L'instabilité macroéconomique en Haïtide P. mondy| JobPaw.com

L'instabilité macroéconomique en Haïti


L'instabilité macroéconomique peut avoir des effets néfastes sur l'économie d'un pays, ce qui est le cas d'Haïti. Elle influence négativement la distribution du crédit, ce qui influence les investissements et par suite la croissance économique. Le gouvernement se doit d'agir sur cette variable pour faciliter ou encore encourager la croissance économique dans le pays.
La stabilité macroéconomique a une influence positive sur l’économie, car elle touche toutes les variables fondamentales de l’économie. Elle favorise l’investissement par l’intermédiaire du bon déroulement des projets et donc leurs rentabilités ; le développement du marché du crédit, puisqu’elle permet aux investisseurs de trouver les fonds nécessaires à leurs investissements. Par contre l’instabilité macroéconomique, phénomène courant dans les PED a des effets contraires sur l’économie et affecte négativement le niveau de production de biens et services dans l’économie et par suite la consommation des ménages.
L’instabilité macroéconomique est un concept qui n’a pas été pris en compte dans les différentes études sur la croissance économique d’un pays mais ce concept à toute son importance dans les PED qui sont soumis à un tel facteur et qui peut influencer leur produit intérieur brut. En effet, ces différentes études ont été menées dans le cadre des pays développés qui sont moins exposés à ce phénomène qui pourtant constitue un élément caractéristique des pays en voie de développement tel qu’Haïti.
L’instabilité macroéconomique se réfère à une notion qui désigne les déséquilibres macroéconomiques d’un pays. Ce concept a été étudié par plusieurs auteurs qui se sont surtout intéressés à l’instabilité de la consommation et de la production. L’intégration financière devrait permettre la réduction de l’instabilité puisque les études empiriques montrent que les pays qui sont peu intégrés dans la mondialisation, il y accroissement de l’instabilité au niveau de la consommation et de la production. Pour bénéficier de l’amélioration de la stabilité macroéconomique les pays doivent édifier un système financier solide avant d’entreprendre la libéralisation de leurs économies. Lorsque des chocs négatifs ont frappé ces pays, ils ont déstabilisé leurs économies leur rendant ainsi instables.
En Haïti, l’instabilité macroéconomique est mesurée en tenant compte de trois variables qui sont l’indice dimensionnel du taux d’ouverture, l’indice dimensionnel du taux d’inflation et l’indice dimensionnel du taux de change. A partir de ces trois indicateurs on établit un indice unique d’instabilité macroéconomique tout en accordant le même poids . L’évolution de cet indicateur nous montre que cet indicateur relativement stable durant la décennie 70 et la première moitié de celle de 80, a augmenté de manière significative à partir de 1986. Cette augmentation est essentiellement due à l’inflation qui a atteint les 30 % lors de l’embargo. Dans le même temps le taux de change a également augmenté puisque l’Etat Haïtien avait décidé de mettre fin au régime de taux de change fixé à cinq (5) gourdes pour un dollar. Le taux d’ouverture de l’économie a aussi augmenté avec les programmes d’ajustement structurels du FMI. Cet indicateur atteint un pic de 0.90 en 2003 à cause de l’inflation qui atteint un pic de 40 % compte tenu de la situation de crise politique aiguë qu’a connu le pays durant la période 2001-2003.
Cette situation d’instabilité globale que connaît le pays durant la période sous étude n’est pas sans conséquence sur le marché du crédit. En effet, un cadre macroéconomique stable favorise l’investissement et donc le développement du crédit. Dans le cas contraire les emprunteurs ne sont pas intéressés à emprunter surtout lorsque l’inflation est important, ce qui est le cas d’Haïti, diminuant la rentabilité des prêts. Les institutions financières ne sont donc pas intéresser à octroyer des crédits mais plutôt à réaliser des opérations de change et à investir dans des bons du trésor en Haïti ou à l’étranger comme c’est le cas d’UNIBANK où le volume de prêt net pour l’exercice terminé le 30 septembre 2003 est 3.817 milliards de gourdes tandis le volume de ses placements aux Etats-Unis pour le même année est de 2.694 milliards de gourdes sans compter les titres de participations qu’elle détienne dans des entreprises haïtiennes et qui s’élèvent à 2.61 millions de gourdes qui additionné ensemble donne un investissement global de 2.9 milliards de gourdes qui est très proche du volume global des prêts. Ce qui montre là l’aversion pour le risque des banques du système financier formel qui maintiennent une part très importante de leur portefeuille dans des actifs « sûrs » dans des pays qui ne sont pas soumis à l’instabilité macroéconomique.
De nos jours l’instabilité économique devrait connaître une nette augmentation lorsqu’on la situation d’inflation que connaît le pays qui est causé par l’augmentation des cours des produits pétroliers et de la rareté des biens de consommation due aux différentes tempêtes tropicales Fay, Gustav, Hanna et Ike, où les dégâts dans le secteur agricole sont très importants dans plusieurs zones du pays tels que Arcahaie, la plaine des Cayes, la plaine du Cul-de-Sac, ce qui aura pour impact d’aggraver l’insécurité alimentaire dans le pays, renchérissant ainsi le prix des produits locaux d’où un manque de compétitivité prix des produits d’Haïti par rapport aux produits étrangers. Il convient de considérer également la chute de la gourdes par rapport au dollar qui s’échange actuellement à trente neuf (39) gourdes pour un (1) dollar. Ces éléments vont entraîner une dégradation de la situation macroéconomique du pays qui est instable.
Cette situation d’instabilité que connaît le pays depuis plusieurs années devrait être pris en compte dans les politiques de développement par le gouvernement puisqu’elle ne favorise pas l’investissement qui est un pilier de la croissance économique à moyen terme et du développement à long terme. L’Etat se doit d’attaquer les trois éléments qui sont pris en compte dans cet indicateur comme étant des sources d’instabilité macroéconomique. Les politiques économiques devraient réduire la dépendance vis-à-vis de l’extérieur en finançant des projets d’agriculture, d’industries locales qui réduiront nos importations, notre dépendance extérieure, ce qui aura un impact positif sur l’inflation locale qui provenir d’autres pays dont les Etats-Unis notre principal partenaire commercial. La BRH de son côté se doit de renforcer son contrôle de la monnaie, du crédit et donc de mieux combattre l’inflation. Une politique environnementale claire devrait être mise en œuvre pour réduire la vulnérabilité par rapport aux catastrophes naturelles. Ces quelques éléments permettront la réduction de l’instabilité macroéconomique et attirera de nombreux investissements qui seront bénéfiques pour le pays qui en a tant besoin.

Mondy P., Economiste
mondyp@ymail.com
DES en Economie Appliquée
Master II Recherche (DEA) en
Analyse et Politique Economiques Approfondies
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Rubrique: Economie
Auteur: P. mondy | mondyp@ymail.com
Date: 1 Nov 2008
Liste complète des mémoires et travaux de recherche