Les Micro Petites et Moyennes Entreprises (MPME) haïtiennes face aux défis de la planification budgétaire.de Pierre Max Gabriel Laneau| JobPaw.com

Les Micro Petites et Moyennes Entreprises (MPME) haïtiennes face aux défis de la planification budgétaire.


Cet article veut montrer aux dirigeants des Micro, Petites et Moyennes Entreprises d’Haïti, que la planification budgétaire est un outil essentiel de performance.
Article # 2
Auteur : Pierre Max Gabriel LANEAU
Date de publication : 01 Novembre 2018

LES MICRO PETITES ET MOYENNE ENTREPRISES (MPME) HAÏTIENNES FACE AUX DÉFIS DE LA PLANIFICATION BUDGÉTAIRE


Dans une entreprise, comme dans bien d’autres organisations, les dirigeants cherchent à réunir les moyens d’avoir le contrôle sur l’organisation qu’ils dirigent, c’est-à-dire d’en avoir la maitrise.
On dit en effet qu’une ou plusieurs personnes disposent du contrôle si elles ont la maitrise des décisions, des actions, des comportements, des évènements (et/ou de leurs conséquences) qui conditionnent l’atteinte des finalités poursuivies par ces personnes ou groupe de personnes, que ces finalités aient été définies par elles-mêmes ou par d’autres (extrait de H. Bouquin (1991), chapitre 1).
La recherche du contrôle, ou tout au moins, la recherche de la maitrise du contrôle dans l’entreprise, est soumise à des principes de management fondamentaux. Parmi ces principes, la planification budgétaire qui est une composante de la gestion budgétaire en est un. Et c’est à ce niveau que nous allons positionner cet article, les Micros, Petites et Moyennes Entreprises (MPME) haïtiennes qui depuis leur premier âge ont connu de sérieux défis qui handicapent leur performance.
Si à travers le monde les MPME procurent plus de la moitié des emplois formel , en Haïti, elles favorisent plus de 90% des emplois. Cependant, ces entreprises qui contribuent largement à la croissance de l’l’économie haïtienne ne fonctionnent même pas à 60% de leur performance. La pratique de la planification budgétaire reste encore un défi pour ces entreprises, ce qui les empêche d’avoir une bonne connaissance sur leur véritable potentialité.
A travers une enquête menée auprès de cinq entreprises privées du pays dans quatre secteurs d’activités différentes (secteur : Agro-alimentaire – 2 ; Commerce de gros et détail – 1 ; Restauration -1 ; service de consultation -1) nous avons pu découvrir les différentes contraintes internes et externes qui fragilisent cette pratique.
Les informations reçues à travers des responsables de cinq entreprises suscitées laissent croire que les défis de la planification sont très grands au niveau des MPME.
Monsieur Nicolas est le Responsable Financier d’une PME agroalimentaire ayant un chiffre d’affaire annuel en moyenne de 41 million de gourdes. L’interroger sur l’importance et l’existence de la planification budgétaire au sein de l’entreprise qu’il fait partie, il explique ouvertement combien cet outil est important pour la vie d’une entreprise mais pour eux autres, c’est un défi que son entreprise veut relever dans les années à venir puisque le non-respect des choses planifiées diminuent la performance de l’entreprise et empêche de prendre de bonne décision. L’entreprise a fait durant ces deux dernières années des planifications budgétaires, mais par manque de ressources humaines, les plannings n’ont jamais eu de suivi et d’évaluation. Pour le moment, afin d’avoir le contrôle sur les opérations, la direction développe un outil de contrôle à travers un tableau de cash-flow, ce dernier nous permet de contrôler au jour le jour les différentes opérations de l’entreprise. Bien qu’il ne soit pas totalement efficace, mais nous nous arrangeons de solutionner certain problème interne avant de concevoir un budget directeur et d’assurer un bon suivi et évaluation pour dynamiser notre performance.
Quant à Monsieur Bien Aimé, Manager d’une PME Agroindustriel avec un chiffre d’affaire moyen annuel de 29 million de gourdes décrit une situation nettement différente de Nicolas. Pour l’entreprise dont il est le Manager, le budget n’est pas une priorité, bien qu’il reconnaisse le bon côté de cet outil, mais il nous confie que l’entreprise n’est pas prête pour prendre en compte les exigences de la planification budgétaire périodique. Il nous faut une personne pour assurer la gestion budgétaire c’est-à-dire planifier, organiser, diriger, contrôler et évaluer. Malheureusement nous ne sommes pas prêts pour cela. Pour le moment, à travers une structure des couts que nous avons développés, nous permet de mesurer nos marges en prenant en compte les différents comptes d’exploitation de l’entreprise.
Madame Sylvain, Administratrice et Associée d’une PME commerciale, quant à elle, établir des budgets périodiquement pour avoir le contrôle de la performance de son entreprise est une perte de temps. Pour elle qui est dans le commerce, elle est obligée de jouer chaque semaine avec les prix. Quand ce n’est pas le dollar qui crée de la panique c’est le carburant, quand ce n’est pas l’inflation qui diminue le pouvoir d’achat des clients et qui nous met dans l’obligation de repenser certaine chose c’est la situation socio-économique du pays. Le pays est totalement instable et il est inconcevable de penser à la planification budgétaire dans un environnement totalement instable. Oui c’est bien de fonctionner avec des budgets. Pour ma part je devrais avoir un budget de vente, un budget d’achat de marchandise, un budget de frais administratifs, un budget de caisse, après quoi dresser un état prévisionnel des résultats sans même envisagé d’autre composante de l’exigence du budget global. Mais malheureusement je n’ai pas de temps pour toutes ces choses-là et je ne suis pas prête à m’investir là-dedans. Je me contente uniquement à avoir une maitrise de mes couts fixes tout en envisageant de les diminuer et aussi de viabiliser d’autre cout afin d’avoir une certaine stabilité dans mes marges.
Monsieur Saint-Vil, lui, il est Economiste, il est propriétaire d’un restaurant qui lui rapporte annuellement environ 3.5 million de gourdes. Pour lui, un chef d’entreprise qui ne planifie pas ces activités économique est comme une personne sans vision qui ne voit que le présent sans ce souci de l’avenir. Saint-Vil raconte que son petit restaurant a grandi, et c’est grâce à ses multiples planifications qui lui permirent de croitre au jour le jour. Pour lui budgétisé ses opérations c’est d’avoir le contrôle sur les couts qui doivent être engagés et aussi de remarquer des choses non budgétisées. On ne peut pas être chef d’entreprise sans penser à avoir le contrôle de la vie de l’entreprise. Bien qu’il ne nie pas tous les contraintes que cette planification peut avoir, mais il avance que l’entreprise doit avoir une solution de rechange à chaque problème rencontré car le monde des affaires n’est pas linéaire.
La dernière personne côtoyée dans le cadre de cette petite enquête sur l’appréhension des dirigeants d’entreprise vis-à-vis du concept de la planification budgétaire est Monsieur Toussaint, lui il est fondateur d’une firme de consultation en management, il travaille aussi pour une organisation internationale comme expert en étude de marchés pour des petites entreprises. Pour M. Toussaint, il avoue que la majorité des MPME haïtiennes n’a pas la pratique de planification à moyen et long terme. Les dirigeants d’entreprise se contente à faire des choses sur le très court terme sans pensés à fixer des objectifs à court, moyen et long terme dans une perspective de croissance et de renforcement de performance. Selon lui, il n’y a pas que les entreprises haïtiennes qui éprouvent des difficultés dans cette pratique, à travers le monde, la planification budgétaire représente un défi pour les dirigeants des MPME. Toutefois, chez nous, les contraintes internes comme les manques de ressources humaines qualifiées pouvant remettre des travaux efficaces pour la prise de décision stratégique sont à considérer. Les contraintes externes sont aussi déterminantes. La fluctuation des devises, le carburant qui monte, les troubles socio-politiques du pays décourage bon nombre de dirigeant dans cette pratique.
Ces déclarations nous permettent de comprendre la situation des MPME haïtienne dans la pratique de la planification budgétaire. Toutes les entreprises montrent qu’elles ont des problèmes, mais toutes utilisent d’une manière ou d’une autre cet outil. Ce qui nous laisse à croire qu’au-delà des difficultés internes ou externes, les dirigeants des MPME ne souhaitent jamais perdre de vue le contrôle de ces activités. Comme il a été mentionné au début, le but d’un budget c’est d’avoir la maitrise de ces couts afin de savoir quand, comment et pourquoi prendre X décision au lieu et place de Y.
Les MPME haïtienne d’aujourd’hui doivent comprendre que la planification budgétaire est un outil essentiel de performance. Il est clair que l’instabilité socio politico économique du pays joint avec les incertitudes de toutes sortes ont une grande incidence sur les activités économiques, mais en aucun cas elles ne peuvent nous empêcher de grandir. Bien que cet article ne prévoie pas de méthode exacte pour monter un budget directeur que ce soit pour une entreprise industrielle, commerciale ou de service, mais la structure du budget peut varier d’une entreprise à une autre tout dépend de ce que les dirigeants veulent obtenir.
Toutefois, une seule chose est certaine et universelle : on fait de budget pour avoir le contrôle, pour avoir la maitrise. Votre entreprise vaut mieux que vous le pensiez, cessez de faire les routines de chaque jour, fixez de plus grands objectifs d’affaire, pensez à bâtir des budgets ambitieux et vous serez différentes !



Pierre Max Gabriel LANEAU
Professionnel Comptable & de Management
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Rubrique: Divers
Auteur: Pierre Max Gabriel Laneau | pmglaneau@gmail.com
Date: 16 Nov 2018
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