Fossé numérique en Haïti, quelles solutions?de PROMOTIC| JobPaw.com

Fossé numérique en Haïti, quelles solutions?


Introduction
Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) améliorent énormément la situation de l’humanité, créent des emplois, de nouvelles richesses, ouvrent de nouvelles voies, mais créent également des déséquilibres, des fossés et même des disparités énormes entre les gens du Nord et du Sud, entre les citoyens d’un même pays. La disponibilité du service téléphonique et de l’accès à Internet indique le niveau de développement technique et économique d’un pays. Quelle est la situation d’Haïti ?

Définition
On utilise le terme « fossé numérique » ou « fracture numérique » pour décrire les écarts en matière de connectivité. La fracture numérique est la disparité d’accès aux technologies informatiques, notamment Internet.
Cette disparité est fortement marquée d’une part entre les pays riches et les pays pauvres, d’autre part entre les zones urbaines denses et les zones rurales. La fracture numérique concerne les inégalités dans l’usage et l’accès aux technologies de l’information et de la communication (TIC) comme les téléphones portables, l’ordinateur ou le réseau internet. La fracture ne représente donc qu’une toute petite partie de l‘ensemble des inégalités de développement.

D'une manière générale, le fossé numérique peut être défini comme une inégalité face aux possibilités d'accéder et de contribuer à l'information, à la connaissance et aux réseaux, ainsi que de bénéficier des capacités majeures de développement offertes par les TIC. Ces éléments sont quelques-uns des plus visibles du fossé numérique, qui se traduit en réalité par une combinaison de facteurs socio-économiques plus vastes, en particulier l'insuffisance des infrastructures, le coût élevé de l'accès, l'absence de formation adéquate, le manque de création locale de contenus et la capacité inégale de tirer parti, aux niveaux économique et social, d'activités à forte intensité d'information.
Cette disparité entre les nantis et les démunis en matière d’accès à l’Internet est l’objet de beaucoup de débats sur la scène internationale. Un homme a un téléphone cellulaire, un téléphone à la maison, un téléphone au bureau, en plus de cela il a accès à Internet au bureau et à la maison alors que son compatriote n’a jamais placé un appel ni reçu un appel, il ne s’imagine même pas ce qu’est l’Internet.
Le fossé numérique est donc une adaptation, une projection, un reflet du fossé social dans le monde des nouvelles technologies de l’information et de la communication, donc dans le monde du numérique.

Critères d’évaluation
Autrefois, on évaluait le niveau d’accès et de développement technique et économique d’un pays par rapport au nombre de téléphones par centaine d’habitants, d’où la notion de teledensité (nombre de téléphones par centaine d’habitants). A l’heure actuelle, certains pays ont une teledensité de 120 %, donc 120 téléphones pour 100 habitants. On utilisait également le taux de pénétration du téléphone filaire, du téléphone cellulaire et des ordinateurs, notamment dans les foyers. Ces critères donnaient une image de la situation, mais un nouvel indice, savoir l’indice d’Accès numérique (IAN) ou en anglais Digital Access Index (DAI) était envisagé par l’union internationale des Télécommunications pour avoir une idée plus claire de l’accès et de l’évolution des nouvelles technologies dans le monde. Au regard de cet indice, certains pays étaient très bien quottés en 2003 avec un IAN de 0.8 pour la Suède (niveau d’accès excellent), de 0.69 pour l’Irlande (niveau d’accès bon), de 0.49 pour le Belarus (niveau d’accès moyen), de 0.04 pour le Niger (niveau d’accès faible).
L'indice d'accès numérique (DAI) mesure, dans un pays, la possibilité globale qui est donnée aux particuliers d'avoir accès aux technologies de l'information et de la communication et de les utiliser. Cet indice se compose de huit variables réparties en cinq catégories. Chacune de ces variables est convertie en indicateur dont la valeur se situe entre zéro et un, après division de la variable par la valeur maximale "théorique". On affecte ensuite à chaque indicateur dans sa catégorie un coefficient de pondération et on établit une moyenne des valeurs ainsi obtenues pour avoir la valeur globale de l'indice DAI.
Infrastructure : Nombre d’abonnés au téléphone fixe pour 100 habitants, nombre d’abonnés au téléphone cellulaire mobile pour 100 habitants
Accessibilité économique : Prix de l'accès à l'Internet en pourcentage du revenu national brut par habitant)
Education : Alphabétisation des adultes, Scolarisation, niveaux primaire, secondaire et supérieur confondus
Qualité : Largeur de bande Internet internationale (en bits) par habitant, Nombre d'abonnés au large bande pour 100 habitants
Utilisation : Nombre d'utilisateurs de l'Internet pour 100 habitants.
Situation Haïtienne
En Haïti, les statistiques permanentes sur le secteur ne sont pas à jour, mais des approximations sont permises.
Les quatre opérateurs de téléphonie opérant sur le marché haïtien fournissent au total environ 3200000 lignes (fixes et mobiles), soit une teledensité de 37 %, ce qui équivaut à 37 téléphones pour 100 habitants. Le taux de pénétration des ordinateurs est très bas, et beaucoup de raisons peuvent expliquer cette situation. Le faible pouvoir d’achat des habitants et le manque d’intérêt d’une couche de la population pour les nouvelles technologies constituent des obstacles.
L’indice d’accès numérique mesuré pour Haïti en 2003 était de 0.15, ce qui montrait la situation lamentable d’Haïti en matière d’utilisation des technologies de l’information et de la communication.
Très peu de foyers ont un ordinateur, et très peu de professionnels possèdent un lap top. Ces restrictions empêchent le développement des nouvelles technologies en Haïti. La teledensité haïtienne n’est pas une image réelle puisqu’il y a des gens qui possèdent 3 téléphones. Dans ce calcul, on dirait que 37% de la population est muni d’un téléphone, mais la réalité est tout autre. Il s’agirait en fait de 20 % de la population qui a accès au service téléphonique, car un pourcentage élevé a une ligne fixe et des portables.
La teledensité est nettement améliorée avec l’arrivée de ces trois opérateurs en Haïti ; avant la teledensité était de 0.9, soit 0.9 téléphones pour 100 habitants (pas même un téléphone pour 100 habitants).
L’indice d’accès numérique d’Haïti peut lui aussi connaître une augmentation sensible en raison de la disponibilité des services, d’un certain engouement de la population et de la nécessité d’utilisation de ces outils imposée par un besoin quelconque.
Le taux de pénétration des ordinateurs se voit augmenter en raison de la montée des services issus des nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Les téléphones, les ordinateurs, l’Internet et autres sont pour la plupart du temps disponible à port au prince. Quelques villes de province sont desservies de façon très limitée surtout en matière d’Internet. Ainsi, on peut conclure qu’on assiste à une concentration des services à port au prince, ce qui est une source d’une autre fracture au niveau d’Haïti.
Les gens accèdent à l’Internet depuis leur travail, leurs universités, leurs écoles, dans des cybercafés ou ailleurs. Un faible pourcentage de la population a une connexion à l’internet à la maison. La réduction de la fracture numérique ne peut pas se faire sans un niveau de service et d’accès universels acceptable pour les haïtiens.

Obstacles à l’accès
Beaucoup de causes peuvent être considérées comme obstacles au développement et à l’accès aux nouvelles technologies en Haïti : rationnement électrique, réglementation, infrastructure limitée, faible pouvoir d’achat des habitants, analphabétisme, absence d’une politique nationale du développement du secteur des NTIC, Ressources humaines non qualifiées, etc.

Stratégies
Les nations unies, l’union internationale des Télécommunications et d’autres institutions internationales sont très conscientes du fossé et expriment le désir de donner l’accès à l’information à tous. Beaucoup de projets et de plan ont été ainsi proposés. Une institution a même proposé de mettre à la disposition des enfants et des jeunes des pays en voie de développement un laptop au prix de 100 dollars américains (one laptop per child). Dans le cas d’Haïti, le secteur de la téléphonie peut se développer au fur et à mesure grâce aux investissements privés. Mais le nœud gordien reste l’accès à l’Internet, pour y faire face il faudrait que les fournisseurs de service Internet gagnent les villes de province, et pourquoi pas dans les zones les plus reculées du pays pour faire la promotion et la vente de service.

Recommandations
Les écoles, universités doivent être munies d’accès à Internet
L’accès à Internet dans les lieux publics pourrait être subventionné pour encourager les jeunes
La mise en place de télé centres dans toutes les communes
La fourniture de service de téléphonie dans les zones reculées du pays
Une politique de développement du secteur des nouvelles technologies
etc

Conclusion
Les nouvelles technologies de l’information envahissent notre quotidien, nul ne peut oser vivre décemment sans y avoir recours. Qu’il s’agisse des soins de santé (telemedecine), des entreprises numériques ( e-business, e-commerce), de l’éducation (on line learning), du loisir, etc. Il devient indispensable d’avoir accès et d’en faire usage à un niveau ou à un autre.
Dans le monde virtuel qu’on vit aujourd’hui, on affirme que le droit à l’information est un droit à part entière comme le droit à la protection. On ne sait pas à l’heure actuelle si Haïti a bougé de sa position de 152ème sur 178 pays suivant le classement UIT de 2003. Si les élèves, les étudiants de cette génération sont initiés à l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication, Haïti pourra se rattraper dans les cinq prochaines années dans le classement. Les décideurs doivent comprendre que dans le monde actuel, les nouvelles technologies sont le vecteur incontournable du développement.
Qu’est ce qui va être fait pour améliorer l’indice de développement humain d’Haïti dans le classement du programme des nations unies pour le développement (PNUD) et pour l’atteinte des objectifs du millénaire qui sont tributaires des nouvelles technologies ?



Gregory DOMOND, Ing. M.Sc
E-mail :gregorydomond@hotmail.com
Rubrique: TIC
Auteur: PROMOTIC | gregorydomond@hotmail.com
Date: 23 Juil 2008
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