Centralité linguistique dans les inscriptions sur les murs, noms des institutions, enseignes ...de Santrado CHARLES| JobPaw.com

Centralité linguistique dans les inscriptions sur les murs, noms des institutions, enseignes ...


Résumé – Cet article fait l’objet d’est une étude réalisée sur les langues créole et française haïtiens. Le terrain de recherche était Cap-Haïtien. Nous avons voulu comprendre la représentation que les locuteurs capois font des langues en Haïti. Pour cela bous avons formulé, après l’état de la question, les questions suivantes : quelle est la langue la plus utilisée au Cap-Haïtien par les chefs d’entreprise, ou d’institution ? Pourquoi cette langue non pas une autre ? Quelle représentation fait la clientèle du choix de langue fait par les chefs d’entreprises pour communiquer avec eux ? Pour répondre à ces questions, nous avons procéder par la méthode d’enquête ou l’observation et l’entretien semi-directif ont été utilisés. Nous avons rencontré plusieurs participants au sein de la ville du Cap-Haïtien afin d’entretenir avec eux au sujet de notre étude. Ils étaient au nombre de cinq. Parmi eux il y avait deux responsables d’universités, un chauffeur, un étudiant, une commerçante. L’analyse et la discussion des résultats nous permettre d’affirmer que la langue la plus utilisée au Cap-Haïtien est la langue française. Les chefs d’institutions ont fait choix de cette langue parce que c’est une langue qui donne de la valeur, elle attire la clientèle. Elle est aussi une façon de se faire respecter, de montrer qu’on sait des choses. Donc qu’on est cultivé. Une autre raison justifie ce choix parce qu’il n’y a rien de sérieux qui concerne le créole, parce qu’aussi parler français est une lettre de créance, c’est comme un passeport. Cette recherche nous permet de voir que la clientèle est plus attirée par l’institution qui fait l’usage du français pour communiquer avec elle. Car elle ne parle pas le français mais elle ne tolère pas qu’on s’adresse à elle en créole.

Mots-clés : langue française- langue créole- affiche- institution- commerce

Centralité linguistique dans les inscriptions sur les murs, noms des institutions, enseignes de commerces et affiches publicitaires dans la ville du Cap-Haïtien Santrado CHARLES, Professeur Université Franco-Ha?tienne du Cap-Haïtien Résumé – Cet article fait l’objet d’est une étude réalisée sur les langues créole et française haïtiens. Le terrain de recherche était Cap-Haïtien. Nous avons voulu comprendre la représentation que les locuteurs capois font des langues en Haïti. Pour cela bous avons formulé, après l’état de la question, les questions suivantes : quelle est la langue la plus utilisée au Cap-Haïtien par les chefs d’entreprise, ou d’institution ? Pourquoi cette langue non pas une autre ? Quelle représentation fait la clientèle du choix de langue fait par les chefs d’entreprises pour communiquer avec eux ? Pour répondre à ces questions, nous avons procéder par la méthode d’enquête ou l’observation et l’entretien semi-directif ont été utilisés. Nous avons rencontré plusieurs participants au sein de la ville du Cap-Haïtien afin d’entretenir avec eux au sujet de notre étude. Ils étaient au nombre de cinq. Parmi eux il y avait deux responsables d’universités, un chauffeur, un étudiant, une commerçante. L’analyse et la discussion des résultats nous permettre d’affirmer que la langue la plus utilisée au Cap-Haïtien est la langue française. Les chefs d’institutions ont fait choix de cette langue parce que c’est une langue qui donne de la valeur, elle attire la clientèle. Elle est aussi une façon de se faire respecter, de montrer qu’on sait des choses. Donc qu’on est cultivé. Une autre raison justifie ce choix parce qu’il n’y a rien de sérieux qui concerne le créole, parce qu’aussi parler français est une lettre de créance, c’est comme un passeport. Cette recherche nous permet de voir que la clientèle est plus attirée par l’institution qui fait l’usage du français pour communiquer avec elle. Car elle ne parle pas le français mais elle ne tolère pas qu’on s’adresse à elle en créole. Mots-clés : langue française- langue créole- affiche- institution- commerce Introduction Dans la réalité sociolinguistique haïtienne existe des faits tout à fait émouvants. On parle du créole et du français. Ce n’est pas étonnant non plus de voir un auteur traite de l’anglais en contexte linguistique en Haïti, soit avec une orientation éducative, soit avec une orientation politique, ou autre. Certains linguistes et chercheurs y voient matière à peindre. Et ceci est une bonne chose. Puisqu’il nous faut faire des recherches. Mais voulant cerner ou comprendre le phénomène de centralité linguistique dans les inscriptions sur les murs, noms des institutions, enseignes des commerces et affiches publicitaires dans la ville du Cap-Haïtien est un peu hasardeux. Car il est clairement reconnu que nous avons deux langues officielles et d’enseignement/apprentissage en Haïti : le créole et le français. Mais si sur les papiers cette question de bilinguisme est toujours claire, il est intéressant de voir sa conception faite par les locuteurs, soit natifs, soit étrangers qui parlent ces deux langues. Ainsi, mener une recherche n’est pas le fruit du hasard. C’est quelque chose qui se fait toujours avec une intention propre d’un chercheur. Ainsi, les raisons qui nous poussent à réaliser cette étude sont nombreuses. Cependant, pour ne pas être trop abondant, nous nous limiterons à trois d’entre elles : La première de ces trois raisons qui nous poussent à réaliser cette recherche est d’ordre personnel. En fait, nous avons toujours voulu faire quelque chose de nouveau, apporter notre contribution à la communauté scientifique dans le but de faire avancer les connaissances et d’améliorer par la suite certaines pratiques. Dans le cadre de cette recherche, nous pensons que ces pratiques peuvent être d’ordre linguistique. Dans ce contexte, nous pensons que nous donner en tant qu’apprentis chercheur pourrait nous paraitre un atout. Car cela va nous rendre un peu mature pour une éventuelle recherche plus compliquée.
La deuxième raison qui nous pousse à nous livrer à cette recherche est d’ordre académique. Nous étions étudiant en Master 2 en sciences du langage avec pour parcours Analyse de discours politiques, institutionnels et médiatiques. En tant que tel, nous devions nous soumettre aux exigences académiques. Dans ce cas, pour valider un cours intitulé Politiques linguistiques et éducatives en Haïti, nous choisissions de mener cette recherche. En plus de cela, il est très clair que quand on est en Master, on produit une expertise pour chaque cours. Ainsi, même quand le professeur ne nous a pas exigé à produire un travail d’une telle envergure, nous pensions que le donner une telle allure nous ferait beaucoup de bien. Voilà pourquoi nous avons choisi de mener une telle recherche.
La science fait sa progression en remettant certaines connaissances en question, en les rejetant, ou en les améliorant. Ainsi, si nous consommons seulement ce que nous trouvons dans les livres, il va arriver un moment où nous n’aurions plus rien à lire ni à dire. Sur ce, nous avons choisi de mener cette recherche pour permettre l’avancement des connaissances scientifiques. Cela va servir plus précisément la communauté scientifique haïtienne. Parce que nous avons pu constater qu’il existe beaucoup d’écrivains haïtiens qui parlent sur les questions de langues en Haïti. Mais l’orientation que prend notre recherche est tout à fait nouvelle. Dans ce cas, nous pensons qu’elle va être utile à la société haïtienne aussi.
Bref. Voilà les trois mobiles qui ont guidé notre initiative qui est celle de mener une recherche sur la centralité linguistique en Haïti.
Cette étude a pour but d’identifier la langue la plus utilisée au Cap-Haïtien par les institutions pour communiquer. Ainsi, il n’est pas dans nos intentions de démontrer que telle langue est plus importante qu’une autre. Nous chercherons plutôt à identifier des séries de conditions qui, lorsque considérées ensemble, sont habituellement suffisantes pour faire ce choix.
Nous étude va se baser sur l’analyse d’un corpus d’affiches publicitaires photographiées et d’entretiens avec plusieurs responsables d’entreprises dans la ville du Cap-Haïtien sur la raison de la langue optée pour ces affiches. Dans ce contexte, notre objectif est de comprendre pourquoi les gens ont choisi d’utiliser telle langue pour nommer leurs institutions, au lieu d’un autre. Nous ambitionnerons de relever la préférence des consommateurs par rapport à la langue utilisée par les chefs d’entreprise pour nommer celle-ci.

Problématique
Dans toutes les sociétés existent des moyens propres pour communiquer. Pour certaines on ne parle que de symboles, des codes pour se faire comprendre. Pour certaines d’autres, on envisage un cadre plus formel pour s’exprimer de manière orale et/ou écrite. Pour ce faire on n’a qu’à parler de langues. Mais certains pays vivent leurs réalités quotidiennes en parlant une seule langue, bien entendu avec des multitudes variétés ; ce qu’on appelle couramment « les accents ». Ceci n’est pas toujours le cas pour tous les pays. S’il y a entente entre les locuteurs pour adopter une langue comme véhicule de leurs pensées, un outil de culture et d'enrichissement de la connaissance comme le suggère Théodat, comme fonction sociales comme le croit Hugues saint-fort, il n’est pas sans controverse dans d’autres pays. C’est pour cela qu’on arrivera à entendre parler de langues maternelles et langues officielles, de langues en danger ou de langues à aménager.
Plus près de nous, en Haïti, ce constat n’est pas trop loin d’être une évidence. En effet, il est connu depuis 1987 que nous avons deux langues officielles, à savoir le créole et le français. On en a même rédigé un article au sein de la constitution de la République d’Haïti pour faire reconnaitre et valoir ces deux langues. Ainsi, si les faits linguistiques sont quasiment clairs dans les manuels et dans les textes officiels, il n’est pas toujours le cas dans l’imaginaire des locuteurs natifs ou de la diaspora de ces langues. C’est la raison pour laquelle que nous travaillions sur la centralité linguistique dans les inscriptions sur les murs, noms des institutions, enseignes de commerces et affiches publicitaires dans la ville du Cap-Haïtien. Du même coup, nous pouvons affirmer que le but de cette étude est de comprendre pourquoi les institutions utilisent telle ou telle langue pour faire passer leurs messages de manière écrite ou orale, non pas une autre. Ainsi, nous pensons qu’il est très nécessaire de voir ce qui a été dit sur la question de langues en Haïti.

Cadre théorique
Les données qui viennent jusqu’après sont un bref résumé des études sur les langues en Haïti. Elles permettront de mieux comprendre la situation actuelle sur le terrain.
Selon Laroche, « Le français est la langue officielle de la république d'Haïti. Ce statut lui a été reconnu légalement en 1918 et est venu consacrer une situation qui existait depuis la proclamation de l'indépendance en 1804 » (1981: 26). Dans ce contexte, le français serait pris pour langue à valeur haute et comme celle qui permet d’identifier les gens hauts placés de ceux vivant dans la plèbe.
L’auteur continue pour dire que : « Le français occupe cependant une plus grande place que le haïtien parce qu'il est la langue de l'écrit, des actes juridiques, de l'administration publique, des relations commerciales et internationales. »(Ibid.) Le français d'Haïti, autrement dit, dans sa forme parlée, subit l'influence de la langue haïtienne et témoigne par-là de la répartition réelle des langues en Haïti. Si l'on tient compte du tournant nouveau que semblent prendre les choses on peut dire que l'on est en train de passer d'un état de fait à un état de droit, cette fois en faveur de l'haïtien. La situation de la langue française en Haïti doit donc se saisir dans le mouvement qui, après avoir conduit les Haïtiens à penser la langue créole en français, les porte désormais à penser le français en créole.
En guise de précision apportée à la version de Laroche, nous avons encore lu que depuis 1987, le créole haïtien est reconnu comme langue officielle d'Haïti à côté du français, grâce à la mobilisation de nombreux écrivains et intellectuels haïtiens et de linguistes tel que Pradel Pompilus et Pierre Vernet.
Jean-Marie Théodat, dans son texte intitulé Haïti, le français en héritage (2004), déclare que dans l'élaboration de la personnalité historique de la nation haïtienne, la langue française a longtemps joué le rôle d'un coin social, en tant qu'instrument de ségrégation, sans cesser, par ailleurs, de répondre aux besoins d'expression de l'élite. (p. 308). Suivant ce contexte, nous pouvons interpréter que le français n'est ni tout à fait une langue maternelle, ni tout à fait une langue étrangère. De l'ambiguïté de son rôle social, à la fois comme élément de promotion et de ségrégation sociale, découle son statut de langue à part. Voilà pourquoi il ajoute :
« …on a longtemps identifié le français à la langue du maître, de l'oppresseur, et le créole à la langue de l'esclave, du travailleur qui lutte pour sa liberté et ses droits. Mais la situation d'Haïti est plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord: le créole aussi peut devenir un outil d'oppression entre des mains habiles. C'est l'usage qu'on en fait qui décide du statut de la langue. » (p. 308)
Son idée, dans cet ordre de pensée est que la libération de la langue créole, fait marquant des années 1980, s'est effectuée sans libération véritable de la parole. Partant de ce principe, il a paru plus juste d'envisager le rapport de l'haïtien à la langue française dans sa double composante synchronique et diachronique afin de mettre en lumière à la fois les continuités durables et les rhizomes transversaux de l'enrichissement par le créole. D’où sa position que l'originalité du français haïtien tient en cela que ce n'est pas une langue étrangère, ni une langue vernaculaire. C'est la langue de l'administration et de l'élite, le sésame pour faire carrière dans la politique et les fonctions de décision. (Ibid.)
Alain guillaume, quant à lui, voit les langues haïtiennes sous un angle juridique. Ainsi, dans son article titré L'expression créole du droit : une voie pour la réduction de la fracture juridique en Haïti, il nous montre que la société haïtienne est marquée par toute une série de dichotomies qui se manifestent au niveau du droit à travers un bilinguisme inégalitaire et une forme particulière de bi-juridisme (2011 : 77). L’intégration juridique de la Nation passe par l’expression créole du droit et la prise en compte, dans le droit écrit, des normes coutumières, démarches complémentaires susceptibles d’enrichir le droit substantiel haïtien, mais dont la mise en œuvre se révèle complexe. Ainsi, avant 1918, affirme-t-il, la vie administrative, judiciaire et politique se déroulait essentiellement en français. Le créole n’avait pas non plus droit de cité dans le domaine éducatif. Ce n’est toutefois que sous la présidence de Jean-Claude Duvalier que les démarches véritables de prise en compte du créole ont été initiées, et ceci en deux temps. (p. 81). Au niveau des programmes scolaires, le gouvernement de l’époque est arrivé à la conclusion que, le créole étant la langue maternelle de la grande majorité des élèves, son utilisation au début du processus de formation dans les classes primaires faciliterait l’apprentissage du français et réduirait les risques de décrochage scolaire (p .88).
Berrouiet Oriol Robert, Cothière Darline, Fournier Robert(2011), quant à eux tentent de penser les langues en Haïti en termes d’aménagement. Mais cet aménagement touche l’éducation. Parce que, selon eux, le système éducatif haïtien est le premier lieu auquel il faut toucher quand on veut rétablir le fonctionnement des langues haïtiennes. Les auteurs prônent l’égalité des deux langues : le créole et le français. C’est cela leur politique linguistique. Ils n’ont pas envie d’exclure aucune d’entre elles. Cependant rien n’est dit au sujet de la représentation proprement dite que font les locuteurs au sujet de ces langues et la raison de celle-ci.
Robert Berrouët-Oriol(2012), de son côté, concevait toute une dynamique au sujet du créole et du français comme langues officielles en Haïti. Dans ces fiches signalétiques il envisage de montrer combien il est intéressant de concevoir ces deux langues à même pied d’égalité.
Dominique Fattie(2012), pour sa part, essaie de voir la relation osmotique qui existe entre le français haïtien et le créole haïtien. Pour ce faire, il s’est donné pour objectif dans cette étude de faire connaître le riche gisement de sources qui existe sur le français en Haïti. Par la suite, il propose un parcours à travers les documents par lesquels sa spécificité et son altérité sont soit simplement attestées, soit reconnues et désignées, sans prétendre à l’exhaustivité.
Hugues Saint-Fort(2013), dans sa monographie intitulé Haïti : questions de langues, langues en questions, nous dresse un portrait très net de la réalité des langues en Haïti, plus précisément le créole haïtien. En parlant de langues en Haïti, l’auteur affirme : « Il est à souligner qu’Haïti n’est ni un pays bilingue ni une société diglossique. Elle est créolophone. Partant de ces choses-là que tout le monde devrait savoir, on peut comprendre qu’il y a avenir pour les langues créoles en général et le créole haïtien en particulier » (2013 : 30). Suivant cette déclaration, Hugues Saint-Fort prône un désir brulant de voir les deux langues, aujourd’hui connues en Haïti comme officielles, partager une même valeur. Les deux font notre valeur. Car, ajoute-il, nous devons assumer la dénomination « créole »qui renvoie à nos origines dont nous n’avons aucune raison d’avoir honte. » (2013 : 66). Face aux caprices voulant se divorcer avec le terme créole, il pose une importante question : Faut-il cesser de servir du terme créole ? L’auteur affirme qu’enlever le terme créole ou le laisser ne changera rien à cela. Double jeu chez les francophones haïtiens créolophiles ? L’auteur ne partage pas ce point de vue. Il est pour l’égalité des deux langues : créole et français. Il affirme que parmi les langues menacées, le créole haïtien n’y est pas. Il se base sur une seule question de la quantité de locuteur pour faire comprendre comment le créole haïtien n’est pas menacé. Mais il ne se rend pas compte que le créole haïtien est menaçable. D’ailleurs lui-même prédit cela dans ce même texte quand il pose cette question : Doit-on protéger une langue ? En posant cette question, il n’envisage pas une langue bien déterminée, il parle de toutes les langues, sans exception, y compris le créole. Si le créole haïtien doit avoir un statut de protégeable pour qu’il soit protégé, il est aussi possible de voir ce même créole haïtien rangé parmi les langues qui sont menacées. Donc toutes les langues sont menaçables. En tant que telles, il doit y avoir un travail d’aménagement constant au niveau de ces langues, sinon, la suite est à imaginer.
Dans un récent texte traitant de la langue créole en Haïti, Hugues Saint-Fort nous dresse un tableau statistique de la réalité linguistique haïtienne, le créole en particulier : « Le kreyòl est la langue maternelle des 8-9 millions d'Haïtiens qui sont nés et élevés en Haïti.» Cela veut dire que pour ces gens la faculté de langage qu'ils ont reçue à la naissance, comme tous les êtres humains « normaux », s'est activée au contact de leur environnement linguistique pour produire la langue, le kreyòl, dans laquelle ils ont acquis leur compétence (au sens chomskyen) linguistique.
Ainsi, tous ces textes nous montrent que depuis la Constitution de 1987, la langue créole coexiste avec le français en tant que langue officielle de la république d'Haïti. Mais, tandis que tous les locuteurs haïtiens, nés et élevés en Haïti, parlent couramment créole, seule une petite minorité de ces locuteurs est capable de s'exprimer en français dans n'importe quelle situation, nous dit Hugues saint-fort.
À la lumière de toute cette recension d’écrits existant sur la langue française et la langue créole en Haïti, nous avons pu découvrir que pas même une seul n’a essayé de voir la représentation que font les locuteurs de ces langues après avoir fini de les ranger au rang des langues officielles. Dans ce cas, nous avons choisi de poser trois grandes questions, dans le cadre de cette recherche : Quelle est la langue la plus utilisée par les institutions pour communiquer? Pourquoi choisissent-elles telle ou telle langue pour faire passer leurs messages écrits ou oraux ? Comment les consommateurs conçoivent-ils la langue utilisée par l’institution pour entrer en communication avec eux ?


Méthodologie
Dans cette partie nous allons présenter les structures méthodologiques adoptées pour réaliser cette étude sur la centralité linguistique dans la ville du Cap-Haïtien. Pour ce faire, nous présenterons l’approche de la recherche, la méthode d’investigation, le type et la taille de l’échantillon et les matériels et outils mobilisés pour collecter les données et le déroulement de l’expérience.

Approche de la recherche
Dans le cadre de cette étude, nous adoptons l’approche qualitative. En effet, l’approche qualitative est une approche nous permettant de relever des données au moyen des discours, des observations, des études de cas aussi. Ainsi, comme nous travaillons sur la centralité linguistique en Haïti, plus précisément dans la ville du Cap-Haïtien, nous voyons que ce qu’il nous convenait de faire c’est de partir de l’observation. Celle-ci nous a permis de faire des constats, c’est-à-dire de voir la langue la plus utilisée pour faire passer les messages : français, créole, anglais, espagnole, etc. Par la suite nous avons procédé aussi par la collecte de certains discours de la part des locuteurs, à titre de consommateurs, des chefs d’entreprise, etc. cela nous a permis de savoir pourquoi le choix de telle ou telle langue a été fait pour communiquer avec les consommateurs.

Type et taille de l’échantillon
Nos observations et nos entretiens se sont réalisés auprès de 5 sujets : soit dans les institutions, dans les stations où se trouvent les bus, les camionnettes, dans la rue où les gens écrivent leurs affiches publicitaires ou leurs enseignes de commerce, dans les asiles, les hôpitaux, etc. dans les conditions les plus favorables pour notre récolte de données. Notre recherche est donc avant tout une analyse qualitative sur la base de ses observations et des entretiens. Nous avons réalisé quelques échanges avec au moins un sujet faisant partie de chaque catégorie.

Outils et matériels
• Un téléphone intelligent HTC
Le téléphone HTC est un téléphone intelligent. Il a une capacité très poussée (version 6.0.1). Nous avons opté pour cet appareil afin d’enregistrer les conversations et de prendre quelques photos. Parce qu’il ne nous était pas possible de tout retenir. Donc utiliser un tel appareil nous procurait bien des avantages. : relire les conversations, observer des pauses au moment voulu, séquencer l’enregistrement autant de fois que c’est possible, prendre en compte le plus grand nombre d’aspect des données enregistrées, etc.

• Un guide d’entretien ouvert
L’entretien ouvert est un type d’entretien ou les items font l’objet des réponses ouvertes. L’interviewé est libre dans sa réponse. Dans notre guide d’entretien ouvert nous avons eu trois questions : La première demande à voir la langue la plus utilisée dans la ville du Cap-Haïtien par les entreprises pour communiquer. La deuxième demande à voir la raison qui ont poussé les gens à opter pour telle langue non pas une autre. La dernière demande à voir la représentation que font les consommateurs au sujet de la langue utilisée par l’institution pour communiquer avec eux. En termes de validation de cet outil, nous l’avons testé avec le premier participant. Comme ça nous arrivions à voir que cet outil peut tenir la route.

• Conventions ICOR pour transcrire les discours
Cette convention de transcription est un outil de transcription de discours qui a été mise à jour en janvier 2013 par le Groupe ICOR de l’UMR 5191 ICAR (CNRS ? Lyon 2 ? ENS de Lyon). Cet outil est une convention servant à transcrire les paroles enregistrées au moyen des symboles. Il est un outil qui a déjà été valide par un grand nombre de chercheurs. On l’utilise surtout dans le champ des analyses de discours. Il était utilisé afin de relever les pauses, la tonalité, les chevauments, et tant d’autres. Il fait l’objet de 9 pages. Mais toutes ces pages n’ont pas été utilisées. La première page présente des avis au transcripteur. Ces avis consistent à fournir à l’utilisateur des indications lui permettant de bien faire la transcription. Des suggestions sont données à propos des codes, des symboles, de la taille et du style de police qu’il convient d’utiliser dans le cadre de la transcription d’un discours. La deuxième page fait mention de la table des matières. Cette page présente tous les points qui sont développés dans cette convention de transcription de discours oraux. Cette table des matières comprend 9 points : identité du participant, le tour de parole, actions, structures segmentales, pauses intra-tours, production verbale, prosodie, descriptions, et enfin la liste des onomatopées, interjections et autres particules. La troisième, la quatrième, la cinquième, la sixième, la septième et la huitième page présentent les codes, les symboles, bref, tout ce qu’il faut utiliser pour faire la transcription d’un discours oral. La neuvième et la dernière page est consacrée à la liste des onomatopées, interjections et autres particules (liste non exhaustive). Nous avons procédé à un survol de certaines d’entre elles, celles qui étaient plus appropriées au discours qui faisait l’objet de notre analyse.
Nous avons utilisé cette convention de transcription parce qu’elle traite du discours oral. Nous l’avons trouvée appropriée pour faire notre travail de recherche scientifique. Certes ce n’était pas facile, surtout il fallait la joindre avec une autre qui traite, quant à elle, des gestes tout simplement.
En termes de validité scientifique, cette convention de transcription de discours oral est déjà utilisée par plusieurs autres chercheurs. Nous personnellement, nous l’avons expérimentée à plusieurs reprises : pour la première fois, dans le cadre d’un devoir sur le cours d’analyse des interactions. Ce devoir consistait à trouver une interaction pour l’analyser ensuite. Nous avons enregistré une, et pour la transcrire, cette convention de transcription de discours oral nous a grandement servis. Deuxièmement, c’était dans le cadre d’un mémoire de licence en psychologie. Nous avons eu des entretiens avec des personnes âgées. Et pour analyser et présenter les données discursives, nous l’avons encore utilisé. Pour cette recherche, nous avons réalisé des entretiens sur la centralité linguistique dans les affiches publicitaire. Pour ce faire, nous avons dû utiliser cette convention de transcription pour présenter les entretiens réalisés. Et voilà encore dans le cadre de ce travail de recherche, elle est encore utilisée. Ceci nous montre qu’elle tient bien la route.

• Carnet de bord
Le carnet de bord est un carnet qu’un chercheur utilise pour noter les données à chaud. Les petits détails par exemple. Nous avons utilisé ce carnet pour compléter les données qui étaient obtenues au moyen de notre téléphone intelligent lors de nos prochaines observations.

Déroulement de l’enquête
La réalisation de cette recherche se faisait en plusieurs jours. Après avoir être sûr de la pertinence des items faisant partie de notre guide d’entretien ouvert, nous nous rendions sur plusieurs sites pour collecter les données.
Premièrement nous avons entretenu avec un responsable d’université au sujet des langues en Haïti, plus précisément celle utilisée par son université pour communiquer avec sa clientèle. Nous avons eu cet entretien un samedi qui était 16 juin 2018 à 10 heures 5.
Le même jour nous étions allés voir un chauffeur de taptap pour entretenir avec lui au sujet des langues en Haïti. C’était à la station de la rue 5A à 11 heures 30 AM. Il était surtout question de savoir la raison qui guide son choix de la langue utilisée pour identifier son taptap. C’était vers 10 heures AM.
À 12 heures 40 AM, nous nous rendions à Petite-Anse, dans la ruelle Abraham prolongée afin d’entretenir avec une responsable d’épicerie. Nous lui avons demandé la raison de ce choix de langue française pour faire passer son message. Et elle nous a répondu très clairement.
Tout près de cette même maison au sein de laquelle il y avait une épicerie existait une autre affiche « 2 chambres à affermer ». Nous nous rendions auprès des habitants de cette maison pour leur parler. Ils nous ont déclarés qu’ils sont des locataires. Donc ils n’ont rien à donner comme raison ou détails appropriés.
Le jeudi qui était 20 juin 2018, nous nous rendions à une université dont nous choisissons de ne pas citer le nom, pour entretenir avec un étudiant. Il était 10 heures 45 AM.
Enfin ce même jeudi 21 juin 2018 nous avons eu un entretien avec un recteur de l’université à 11 heures AM. Ce responsable d’université était très ouvert dans sa façon d’entretenir avec nous.

Résultats
Dans le cadre de cette recherche portant sur la centralité linguistique en Haïti, nous nous donnons pour objectif de comprendre la raison pour laquelle telle langue est plus utilisée qu’une autre. Pour ce faire nous avons opté pour la méthode qualitative. L’entretien semi-ouvert a été utilisé afin de collecter les données. Dans cette partie nous allons présenter les résultats de notre enquête. Nous avons réalisé 5 entretiens ouverts. Le premier avait une durée de 5 minutes 16 secondes. Le deuxième avait une durée de 7 minutes 14 secondes. Le troisième durait 1 minute 2 secondes. Le quatrième durait 12 minutes 24 secondes. Le cinquième avait une durée de 2 minutes 29 secondes. Ainsi nous les présenterons en trois catégories suivant leur importance par rapport aux questions de recherche et à leur intérêt scientifique en général. Les résultats des catégories 1 et 2 se rapportent aux questions de recherche directement (catégorie 1) ou de façon moins évidente (catégorie 2). Les résultats de catégories 3 présentent un intérêt scientifique certain mais sans relation avec l’objectif de la recherche.

Résultats des catégories 1 et 2
A propos de la question voulant savoir quelle langue la plus utilisée dans les affiches, les enseignes, dans les institutions, et autres, nous voyons que c’est la langue française. Ce résultat est obtenu au moyen de nos observations. Nous présentons quelques images appropriées. Nous tenons à préciser que certaines d’entre elles ont été prises sous la permission de la personne responsable :










À propos de la question la première question voulant savoir la raison du choix de telle langue utilisée, nous avons récolté les réponses suivantes de la part des 5 participants :
En entretenant avec le premier participant, il a déclaré ceci :

Puis nous venons de nous libérer sur une institution supérieure de recherche et de formation, ce qui nous donne alors ISREF /, et qu’on ajoute par la suite université. Nous avons adopté ce nom. Certaines personnes voulaient qu’on la donne un nom en créole (.) , mais qui n’était pas vraiment (texte). Nos affiches publicitaires étaient obligées d’être publiées en français. [Annexe 3 : lignes 13-19, Notre traduction]

Pour argumenter, il continue pour dire que :
C’est parce que :: nous avons une population majoritairement qui ne parle pas français, mais qui souhaite voir les gens parler cette langue mot : . Nous avons déjà fait cette expérience à travers les réseaux sociaux. Quand nous faisons passer un message au nom de l’université en créole, tous nos collègues, beaucoup de gens qui nous suivent voir que c’est ridicule :: un responsable d’université qui fait passer son message sur le net en créole. Ils ne conçoivent pas cela trop bien; tandis que nous l’estimons en termes de communication, c’est l’un des meilleurs moyens qu’on peut utiliser pour arriver atteindre les gens, puisqu’ils ne comprennent pas vraiment quand on communique avec eux en français. [Annexe 3 : lignes 23-33, Notre traduction]

En poursuivant avec le deuxième participant à propos du choix de cette langue, voici ce qu’il dit : Que voulez-vous que je vous dise? On l’écrit. C’est tout. [Annexe 3: lignes145 et 146, Notre traduction]

Mais ceci ne reste pas là. Il y a quand même une raison plus pointue justifiant le choix de cette langue. C’est dans ce contexte qu’il continue pour dire que :
Ceci est écrit par l’artiste peinte. Quelle langue voyez-vous qu’on parle ? Vous ne voyez pas que c’est en français que tout se fait? Les gens se focalisent-ils sur votre langue créole? Si on peut sortir deux ou trois mots en français, on a plus envie de parler français. On va toujours avoir cette envie de parler cette langue. [Annexe 3 : lignes 175-187, notre traduction]

Parler français selon le participant va de soi pour les haïtiens. Mais pour ce qui concerne le choix de cette langue vraiment, il y reste une ambiguïté. En lui demandant de nous donner la raison d’être de cette graphie. Nous tenons à préciser que cette question a été pose au participant en créole : pensez-vous que vous attireriez plus de passager si votre affiche avait été écrite en créole ? Il affirme :
Cela veut dire que la personne qui l’a écrite ne l’aurait jamais écrite en créole. Il ne voudra jamais écrire deux mots ou deux phrases à nouveau en créole. Il l’écrit en français. Un point c’est tout. Si on demande à quelque d’écrire sur sa voiture quelque chose et qu’on ne précise pas dans quelle langue il doit le faire, il va choisir la langue dans laquelle il est plus à l’aise, c’est-à-dire la langue française. Vous comprenez? Maintenant, si vous voulez qu’il écrive en créole, vous pouvez dire écrivez-moi ça en créole. [(Annexe 3 : lignes 192-207, notre traduction]

Toujours dans notre démarche de trouver la réponse à cette question de pourquoi cette langue, non une autre pour faire passer le message, le troisième participant nous a fait part de cette réponse :
Ce que vous voyez là, c’est quelqu’un à qui j’avais parlé. Je lui ai dit, j’ai remarqué que la vente a diminué. Alors je lui ai dit écrit quelque chose afin que les passants puissent voir ce que j’ai à offrir comme produit. Je n’étais pas là lorsque la personne à qui j’avais parlé était venu écrire sur le mur ce que vous voyez là. [Annexe 3, lignes 260-268, notre traduction]

En continuant avec la même démarche, nous relevons les raisons mobilisées par un quatrième participant au sujet du choix de la langue utilisée par les institutions pour faire passe leurs messages :
C’est à cause de la colonisation française en Haïti. C’est cette même réalité est là jusqu'à présent. Vous voyez / les français / ils nous ont colonisés. Cela fait qu’on a une série de mots qu’on a, de la même façon qu’on les prononce en français, c’est presque la même chose pour le créole. Vous voyez que le système éducatif que des écoles congréganistes est pareil au système colonialiste. On toujours ce même système qui est implanté. Vous voyez, dans le système éducatif haïtien, ceux qui sont les plus privilégiés sont ceux qui ont été dans des écoles congréganistes. C’est ce qui justifie / qu’on aura toujours certaines choses qui nous viendront toujours de la France et du Canada. Ces choses-là resteront et demeurant pour toujours. [Annexe 3 : lignes 388-424, notre traduction]

Enfin pour ce qui concerne ces catégories, le cinquième et le dernier participant n’a pas hésité à donner son point de vue au sujet du choix de la langue mobilisée pour faire passer ses messages :

L’université, si vous voulez, la reforme de Bernard, si vous voulez, c’est u texte qu’on dans le monde éducatif. Il concerne le plus l’éducation secondaire MOT, c’est-à-dire sur le plan universitaire / Si vous voulez (.), de facto :: le français MOT, mais mot : alors EXTRA de luire (texte) c’est le français. Mais de facto c’est le français aussi >mot< parce que ( ) d’accord, c’est un fait que tout se fait en français. En même temps il n’y a pas un texte qui nous dit voici comment nous devons faire tout en français. Il y a un flou. Autre chose qu’il y a dans la question mo : t, comme MOT pour ce que vous venez de dire, comme c’est un gars de Fort-liberté qui a fait le sport publicitaire pour l’université, je l’avais pas dit de le faire en français EXTRA, je lui avais donné tout simplement un dépliant qui a été fait en français et puis je ai dit faites-moi ce sport publicitaire. Je ne l’avais pas dit, eh monsieur écoutez, faites-moi ce sport publicitaire en français .mot. Non
On a comme l’impression, selon le monsieur, cela va de soi. Oui cela va de soi que l’école, puis on a l’impression en Haïti parler Francis / cela veut dire cultiver. Comme l’université est un endroit par excellence où tout se fait en français, eh bien on voit que les gens ont plus tendance à se contenter de faire les choses en français EXTRA, surtout quand on va intervenir dans un endroit pour la première fois, on dit que le français est comme une lettre de créance ? Cela veut dire qu’il s’agit de votre passeport. Vous comprenez COMME que lorsque vous aurez fini de livrer cette lettre de créance mot / à ce moment on peut toujours s’exprimer en créole ? Mais d’abord c’est en français, mais moi je n’avais aucun problème avec cela [Annexe 3: lignes 438-482, notre traduction]

Vient maintenant le résultat approprié à la troisième question des catégories 1et 2 qui dit : Comment les consommateurs conçoivent-ils la langue utilisée par l’institution pour entrer en communication avec eux ?
En analysant le premier entretien avec le responsable de l’université, nous tirons ceci en termes de réponses :
Mais la population haïtienne ne tolère pas qu’on donne un nom en créole à une institution et ensuite pour faire passer un message pour cette même institution en créole. [Annexe 3, lignes 77-82, notre traduction]

En creusant un peu plus, nous arrivons à voir dans le deuxième entretien un élément de réponse à cette question :

On a plus envie de parler en français que d’utiliser la langue créole pour communiquer. On devrait éliminer cette question de français afin de parler créole. Et nous ne pourrons jamais faire une chose pareille. D’abord les colons français vivaient en Haïti : Christoph, et tant d’autres. Bon, la ville du Cap que vous voyez là fut bâtie par les français. C’est va être difficile de ne pas parler cette langue. Elle est dans notre culture. [Annexe 3, lignes 217-223, notre traduction]

Quant au quatrième participant, au sujet de cette même question, voici ce qu’il affirme :
[…] je n’aurais aucun problème avec cela. Parce que c’est un problème d’éducation qui fait que cette question de langue nous procure autant de problèmes en Haïti. [Annexe 3, lignes 293-294, notre traduction]

Pour ce qui concerne le point de vue du dernier participant à cette question de perception faite par les consommateurs, il rapporte :
Je me rappelle dans le cadre d’une intervention à fort-liberté, je dis aux gens quelle langue dois-je utiliser? Dois-je utiliser la langue française ou la langue créole? Automatiquement ils répondent en français. Parce qu’ici quand on s’exprime en français, on a tendance à être valorisé. Si on le fait en créole, on ne vous prendra pas au sérieux. [Annexe 3, lignes 454-460, notre traduction]

Nous venons de présenter les résultats faisant partie de la première et de la deuxième catégorie, c’est-à-dire ceux qui sont typiquement liés aux questions de notre recherche. Maintenant nous allons présenter ceux de la troisième catégorie, c’est-à-dire ceux qui présentent un intérêt scientifique certain mais sans relation avec nos questions de recherche.

Résultats de catégorie 3

Dans le premier entretien nous signalons certaines données susceptibles de faire progresser la science. Ces données entrent dans la ligne de recherche envisageant les politiques linguistiques et le rendement scolaire en Haïti. D’autres concernent au contraire la politique linguistique et le développement socioéconomique de la république d’Haïti. Et une dernière orientation est celle qui permet de voir la langue française en Haïti comme des disciplines scientifique.
Commençons avec la première ligne, celle des politiques linguistiques et le rendement scolaire en Haïti.
A titre de données allant dans le sens des politiques linguistiques et le rendement scolaire en Haïti, nous relevons de la part du premier participant:
Si on dispense le cours en :: créole, on donnera plus de détail (.) et les élèves vont mieux comprendre. On aura moins d’handicap aussi (.) comme c’est en français qu’ils vont subir les examens, donc / il y a là une ambiguïté linguistique MOT. Je peux le dire ainsi .MOT [Annexe 3 : lignes 47-51, notre traduction]
Dans les lignes qui suivent, il ajoute :
Lorsque je dispense le cours en français, il y a moins de fatigue pour moi ? parce que (.) le temps pour chercher à conjuguer les verbes, chercher des mots, des idées :: les idées vont écouler MOT mais lorsque je présente mon cours en créole, tout ce que je souhaitais de voir pendant la journée je le vois parce que les idées viennent beaucoup plus rapide, puis je ne me retarde pas à dire hm, eh [Annexe 3: lignes 55-62, notre traduction]
Pour le deuxième participant, il affirme :
Ce sont les écoles qui forment mal les gens / l’école nous forme très mal. Parce que si l’école nous a formés comme cela devrait être, c’est en créole qu’on devrait étudier. Il fut un temps où les livres étaient rédigés en créole. Maintenant quels genres de livres avons-nous ? Ce sont des livres qui sont rédigés en français ceci, en français cela [ Annexe 3 : lignes 244-250, notre traduction)
Le chauffeur ne met pas de l’eau dans sa bouche pour affirmer que les écoles ont une grande part de participation dans le problème du rendement scolaire à base d’un niveau de langue approprié.
Le quatrième participant avait son mot à dire aussi dans ce même constat fait par les deux premiers participants :
Un professeur qui vient dispenser son cours, même quand il n’est pas habile dans la matière qu’il dispense, une fois sa qualité de français est ok, pour les étudiants il est compétent, = cela veut dire qu’il a de la matière. Mais en réalité / quand on va au fond, même quand le professeur n’a pas de matière MOT mais si son niveau de français est acceptable, cela veut dire beaucoup aux yeux des étudiants [Annexe 3: lignes 338-370, notre traduction]
Enfin avec le dernier participant, nous voyons que:
[…] puis on a l’impression en Haïti parler Francis / cela veut dire cultiver. Comme l’université est un endroit par excellence où tout se fait en français, eh bien on voit que les gens ont plus tendance à se contenter de faire les choses en français EXTRA, surtout quand on va intervenir dans un endroit pour la première fois, on dit que le français est comme une lettre de créance ? [Annexe 3: lignes 469-475, notre traduction]

La deuxième ligne, celle de la politique linguistique et le développement socioéconomique de la république d’Haïti.
Les résultats de cette recherche sous-tendent que mettre sur pieds une politique linguistique basant surtout sur le créole pourra mieux aider Haïti à gérer son développement socioéconomique. A ce point le quatrième participant affirme :
Pour que votre langue / aie de la valeur, par exemple, là où nous somme, en Haïti, il y a des touristes qui viennent très souvent en Haïti. On a une série de chose qu’on produit. Lorsque le touriste arrive en hait, si on valorisait vraiment notre langue, il devrait débrouiller pour parler la langue, ou bien il devrait apprendre à parler cette langue depuis de chez lui. Mais ce n’est pas le cas. Quand il arrive dans notre pays il trouve quelqu’un à qui il donne $ 50 pour lui traduire tout ce qu’il veut dire. Alors là notre langue créole n’aura jamais de la valeur aux yeux des étrangers. [Annexe 3 : lignes 407-424, notre traduction]

La dernière orientation est celle qui permet de voir la langue française en Haïti comme des disciplines scientifique
Cette orientation est identifiée par les segments suivants :
Nous avons déjà fait cette expérience à travers les réseaux sociaux. Quand nous faisons passer un message au nom de l’université en créole, tous nos collègues, beaucoup de gens qui nous suivent voir que c’est ridicule :: un responsable d’université qui fait passer son message sur le net en créole. Ils ne conçoivent pas cela trop bien [Annexe 3 : lignes 27-33, Notre traduction]

Il ajoute :
Mais à quoi est-ce ça me servirait si vous me donnez un code linguistique puis on n’a aucune idée? Quand on parle en français c’est « heu / hm/ je pense que / ce que je viens de dire », puis vous passez deux heures, comme contenu notionnel, l’étudiant où l’élève n’apprend rien .mot. Mais comme c’est cela qui lui plait, on est obligé de le faire pour qu’on ne nous qualifie pas d’ignorant. Mais :: c’est lui qui va payer les conséquences mo : t car il voit moins de chose que celles qu’il devrait voir dans le programme [Annexe 3: lignes 103-113, notre traduction]

Et le cinquième participant l’a bien conçu quand il ajoute:
On a comme l’impression, selon le monsieur, cela va de soi. Oui cela va de soi que l’école, puis on a l’impression en Haïti parler Francis / cela veut dire cultiver. Comme l’université est un endroit par excellence où tout se fait en français, eh bien on voit que les gens ont plus tendance à se contenter de faire les choses en français [Annexe 3: lignes 471-473, notre traduction]


Discussion

Discussion des résultats
Notre recherche se porte sur la centralité linguistique dans les affiches publicitaires, les enseignes de commerces, les noms des institutions. Elle cerne surtout la langue créole et la langue française en Haïti. Pour cela nous nous sommes partis avec l’objectif de savoir la raison qui pousse les gens à utiliser la langue française ou la langue, ou les deux. Pour atteindre cet objectif, nous nous demandons quelle est la langue la plus utilisée au Cap-Haïtien par les institutions pour faire passer leurs messages ? Pourquoi cette langue, non pas une autre ? Comment les consommateurs conçoivent-ils le choix de langue fait par les institutions ? Les résultats obtenus au moyen de notre observation et nos entretiens ouverts nous permettent de répondre à ces questions.
La langue la plus utilisée au Cap-Haïtien par les gens pour faire passer leurs messages est le français. Car à travers toutes les rues, sur presque tous les murs, sur les affiches publicitaires, on voit que c’est la langue française qui est utilisée. Partant de nos entretiens, nous avons eu ceci comme un autre type de raison: C’est à cause de la colonisation française en Haïti. C’est cette même réalité est là jusqu'à présent (annexe 3, ligne 388). Suivant cette raison avancée par l’un de nos participants, nous ne vivons pas la langue française parce que nous l’avons voulu. Mais tout simplement parce que nous sommes obligés. Rien ne nous reste via notre volonté. Voilà pourquoi les à travers toutes les rues, dans toutes les camionnettes, on ne voit que du français, même quand dans la majorité des cas ce sont les mots qui sont français, non pas les phrases.
Si ce fait provient de l’époque coloniale, l’empreinte de la colonisation n’est pas la seule à pouvoir expliquer ce phénomène. Nous arrivons à comprendre aussi que la raison provient du système éducatif et nous citons: , c’est un fait que tout se fait en français. En même temps il n’y a pas un texte qui nous dit voici comment nous devons faire tout en français.(annexe 3, lignes 448-450).Ainsi, si les responsables, les chefs d’état ne disent rien de manière formelle sur la question de langue en Haïti, il est tout à fait normale que tout le monde fasse les choses à sa façon.
L’autre raison qui explique l’usage pointu de la langue française tient au fait aussi que dans nos têtes existe une tendance à marginaliser les choses. C’est ce qui fait qu’un participant arrive à faire cette remarque et nous l’écrivons : [...] je n’aurais aucun problème avec cela. Parce que c’est un problème d’éducation qui fait que cette question de langue nous procure autant de problèmes en Haïti. [Annexe 3, lignes 293-294, notre traduction]. Si c’est un problème d’éducation qui nous pousse à choisir le plus cette langue, il y a derrière tout ça une autre raisons, celle qui est d’ordre intellectuel : .Parce qu’ici quand on s’exprime en français, on a tendance à être valorisé. Si on le fait en créole, on ne vous prendra pas au sérieux. [Annexe 3, ligne 459, notre traduction]. Donc parler français veut dire en Haïti qu’on est cultivé. Si ceci n’est pas clair dans l’imaginaire des autres pays, pour nous autres en Haïti, si on arrive à parler français, à l’écrire, c’est déjà un signe de compétence. On est compétent si on parle français. Dans le cas contraire, on est rien, même quand on a plusieurs diplômes.
Pour la question voulant savoir concrètement pourquoi les chauffeurs, les chefs d’entreprises, les responsables d’université choisissent-ils la langue française pour faire passer leurs messages, plusieurs raisons expliquent ce choix :
La première raison vient d’une certaine exigence faite par la société dans laquelle nous vivons. Nous ne devons pas agir de manière orale ou écrite en créole, surtout quand il s’agit de la formation, du bisness. Ce pourquoi nous citons un premier argument provenant de nos résultats. Nous sommes obligés d’utiliser le français : C’est parce que :: nous avons une population majoritairement qui ne parle pas français, mais qui souhaite voir les gens parler cette langue mot : .(Annexe 3, lignes 23-25, notre traduction)
Cette raison vient certes de la rigueur de la société. Mais il y a une autre aussi qui explique que c’est aussi une stratégie utilisée par les responsables d’institutions pour acquérir leurs clients. Et cette stratégie est à la base de leur incompréhension du français. Nous citons : C’est l’un des meilleurs moyens qu’on peut utiliser pour arriver atteindre les gens, puisqu’ils ne comprennent pas vraiment quand on communique avec eux en français. [Annexe 3 : lignes 36-36, Notre traduction]. Puisque c’est ainsi, le cas peut être considéré aussi pour la personne, la société haïtienne qui ne peut pas parler ou écrire français mais qui souhaite voir les autres parler ou écrire français. Voilà pourquoi que quand on demande aux gens décrire une affiche ils le font en français. Car le faire en créole le trahirais d’ignorant ou de paresseux: Cela veut dire que la personne qui l’a écrite ne l’aurait jamais écrite en créole. Il ne voudra jamais écrire deux mots ou deux phrases à nouveau en créole.(ligne 193)
Le français est utilisé par les institutions parce que de manière formelle tout ce qu’on doit faire c’est en français. C’est aussi le cas de manière informelle : mais mot : alors EXTRA de luire (texte) c’est le français. Mais de facto c’est le français aussi >mot< parce que ( ) d’accord, c’est un fait que tout se fait en français. En même temps il n’y a pas un texte qui nous dit voici comment nous devons faire tout en français. [Annexe 3 : lignes 445-447, notre traduction].
Le choix de la langue française est aussi guidé par le fait l’enseignement, l’administration, le monde professionnel en soi est inconcevable sans le français. Voilà pourquoi si vous arrivez dans une institution et que vous ne vous a quelqu’un en français, c’est déjà une façon de minimiser votre discours. C’est vous n’êtes pas le bienvenue. Et nous ajoutons : On a comme l’impression, selon le monsieur, cela va de soi. Oui cela va de soi que l’école, puis on a l’impression en Haïti parler Francis / cela veut dire cultiver. Comme l’université est un endroit par excellence où tout se fait en français, eh bien on voit que les gens ont plus tendance à se contenter de faire les choses en français.[Annexe 3 : lignes 445-480, notre traduction]
Donc si vous ne parlez pas français, si votre annonce ne se fait pas en français, vous n’allez pas attirer le public. Donc pour vous c’est perdu d’avance. Car EXTRA, surtout quand on va intervenir dans un endroit pour la première fois, on dit que le français est comme une lettre de créance ? Cela veut dire qu’il s’agit de votre passeport. [Annexe 3, ligne 481, notre traduction]
Oublier cette lettre c’est choisir de se remettre à zéro dans sa démarche publicitaire, professionnelle, institutionnelle, ou autre.
Quant à la question voulant savoir comment les consommateurs conçoivent-ils la langue mobilisée par les institutions pour faire passer leurs messages, nous avons eu ceci comme réponse :
Les gens n’ont pas de problèmes avec la langue mobilisée par les institutions pour communiquer avec eux. Mais dans tout cela il y a un sentiment de résignation. Car ils sont pour rien. Manifester une volonté allant à l’encontre ne changera rien à cela. Donc ils sont obligés. Voilà pourquoi ils déclarent : Bon, la ville du Cap que vous voyez là fut bâtie par les français. C’est va être difficile de ne pas parler cette langue. Elle est dans notre culture. [Annexe 3, lignes 220-223, notre traduction]
Cette déclaration lasse comprendre aussi que la raison d’accepter ou de ne pas accepter est extérieure à nous. Nous ne devons dans ce cas qu’adhérer.
Mais d’autres avancent qu’ils n’ont aucun problèmes avec cela et tente de dire que même quand ça va pour lui, ce n’est pas toujours le cas pour les autres étudiants. Et selon lui, la raison de ce conflit entre la langue créole et la langue française provient exactement d’un problème d’éducation : [...] je n’aurais aucun problème avec cela. Parce que c’est un problème d’éducation qui fait que cette question de langue nous procure autant de problèmes en Haïti. [Annexe 3, lignes 293-294, notre traduction]. Suivant cette assertion, si nous aménageons vraiment les deux langues en question, à savoir le créole haïtien et le français haïtien, le conflit pourra résoudre. Par la suite nous verrons ces deux langues sur un même pied d’Égalité. Comme ça, le problème de valeur qui est à base de la capacité à pouvoir parler le français pourra résoudre, comme l’a bien signalé l’un de nos participants : Parce qu’ici quand on s’exprime en français, on a tendance à être valorisé. Si on le fait en créole, on ne vous prendra pas au sérieux. [Annexe 3, lignes 456-460, notre traduction]
Si le français et le créole sont considérés comme deux langues officielles en Haïti, dans l’imaginaire des haïtiens, ce n’est qu’une fable. Car ils savent et ils le témoignent très bien qu’ils n’iront pas loin s’ils sont armés du créole. Dans leurs têtes, le créole n’est même pas en perspective. Car c’est trop humiliant. Parler créole c’est se montrer ignorant. Et personne ne veut pas devenir ou rester ignorant.
Ainsi, tous ces résultats obtenus à l’aide des entretiens ouverts nous ont permis de voir que nos trois questions ont trouvées leur réponse. Pour ce qui concerne l’objectif de la recherche, nous arrivons à voir que les gens utilisent la langue française, au de la langue créole ou les deux, parce que le français est une lettre de créance, une façon d’obtenir plus de valeur, une façon de montrer qu’on sait des choses, une façon aussi d’atteindre le public, ou la clientèle, le cas échéant.

Analyse des résultats
Cette recherche, inscrite dans le champ du sociolinguisme, tente de lever un voile encore mystérieux en haïtien : la conception de la langue française et de la langue créole par les haïtiens. En fait, cette recherche. Comme tant d’autres, est sujet à des conséquences. Et elles sont d’ordre positif et négatif.
Les conséquences positives de cette recherche touchent premièrement le champ sociolinguistique haïtien. En effet il y a eu beaucoup de travaux qui ont été réalisé sur les langues en Haïti, mais aucune vraiment n’a tenté de voir comment les haïtiens conçoivent vraiment cette réalité. Bien entendu il existe des choses sur papier qui disent généralement ou officiellement ces deux langues sont reconnues officielles. Certains auteurs comme Hugues Saint-Fort(2013) ont fait des propositions envie de voir rangées ces deux langues sur un même pied d’égalité. Mais cette recherche, elle nous montre que cette question de deux langues n’est pas claire dans l’imaginaire des haïtiens. Car c’est une langue terre-à-terre dont on n’est pas fière d’utiliser. Cette recherche nous montre que parler créole est une preuve d’ignorance, preuve encore qu’on est démodé, qu’on est très loin d’être un intellectuel.
Les conséquences de cette recherche touchent aussi un aspect professionnel, pour ne pas dire personnel. Car nous l’avions mentionné dans l’introduction, ce travail de recherche s’inscrit dans le cadre d’un devoir ayant pour nature un essai. Dans ce sens, nous pouvons dire que certaines conséquences sont d’ordre professionnel, car elle va nous permettre de valider le cours de politiques linguistiques et éducatives en Haïti.
Une autre conséquence positive parait u fait que grâce à cette recherche, obus arrivons à comprendre l’implication de cette politique linguistique dans le rendement scolaire des élevés haïtiens.
Pour ce qui concerne les conséquences négatives, nous pouvons voir la tollé que cela va engendre. Car après les recommandations, nous envisagerons de le publier. Comme ca beaucoup de gens, des chercheurs consternés par ce phénomène consentiront un peu plus d’effort soit pour remettre en question les conclusions de notre recherche, soit pour les promouvoir. On ne sait pas trop. Donc pour ce qui concerne en gens les conséquences et négatives et positives, nous pouvons tout simplement faire des projections. Mais tout paraitra à nu après que ce texte soit lu par beaucoup de gens.


Evaluation de la recherche
Cette recherche est une recherche très originale. Parce que choisir se positionner en sociolinguiste pour réaliser un tel travail n’était pas facile. En plus de cela le terrain d’Haïti pour un chercheur, un jeune chercheur n’est pas du tout facile. Sur ce nous voudrions dire que cette recherche fait l’objet de beaucoup de points forts. En autres, nous précisons qu’elle nous permet de comprendre comment les haïtiens conçoivent le créole et le français, la raison qui l’ont poussé à opter pour le français et non pas le créole. Enfin cette recherche nous a permis de voir la langue la plus utilisée en Haïti. Il s’agit de la langue française.
Pour ce qui concerne les points faibles, nous pouvons de nos limites de ne pas pouvoir atteindre un plus grand nombre d’institution. Nous pourrions étendre plus le cadre et de voir comment ce phénomène évolue au niveau national. C’est à ce point que la généralisation des résultats de cette recherche est à penser.
Deuxième limite tient au fait que nous avons manqué de temps pour traiter plus en profondeur les données obtenues via les entretiens ouverts.
Autre point faible. Toutes les variables constituant notre sujet d’étude n’ont pas été manipulées. Dans ce cas, une nouvelle recherche peut prendre le relai afin d’aider la communauté scientifique de comprendre l’évolution de ce phénomène en Haïti.
Nous pensons relever les propos de cinq participants n’était pas tout à fait représentatif. Donc nous pensons que cela peut jouer aussi sur la généralisation des résultats de la recherche.

Conclusion
Cette étude est une étude réalisée sur les langues créole et française haïtiens. Le terrain de recherche était Cap-Haïtien. Nous avons voulu comprendre la représentation que les locuteurs capois font des langues en Haïti. Pour cela bous avons formulé, après l’état de la question, les questions suivantes : quelle est la langue la plus utilisée au Cap-Haïtien par les chefs d’entreprise, ou d’institution ? Pourquoi cette langue non pas une autre ? Quelle représentation fait la clientèle du choix de langue fait par les chefs d’entreprises pour communiquer avec eux ? Pour répondre à ces questions, nous avons procéder par la méthode d’enquête ou l’observation et l’entretien semi-directif ont été utilisés. Nous avons rencontré plusieurs participants au sein de la ville du Cap-Haïtien afin d’entretenir avec eux au sujet de notre étude. Ils étaient au nombre de cinq. Parmi eux il y avait deux responsables d’universités, un chauffeur, un étudiant, une commerçante. L’analyse et la discussion des résultats nous permettre d’affirmer que la langue la plus utilisée au Cap-Haïtien est la langue française. Les chefs d’institutions ont fait choix de cette langue parce que c’est une langue qui donne de la valeur, elle attire la clientèle. Elle est aussi une façon de se faire respecter, de montrer qu’on sait des choses. Donc qu’on est cultivé. Une autre raison justifie ce choix parce qu’il n’y a rien de sérieux qui concerne le créole, parce qu’aussi parler français est une lettre de créance, c’est comme un passeport.
Cette recherche nous permet de voir que la clientèle est plus attirée par l’institution qui fait l’usage du français pour communiquer avec elle. Car elle ne parle pas le français mais elle ne tolère pas qu’on s’adresse à elle en créole.
Ainsi, dans le cadre de cette recherche, nous n’avion pas la prétention de présenter des résultats faisant l’objet d’une grande généralisation. Car nous savons le la taille de l’échantillon n’était pas tout à fait représentative. La question se pose de savoir si le maintien de la langue française en Haïti participe de la survivance d'une ancienne aliénation coloniale, ou s'il s'agit d'un attachement profond à un héritage sacré.

Santrado CHARLES


Abstract–This article is the subject of a study carried out on the Haitian Creole and French languages. The research field was Cap-Haïtien. We wanted to understand the representation that Capois speakers make of languages in Haiti. For this, we formulated, after the state of the question, the following questions: what is the most used language in Cap-Haïtien by heads of companies or institutions? Why not this other language? What representation does the clientele make of the language choice made by business leaders to communicate with them? To answer these questions, we proceeded by the survey method where observation and semi-structured interview were used. We met with several participants within the city of Cap-Haïtien to talk with them about our study. There were five of them. Among them were two university officials, a driver, a student, a shopkeeper. Analysis and discussion of the results allow us to affirm that the most used language in Cap-Haïtien is the French language. The heads of institutions have chosen this language because it is a language that gives value, it attracts customers. It is also a way to gain respect, to show that you know things. So we are cultivated. Another reason justifies this choice because there is nothing serious about Creole, because also speaking French is a letter of credence, it's like a passport. This research allows us to see that customers are more attracted to the institution that uses French to communicate with them. Because she does not speak French but she does not tolerate that we speak to her in Creole.
Keywords: French language- Creole language- poster- institution- commerce- education

Resumen - Este artículo es el tema de un estudio realizado sobre los idiomas criollo y francés haitiano. El campo de investigación fue Cap-Haïtien. Queríamos entender la representación que los hablantes de Capois hacen de los idiomas en Haití. Para esto, formulamos, después del estado de la pregunta, las siguientes preguntas: ¿cuál es el idioma más utilizado en Cap-Haïtien por los jefes de empresas o instituciones? ¿Por qué no este otro idioma? ¿Qué representación hace la clientela de la elección de idioma que hacen los líderes empresariales para comunicarse con ellos? Para responder a estas preguntas, se procedió con el método de encuesta donde se utilizaron la observación y la entrevista semiestructurada. Nos reunimos con varios participantes dentro de la ciudad de Cap-Haïtien para hablar con ellos sobre nuestro estudio. Había cinco de ellos. Entre ellos había dos funcionarios universitarios, un conductor, un estudiante, un tendero. El análisis y la discusión de los resultados nos permiten afirmar que el idioma más utilizado en Cap-Haïtien es el francés. Los jefes de las instituciones han elegido este idioma porque es un idioma que da valor, atrae a los clientes. También es una forma de ganar respeto, de demostrar que sabes cosas. Entonces somos cultivados. Otra razón justifica esta elección porque no hay nada serio sobre el criollo, porque también hablar francés es una carta de crédito, es como un pasaporte. Esta investigación nos permite ver que los clientes se sienten más atraídos por la institución que usa el francés para comunicarse con ellos. Porque no habla francés pero no tolera que le hablemos en criollo.

Palabras clave: idioma francés- idioma criollo- póster- institución- comercio- educación

Rezime - Atik sa a se yon etid ki fèt sou lang kreyòl ayisyen ak franse. Jaden rechèch la te Cap-Haitien. Nou te vle konprann reprezantasyon moun kap pale kapo yo fè nan lang Ayiti. Pou sa, nou te fòme, apre eta kesyon an, kesyon sa yo: kisa ki se lang ki pi itilize nan Cap-Haitien pa tèt nan konpayi oswa enstitisyon? Poukisa nou pa lòt lang sa a? Ki reprezantasyon kliyan an fè nan chwa langaj lidè biznis yo fè pou yo kominike avèk yo? Pou reponn kesyon sa yo, nou te kontinye ak metòd sondaj la kote yo te itilize obsèvasyon ak entèvyou semi-estriktire. Nou te rankontre avèk plizyè patisipan nan vil Cap-Haitien pou pale avèk yo sou etid nou an. Te gen senk ladan yo. Pami yo te gen de ofisyèl inivèsite, yon chofè, yon elèv, yon machann. Analiz ak diskisyon sou rezilta yo pèmèt nou afime ke lang ki pi itilize nan Cap Haitien se lang fr
Rubrique: Divers
Auteur: Santrado CHARLES | charlessantrado@yahoo.fr
Date: 1 Mai 2020
Liste complète des mémoires et travaux de recherche