Elections Americaines et la crise du systeme Capitaliste.de Marc Alain BOUCICAULT| JobPaw.com

Elections Americaines et la crise du systeme Capitaliste.


Il s'agit d'un editorial que j'ai presenté au Club ECHO du CTPEA le Samedi 31 Janvier 2008.
Le sujet est le suivant:« Barack Obama à la maison blanche, peut on parler d’un vent d’espoir pour un système en crise ? »
« Barack Obama à la maison blanche, peut on parler d’un vent d’espoir pour un système en crise ? »

Après une assez longue période de campagne électorale, les Etats-Unis d’Amérique ont finalement révélé officiellement à la planète toute entière le 20 janvier dernier leur 44eme Président : Barack Hussein Obama. Ce jeune afro américain âgé de 47 ans a fait la une des journaux à travers le monde. Beaucoup voient en lui un symbole de réussite, un modèle à suivre ou encore le messie envoyé par Dieu.
En dépit de toutes ces considérations bienfaisantes faites à son égard. Il n’est pas moins important d’attirer l’attention sur le fait que ce 44eme Président arrive au moment où les USA et le reste du monde sont frappés par une crise systémique. La crise actuelle a montré une fois de plus la fragilité du système capitaliste. La question qu’il faut se poser alors devient évidente: Barack Obama pourra t-il apporter une réponse à la hauteur des attentes de la population mondiale ?
Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Bien plus que le modèle à suivre, il faut un homme capable de rassurer un monde qui est entrain de remettre en question les fondements d’un système vieux maintenant d’environ 600 ans. Si le système capitaliste, depuis son émergence, a permis d’accroître les richesses de ce monde de manière accélérée, il a également généré les plus grandes guerres, les crises les plus sombres et les disparités les plus significatives que nous n’avons jamais connues.
Aujourd’hui les effets pervers de ce système se matérialisent encore a travers les quatre (4) grandes crises qu’il a générées : une crise économique, sociale, politique et environnementale.
La crise économique qui au début avait pris la forme d’une simple crise financière, a très vite éveillé les inquiétudes quand l’économie américaine est rentrée en récession. Puis, sur cette même lancée, l’activité économique a ralenti dans les principaux pays européen et au Japon. Cette crise économique qui touche maintenant la plupart des pays de la planète, trouve ses antécédents et ses éléments de propagation dans le système lui-même. Ce dernier a permis à un groupe d’individus de s’enrichir rapidement au détriment d’un autre groupe - ce qui n’est pas nouveau dans l’histoire du système capitaliste. Mais c’est surtout cette tendance à la mondialisation des économies, qu’il connaît depuis le début des années 80, qui l’a rendu plus vulnérable. Cette interconnexion des économies, qui avait dans un premier temps favorisé le boom des échanges internationaux, a permis au moment du retournement que les crises frappant les économies leader comme les Etats-Unis atteignent aussi les autres, contribuant ainsi à les affaiblir plus rapidement et plus profondément, créant du chômage et de l’inflation à l’échelle internationale. Au final le système est actuellement entrain d’appauvrir la planète.
Existant bien avant la crise économique, mais qui sans aucun doute va s’amplifier avec cette dernière, la crise sociale ronge le monde actuel. Le système capitaliste est caractérisé par une carence d’éthique et de morale grave. C’est la loi du profit qui domine au détriment des valeurs socioculturelles. L’exploitation des masses populaires, la corruption des gouvernements, le crime, la mode, le divorce et l’homosexualité s’institutionnalisent de plus en plus. Ajouté à cela, 1.8 million de nouveaux chômeurs sont venus grossir le lot de "rien à faire" aux USA l’année dernière. Selon le journal Le Monde, le taux de criminalité qui baissait aux USA, au Canada et en France depuis 1993 est reparti à la hausse depuis 2005.
Aujourd’hui nombreux sont ceux qui pensent que le monde est au seuil d’une troisième guerre mondiale. Les mauvaises décisions en matière de politiques internationales ont en effet contribué à l’installation d’une tension entre le Moyen Orient et le reste du monde. N’est-ce pas là le résultat d’une mauvaise mondialisation ? Une mondialisation qui, au lieu d’interconnecter toutes les économies du monde, n’a fait que créer trois grands pôles économiques : L’Europe, l’Asie et l’Amérique, excluant ainsi l’Afrique et le Moyen Orient. Ne faut-il pas encore blâmer cette lutte acharnée pour le profit ?
Enfin, le problème le plus récent de l`histoire: le réchauffement de la planète. Ce danger, conséquence des externalités négatives générées par l’exploitation capitaliste, a retenu l’attention du monde pendant toute l’année 2008. Des sommets internationaux aux petits devoirs de recherches en salle de classe, tout un tas d’activités de réflexion ont été organisées afin de trouver une porte de sortie à cette crise environnementale qui ne cesse de menacer la survie même de l’Homme sur terre. Toujours n’est-il que rien de concret n’a été fait. L`accord de Kyoto n a pas quitter le Japon.

Tout compte fait, la situation n’est pas des plus réjouissantes pour un chef d’Etat américain. Cette quadruple crise générée par le système capitaliste l’a mis à bas. Un chercheur au département de sociologie de l'université de Yale aux USA, Mr Immanuel Wallerstein, parle même de la fin du système capitaliste et par la même occasion de la fin de l’hégémonie américaine
Peut-on parler d’un vent d’espoir avec la venue de Barack Obama ?
Comparé aux huit (8) années antérieures de l’Administration Bush, en grande partie responsable du déclin du système, le groupe Obama bénéficie de deux atouts importants capables de reconduire ce système vers de meilleures performances.
D’une part il y a la popularité du chef d’Etat. Barack Obama, selon le MAGAZINE Forbes, a été l’homme le plus populaire du monde en 2008. Ses origines diverses lui donne une nature cosmopolite et son charisme retient l’attention. Il a donc pour lui les oreilles et le cœur du reste du monde. Deux éléments importants lors des négociations internationales.
D’autre part son parti, le parti Démocrate, a gagné les élections avec un programme qui répond nettement mieux à la situation d’urgence a laquelle fait face le système. En effet on y retrouve des éléments de réponses à chacune des crises confrontées.
Pour faire face à la crise économique le président à présenté un plan qui permettra de créer et de sauvegarder 3 millions d’emplois dans le court terme en vue de relancer la demande aux USA. Il s’agit bien d’un retour au keynésianisme et à ses effets multiplicateurs. Sur le plan social des programmes de financement de l’éducation et de la santé seront mis en branle aux USA et une redéfinition des rapports Nord-Sud a été annoncée lors du discours d’investiture. Le président a également annoncé le retrait progressif des troupes américaines basées en Irak et en Afghanistan. Et enfin face aux problèmes de réchauffement climatique le gouvernement promet d’investir beaucoup plus d’argent afin de développer des sources d’énergie alternatives moins polluantes que le pétrole.
Il est vrai qu’un tel programme, présenté ici en Haïti aurait vite été ironisé. Les économistes diraient tous que le gouvernement n’a pas les moyens d’une telle mise en place. Ils n’ont pas tort. Mais n’oubliez pas que nous parlons des USA, jusqu'à présent le pays le plus riche et le plus puissant de cette planète. Le président est actuellement entouré des chercheurs les plus éminents de ce globe.
Une chose est sûre, la réponse qui sortira de cette administration ne sera pas sans conséquence sur le reste du monde.
Êtes-vous, comme le premier ministre de la Russie, Vladimir Poutine, de ceux qui ne croient que les plus grandes déceptions naissent de grands espoirs ? Pensez-vous comme Mr Immanuel Wallerstein que la fin du système capitaliste est proche ? Encore une fois, une chose est certaine, l’avenir de ce système se joue maintenant avec cette nouvelle administration et la variable la plus pertinente de ce modèle est sans doute la volonté de ses dirigeants. Pas la volonté de s’attacher à un système en déclin, mais la volonté de l’améliorer en vue d’offrir une vie meilleure aux générations à venir.

Echo.Avancé Marc Alain BOUCICAULT

Rubrique: Economie
Auteur: Marc Alain BOUCICAULT | maboucicault@yahoo.fr
Date: 31 Jan 2009
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