animatrice et un atelier de travail pratique


ILB : en train de passer son test d’évaluation sur les couleurs des bacs et quoi y jeter
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11 octobre 2018 : Une Boutique solidaire modèle: Crève-Cœur (Oise)
Le modèle parfait de boutique solidaire, qui dépasse largement celle de Creil dont nous avons déjà parlé en précédence. Un grand auditoire m’attendait là-bas, composée d’un ou de deux représentants de plusieurs équipes. J’ai exposé un peu sur la Fondation et précisé le but de mon voyage.
Nous avons visité les différents compartiments de la boutique. Et les rayons d’expositions, les classements des différents types d’habits. Super bien faits. Et tout cela pour vendre à un prix pas cher. C’est aidant pour ceux qui ne peuvent pas se permettre les grandes marques toute neuves dans les grands magasins.


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12 octobre 2018 : Le Relais (AISNE)
? Nous étions une belle équipe (une bonne quinzaine) à nous rendre à Soissons pour visiter un grand centre de tri et de gestion des vêtements usagés dirigé actuellement par Mr Emmanuel Pilloy : Le Relais. Créé par une communauté d’Emmaus (l’abbé Pierre), le Relais accueille des gens sans travail et des SDF pour leur donner du travail. L’objectif, c’est l’emploi. Ce qui le diffère substantiellement des autres entreprises qui tendent à maximiser le plus possible leur profit au détriment de l’emploi, par l’utilisation des machines, réduisant ainsi la main-d’œuvre humaine. Le Relais priorise l’emploi d’autres personnes en difficulté, les SDF et il n’y a pas trop de machines. On part du principe qu’il ne faut pas enrichir un individu, mais enrichir le collectif. Les employés du Relais trient environ 30 tonnes de textiles par jour. En quoi consiste la filière du textile ?
Environ 7% du textile trié restent en France pour le commerce dans les boutiques EinFreng ; 40% vont en Afrique et 5% en Europe de l’Est. Ces pourcentages représentent la part de réutilisation directe, sans transformation. 30% vont directement au recyclage.
Secret du Relais : La transparence, on donne les chiffres à tous les employés, ce qui les incite à la responsabilisation. Les salariés sont sociétaires et deviennent dans un temps donné des employeurs aussi. Entreprise lucrative certes, mais particulièrement associative.
La société entreprend des activités d’apiculture au Burkina Faso (90 tonnes de miel) et d’autres pays de l’Afrique. Au Sénégal, ils sont dans l’agriculture (Artemisia qui traite le paludisme et la malaria, pouvant tuer 450 000 personnes par an). 70 personnes sont au travail. A Madagascar, le Relais est dans la fabrication de voitures (200 personnes au travail, pour fabriquer jusqu’à trois voitures par mois. En 2017, la France a collecté 200 000 tonnes de vêtements (TLC): textiles, linges de maison et chaussures) dont 100 000 tonnes par le Relais.

? Dans l’après-midi, nous avons visité une ferme (La bonne ferme) où l’on fait des cultures maraichères. Des chômeurs sont recrutés pour y travailler, une façon de faire de l’insertion sociale aussi. Cela m’a fait penser à un terrain à Mafalda, le terrain où nous traitons les déchets des villages, mais dont le reste (plus de 4/5) est exploitable en élevage et en agriculture.

? Le soir, c’était le tour du Foyer Lazare, une association où les SDF sont accueillis et logés. Parfois ils ont déjà un travail mais dont le salaire est trop faible pour payer leur loyers. On les remet sur les rails, à se retrouver sur leurs pieds, les aide à retrouver du travail, soit à la bonne ferme dont nous parlions dans le précèdent paragraphe, soit au Relais. Des phrases très marquantes me sont restées à l’esprit : « Tout ce qui n’est pas donné est perdu » et « On n’est pas appelé à réussir, mais à être fidèle ! » et une dernière : « Vivre l’ordinaire de façon extraordinaire »


L’arrivée de l’équipe (dont moi) au Relais. Les mots de bienvenue du Directeur (extrémité gauche)



A l’écoute attentive des explications de Emmanuel Pilloy (chemise à carreaux jaunes et bleus)
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13 octobre 2018 : Colloque sur la Migration : Boves (en Somme)
Un super évènement festif a été organisé ce jour-là. Plus d’une centaines de personnes, dont une dizaine d’étudiants haïtiens (à l’Université d’Amiens) étaient au rendez-vous composer l’auditoire pour lequel j’étais l’invité d’honneur d’une table ronde sur la migration. Joël da Costa menait le jeu. Il y avait la présence notable de Isabelle Esquerdo, de Mr Emile Dubrenat , de Marie-France Dartey et de Lucette dont nous avons déjà parlé.

L’objectif : changer les regards sur les jeunes immigrés en France, mais aussi exhorter les jeunes à retourner dans leur pays d’origine, une fois terminées leurs études.

Au départ, les points de vue étaient plutôt convergés vers un retour ferme en Haïti au terme des études, à l’exemple de ILB . Mais l’on a par la suite passé au crible de l’analyse plusieurs facettes de la situation locale (marché du travail, contexte et conditionnement politique, les petites relations, climat de sécurité, la jalousie, etc.) qui conditionnent ce retour au pays d’origine. Parfois, cet état de fait favorise 2 cas de figures possibles. D’une part, il arrive qu’en dépit de sa volonté de retourner, le jeune qui a fait ses études à l’extérieur du pays se trouve incommode de prendre la décision de le faire vraiment. D’autre part, au cas où le jeune décide de retourner, il arrive assez souvent qu’il ait des difficultés à se tailler une petite place sur le marché du travail – déjà limité –, une fois retourné au bercail. Cela étant dit, les deux cas de figures sont loin, à ce qu’il parait, d’enlever le désir des jeunes étudiants haïtiens non seulement de retourner dans leur pays, pour participer au développement social, politique, économique et culturel de celui-ci, mais aussi de réussir leur vie professionnelle, personnelle et familiale. Ce qui est positif d’ailleurs et cadre parfaitement avec l’objectif de cet évènement extraordinaire dont les 2 photos qui suivent donnent une toute petite idée.
Nous nous rappelons des noms d’étudiants comme Vincent, Pierre Richard, Tamara, Jenny, Désulmé et Fernia qui fréquentent des universités d’Amiens.
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De la gauche vers la droite :
Emile, Monique, Pierre-Richard, Jenny, Tamara, Vincent, Fernia, Isaac, Lucette, Désulmé





ILB répondant aux questions de Joel Da Costa à la fête de Bôves, après la table ronde


14 octobre 2018 : Journée de détente en baie de somme (Somme)
Avec Michèle, Nathalie et Marie-France, nous avons passé une excellente journée en baie de somme. Après la messe à l’église de Saint-Valery, c’était la visite de quelques lieux touristiques importants. Des randonnées et prises de photos, et déjeuner au restaurant n’ont pas manqué de donner à ce jour des traits purement touristiques et amusants.
? La baie de Somme
? Saint-Valery sur Somme
? La mer des Cayeux
? Les falaises de Ault
Il faut dire que j’avais bien mérité ce jour plutôt agréable. Après tant de fatigue (exposés un peu partout, dialogues, présentation ajouté à un décalage horaire de 6 heures de temps), ce moment était vraiment bienvenu. Je n’ai pas manqué d’en profiter. La vue des phoques en baie de somme, en haute marée, m’a mis dans une atmosphère plutôt détendue.

En bateau, en baie de Somme

Les falaises de Ault et la mer
15 octobre 2018 : Blanchisserie (Somme) + équipe de Doullens
? Dans l’Etablissement et Service d’Aide par le Travail (ESAT) du Vimeu, nous avons visité une blanchisserie.
? Une éolienne, dans le magasin d’un cousin de Michèle, Mr Denis. Monsieur est très gentil, disponible et patient. Il m’a expliqué un tas de choses sur les différences entre une éolienne et un panneau solaire. Les panneaux solaires, après 20 ans, ne valent rien. Et après 10 ans, ils perdent 50% de leur capacité. Il faudrait les nettoyer chaque année, 1 ou 2 fois par an.
En raison des grands vents qu’il y a à Lilavois, nous nous sommes demandés s’il ne serait pas envisageable une éolienne pour la production d’énergie électrique pour les machines de la boulangerie. C’est juste une interrogation.
L’éolienne de Denis, pour 35.000 euros, produit 6.6 kW. Mr Denis veut vendre une éolienne, plus petite que celle qu’il utilise (coût : 12000 euros, puissance 1,2 kilowatts).
? Lors de la Visite de l’équipe de Doullens, soit une vingtaine de personnes, nous avons présente la FHRD, les Villages, la Coordination, les formations, nos perspectives et la Coopération qu’on a avec SCCF. Plusieurs questions s’ensuivaient auxquelles nous avons répondu. Au retour, j’ai visité l’Abbaye royale de St Riquier et le Collégiale St Villefranche de Abbeville.
? Le soir, nous sommes à Chepy, la petite ville où habite Michèle et où travaille Nathalie. Dans une grande salle de la maison communale, environ 40 personnes nous attendaient pour une présentation de la FHRD et de ses principales réalisations. C’était important dans la mesure où la plupart des personnalités de l’auditoire était des donateurs, et qu’ils avaient besoin de témoignage vivant (que j’incarnais mieux que quiconque en France puisque je représente le partenaire bénéficiaire venu de très loin pour leur en parler) sur ce que fait l’argent qu’ils donnent, et qu’ils donneront encore, peut-être. Autour d’un copieux repas, en compagnie de Madame Le Maire également, nous avons passé des moments vraiment agréables et fait pas mal de connaissances.
C’était le jour le plus dense qu’on avait, car nous sommes rentrés chez nous vers 1h 30 du matin.

Isaac, Denis et Michèle L’équipe de Chepy ?
16 octobre 2018 : Amiens (Somme) + Un Collège Privé
• A Amiens, l’on a un peu marché dans la ville. J’ai pu voir de plus ou moins près les Universités où étudient les haïtiens qui étaient venus participer à la table ronde de Boves le 13 octobre dernier. Mais le truc plus intéressant était la visite de la Cathédrale, son histoire et ses vitraux, ses différentes architectures qui résument la plusieurs histoires de la Bible en images et surtout sa grandeur (plus de 2 fois celle de Notre-Dame de Paris) et le labyrinthe de la nef centrale. Nous avons eu la chance d’avoir un super guide qui selon moi est un vrai expert de la cathédrale d’Amiens.

• Le collège privé Charles de Foucauld se situe dans la ville d’Albert, toujours dans la Somme. Nadine Bob, l’une des bénévoles de l’équipe qui était venue en Haïti en janvier 2018, n’habite pas loin. Le Secours Catholique y va régulièrement, environ 3 ou 4 fois l’an pour présenter des exposés sur ses coopérations internationales.

o Présentation de la FHRD, pour une classe de 9ème (env. 30 élèves). Ils avaient déjà eu un exposé par des salariés et bénévole du Secours Catholique. Nous leur avons présenté pendant 45 minutes des avancées de la FHRD et quelques points d’actualité dans le cadre des relations partenariales entre FHRD et SCCF.
o Exposé sur FHRD pour deux classes de 8ème mises ensemble. Ceux-là n’avaient pas encore entendu parler de Haïti, encore moins de la FHRD, mais en parcourant un peu de géographie générale (les continents, l’Amérique, le bassin des Caraïbes, Les Antilles, Haïti, Croix-des-Bouquets, Lilavois). Cela une fois fait, nous avons commencé par situer la naissance post-sismique de la Fondation et indiqué la vocation de cette dernière et de son lien avec le Secours Catholique.

17 octobre 2018 : Emile DUBRENAT (Oise)
Depuis l’évènement Boves avec les étudiants d’Amiens, nous avons envisagé de visiter Emile, mais le programme ne semblait pas nous le permettre. Mais un petit changement dans le programme dû à un quelconque inconvénient a providentiellement rendu possible ce qui au préalable le semblait : une journée avec Emile DUBRENAT.
Ce n’est pas un hasard si le jour du 17 octobre 2018, anniversaire de la mort d’un des plus grands héros de l’Indépendance d’Haïti, je me suis retrouvé avec un haïtien pour passer du bon temps en territoire français. De chez Valérie où je dormais, j’étais conduit par Gérard à Noyons, là où Emile m’attendait.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce jour-là, c’était une journée très ouverte et flexible, où je pouvais me permettre de sortir un peu du programme méticuleux et super bien bâti que bénévoles et salariés du Secours Catholiques ont bel et bien conçu à mon intention. Plusieurs pirouettes et moments inoubliables sont à signaler :
1. Un tour de la ville de Noyons et visite de la Cathédrale historique.
2. Départ pour Compiègne
3. Un tour de la ville de Compiègne et visite du Château de Napoléon
4. Déjeuner chez Emile (à l’haïtienne, ce jour-là)
5. Départ pour Troisly Breuil pour une messe où je pouvais voir Jean VANIER

De gauche à droite, Monique (épouse d’Emile, Isaac et Emile) Isaac L. Beaujour et Jean Vanier
(Photo prise à l’entrée de leur appartement)


18 octobre 2018 : Paris + Rue du Bac + Siège SCCF
Françoise, chez qui j’ai passé la nuit et moi sommes partis ensemble, direction Villeparisis, où elle laisse sa voiture pour prendre le RER . Le train devait nous conduire à Paris. C’est en quelque sorte une journée touristique. Premier stop : Cathédrale Notre Dame, remarquable pour ses vitraux et son architecture. Le kilomètre zéro m’a été montré par Michel Tanguy.

Nous avons fait également un stop devant les anciens locaux de la très prestigieuse Université de France, La Sorbonne, qui aujourd’hui n’est qu’un des différents sièges de ladite université.

Nous partîmes ensuite, à pied pour une dizaine de kilomètres, en direction de la Rue Du Bac pour la visite du Siège du Secours Catholique. C’est un immense immeuble de 6 étages, dont les deux derniers sont consacrés aux projets et coopérations internationales, pour les Amériques Latines et les Caraïbes. Comme on est arrivé un peu en retard, Joël Da Costa, qui nous a vite reçus, n’a pas tardé à nous mettre dans la file pour le déjeuner au rez-de-chaussée. Nathalie et Michèle qui devaient arriver par un blablacar, tardaient encore à faire leur apparition dans la pièce.

Après le déjeuner, très copieux, allure de restaurant, Joël et Isabelle nous font visiter un peu les lieux, plus spécialement les deux derniers étages où nous parvenions via l’ascenseur de l’immeuble. C’était bien émouvant et touchant de voir sur les murs pleins de photos d’Haïti dans le bureau de Joël. Le drapeau de la première république noire était bien mis en évidence, ainsi que la carte géographique du pays. J’ai vite compris qu’on n’a pas affaire avec une petite ONG tant les locaux sont immenses. Joël et moi prîmes une photo sans attendre.

Les bateaux mouches, un rêve qui finalement devient une réalité. J’ai pu découvrir depuis la Seine, en bateaux, les plus jolis bâtiments et monuments de la ville de Paris. Cela sentait le sublime. Trop jolie, la ville qui accueillera les Jeux Olympiques en 2024.


En bateau-mouche, la Tour Eiffel ! Dans le bureau de Joël Da Costa (Siège du SCCF)
19 octobre 2018 : Une épicerie et une vraie ferme
• Accompagné de Valérie, j’ai été amené à visiter une épicerie sociale. Gérée par 3 bénévoles, la structure favorise les moins capables à s’approvisionner à bon marché en légumes et épices. Le fonctionnement global étant consisté à recueillir des supermarchés de la zone, les fruits et légumes invendus, encore en bon état, et d’autres produits qui ne sont pas encore en date de péremption, pour les revendre à 1/10 de leur prix réels à ceux qui ne travaillent pas, qui n’ont presque rien du tout.

• Ce n’était pas dans le programme, mais j’ai demandé de visiter une ferme, vu qu’il y avait une famille fermière qui était présent lors de notre passage à l’épicerie (Philippe et Marie France). C’était une vraie découverte pour moi. Il s’agissait des hectares de terre exploités par la culture de la betterave sucrière, du blé, du foin et l’élevage (poules, bœufs, etc.). Plein de machines et des matériels pour la transformation des produits. Chez nous, du moins pour la Fondation, on n’a pas à notre disposition des hectares de terres, mais cela m’a donné beaucoup à penser. Nous pourrions peut-être intensifier l’exploitation du terrain sur lequel nous collectons (pour tri) les déchets des villages. C’est à étudier de concert avec la Fondation.

J’étais surpris de voir que les bœufs sont élevés par assemblage de races. J’ai touché le blé. J’ai marché dans la ferme, visités différents compartiments.

Des poules (La ferme de Fontenille) Du blé en stockage (La ferme de Fontenille)


Des betteraves sucrières (La ferme de Fontenille) Des bœufs (La ferme de Fontenille)?
20 octobre 2018 : BILAN + Château de Pierrefonds
La journée du bilan s’est déroulée chez Françoise. Les acteurs étaient les suivants :
- Marie-France DARTEY
- Françoise SMESSAERT
- Nathalie CROUTELLE
- Valérie KOWALCZYK
- Isaac L. BEAUJOUR
Après analyse du groupe, le bilan était positif. Tout s’est bien passé. J’ai été bien satisfait du programme, même si l’on reconnait que certains jours étaient trop chargés. Mais tout compte fait, l’intention était de me faire voir un maximum de choses possibles pouvant m’inspirer dans les actions à mener, de retour au bercail. Je crois que l’objectif est atteint. Au-delà du positif du bilan, ils ont quand même trouvé quelques petites choses à améliorer la prochaine fois, comme par exemple, réaliser une vidéographie de ces jours, surtout des super-événements (l’on pense à la Table Ronde de Boves, par exemple, dont le dénouement valait la peine d’être immortalisé et qui réunissait plus de 100 personnes, dont une dizaine d’étudiants haïtiens à l’Université d’Amiens)


De la gauche vers la droite : Françoise, Valérie, Marie-France et Nathalie
Derrière : une petite vue du château de Pierrefonds

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21 octobre 2018 : Vol du Retour (Paris/Orly)

Je fus gentiment conduit à l’aéroport par Valérie et son mari Gérard, chez qui d’ailleurs j’ai passé la dernière nuit. Arrivé en Haïti, après 8h 30mn de vol avec Air Caraïbes, j’ai pris les services d’un taxi pour me conduire chez moi. J’étais très content d’avoir représenté ma Fondation auprès de son grand partenaire, le Secours Catholique.
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Conclusion
J’ai passé un agréable séjour dans la Picardie. La quantité de personnes mobilisée pour m’accueillir, me recevoir, m’écouter et m’accompagner dans les différentes équipes çà et là était plutôt étonnante. Leur disponibilité et dévouement sont l’objet de pas mal de sacrifices, si nous tenons compte de la précision du temps français. Cela fait montre de leur désir de bien jouer la partie, c’est-à-dire d’être fidèle à leur déclaration de départ qui était de bien recevoir le représentant (Isaac Beaujour) de leur partenaire (privilégié), la FHRD. Je me suis senti accueilli, bien accueilli. Dans les échanges, j’ai gouté et senti la chaleur de la solidarité internationale. Je pense qu’ils incarnent, dans la mesure du possible, l’un des slogans de leur devise : « Solidarité ici, solidarité là-bas ». Ces genres de va-et-vient sont à continuer, entre les partenaires FHRD-SCCF. Avec confiance, nous pouvons nous engager réciproquement dans un partenariat durable et fraternel. Ce n’est pas petit que d’avoir le Secours Catholique comme partenaire (la seule vue du siège à Paris peut en témoigner) Mais il nous faut travailler…pour le mériter davantage.
Je ne vous dirai pas ce que ce voyage m’a apporté, du point de vue personnel…J’ai même appris de nouvelles expressions françaises (« Tu te la joues » ; « T’as pas les chevilles qui gonflent » et « à la bonne franquette »), pour ne mentionner que ces trois. J’ai pu voir de plus près la Tour Eiffel (comparativement à la dernière fois que j’ai été en France en 2012). J’ai visité quelques cathédrales (ce que j’adorais faire, d’ailleurs lorsque j’étais en Italie).
Je veux carrément remercier mes hôtes dont je ne peux m’empêcher de mentionner les noms dans ce rapport. Ils sont respectivement Jean-Philippe, Michèle, Françoise et Valérie. Ils ont été impeccables. Au premier, je voudrais dire que je n’oublie pas les discussions pendant les bières ; à la seconde, que j’ai adoré les desserts (le gâteau d’accueil) ; à la troisième, que j’ai beaucoup aimé les tomates-cerises et je les ai fait pousser chez moi aussi en Haïti ; et enfin à la dernière, que je n’arrive pas encore à me défaire des superbes quiches que j’ai dégustées chez elle.
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Sigles et abréviations utilisés dans ce document
(en ordre alphabétique)

Sigles/Abréviations Définitions

CA : Conseil d’Administration
CAI : Campagne d’Action Internationale
CCPV : Communauté de Communes des Pays en Valois
CRASI : Comité Régional d’Animation de la Solidarité Internationale
ESAT : Etablissement et Service d’Aide par le Travail
FHRD : Fondation Haïtienne pour le Relèvement et le Développement
ILB : Isaac Louis Beaujour
MFD : Marie-France DARTEY
ONG : Organisation Non-Gouvernemental
RER : Réseau Express Régional
SCCF : Secours Catholique Caritas de France
SDF : Sans Domicile Fixe
SMVO : Syndicats Mixte de la Vallée de l’Oise
TLC : Textiles, Linges de maison et Chaussures
TOP : Table Ouverte Paroissiale



Rubrique: Culture
Auteur: Isaac Louis Beaujour | beaujourisaac@yahoo.fr
Date: 15 Mai 2020
Liste complète des mémoires et travaux de recherche