La dégradation de l’environnement d’Haïti la conduira-t-elle à sa disparition ?de P. mondy| JobPaw.com

La dégradation de l’environnement d’Haïti la conduira-t-elle à sa disparition ?


C'est un article qui présente les conséquences possible de la dégradation de l'environnement d'Haiti sur son avenir.
La dégradation de l’environnement constitue un problème grave qui a des impacts négatifs sur l’avenir ce pays. Elle comprend plusieurs aspects : le déboisement et son corollaire l’érosion, les catastrophes naturelles, la pauvreté, la gestion des déchets, … Cette situation, comme nous le savons tous aura de sérieuses répercussions sur notre vie, notre santé et notre niveau de vie.
L’une des conséquences de la détérioration de l’environnement d’un pays a été mis en exergue par l’auteur américain Jared Mason Diamond, biologiste, physiologiste et professeur de géographie à l'Université de Los Angeles (UCLA), qui a publié un ouvrage en 2005 intitulé « Collapse : How Societies choose to fail or succeed » et traduit en français en 2006 sous le titre « Effondrement : Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie ». Dans cet ouvrage l’auteur étudie comment certaines civilisations ou peuples sont responsables de leur disparition à cause de leurs actions sur l’environnement de leur pays et aussi comment d’autres peuples ont pu survivre en dépit des conditions de leur environnement. Il considère le cas de l’île de Pâques, les Mayas et les Vickings qui ont entraîné leur déclin et les Islandais et les Japonais, qui ont survécu malgré d'énormes difficultés environnementales.
L'île de Pâques est une île déserte située dans le Pacifique, dont l’environnement est relativement fragile et sèche avec 40 pouces de pluie par an. Elle est célèbre en raison des statues de pierre géant à vocation religieuse (les moaï, près de 900) pesant jusqu'à 80 tonnes, découpés par les habitants de l’île dans une carrière volcanique puis traînés à leur emplacement à plus de 13 milles à la côte et dressés verticalement sur des plateformes sans aucun animal de trait, sans poulies et sans machines.
Les travaux archéologiques ont montré que l’île de pâques fut habitée par des Polynésiens au nombre de 10 000 et possédait un environnement agréable car le pays était couverte d’une forêt tropicale qui fût déboisée pour le bois de chauffage, pour l'usage comme rouleaux et leviers pour soulever les statues géantes et pour construire les canoës avec lesquels ils pouvaient sortir dans l'océan et attraper les marsouins et le thon. Cette situation de déboisement a eu des effets dévastateurs sur l’environnement car elle a entrainé la disparition de tous les arbres et des oiseaux vers l’année 1600. Ils n’ont pas eu la possibilité de se procurer du bois pour le chauffage et la construction des canoës. Ils n’ont pas pu sortir de l’île et n’ont pas pu produire des biens agricoles à cause de l’érosion, ce qui a entraîné alors le cannibalisme et la disparition des habitants de l’île de Pâques.
J. Diamond, dans la troisième partie de son ouvrage, établit un parallèle entre la République Dominicaine et Haïti sur plusieurs aspects dont la population et l’environnement. En ce qui concerne la démographie, la population d’Haïti est plus importante que celle de la République Dominicaine, ce qui entraîne la diminution du revenu par habitant de ce pays qui est le plus faible de la région. L’environnement de ces deux pays présente également des différences importantes. L’environnement de la République Dominicaine est plus riche et plus dense car bénéficiant d’une pluviométrie plus importante que son voisin, qui ne possède que 1.5 % de sa couverture végétale. L’auteur explique ces différences en faisant appel à l’Histoire d’Haïti qui fût une colonie exploitée par la France à partir d’une politique agricole intensive et exclusive. Les présidents de la République Dominicaine dont Raphael Trujillo et Balaguer ont établis des lois protégeant les réserves naturelles et les ressources naturelles notamment le bois en vue de combattre le déboisement comme c’est le cas en Haïti où l’on coupe les arbres en vue de produire le charbon. Ceci a eu de sérieuses répercussions sur l’environnement notamment les ressources en eau comme le souligne le rapport du CCI(1) : « Le pays est confronté à une dégradation accélérée de ses ressources en eau(2), tant du point de vue de sa quantité que de sa qualité. Cette crise nationale de l’eau se doit d’une part à une inégale desserte des services en eau avec 56 % de la population n’en ayant accès. D’autre part, une dégradation accélérée des ressources hydriques due à une exploitation anarchique contribue aux pénuries et à la contamination croissante. Les besoins d’énergie primaire en Haïti sont relativement réduits, mais à haute teneur en biomasse 72 % provient du bois. L’utilisation de charbon de bois comme ressource principale énergétique est une des causes principales du déboisement et par conséquent de la dégradation des terres et des ressources en eau en Haïti ». Compte tenu de cette situation, le CCI a eu plusieurs objectifs dont la conversion de 30 000 ménages et de 1000 entreprises (les dry cleaning et les boulangeries) au Kérosène, mais rien n’a été fait.
Jared Diamond a évoqué également la disparition des Mayas qui ont bâti dans la péninsule du Yucatan, au sud du Mexique. Ils ont développés une civilisation développés où ils pratiquaient la culture du maïs. Les causes de déclin de la civilisation Mayas selon l’auteur sont : la surpopulation, qui aurait conduit à la mise en culture des collines, culture itinérante sur brûlis, la déforestation massive, le ravinement des sols et au comblement des lacs de retenue par les sédiments, donc une dégradation importante de leurs environnements, avec comme conséquences, chute de la production céréalière et famines à la chaîne...
La coupe effrénée et sans aucune contrôle du gouvernement a eu des conséquences désastreuses sur l’environnement du pays notamment le problème de l’érosion et qui a été aggravé à partir de 2004 et 2008 avec les différentes cyclones que le pays connaît chaque année. Il convient alors que des mesures soit prise afin d’éviter les problèmes de famines dû généralement à l’érosion dans le pays, parmi lesquelles on peut citer :
1. Une politique de reforestation qui sera menée par le ministère de l’environnement en collaboration avec le ministère de l’agriculture en vue d’augmenter la couverture forestière du pays. Le gouvernement accordera une place de choix aux jeunes en les faisant participer à ce programmes qui pourra être mener au moins une fois par mois et ils pourraient également instituer un jour de l’année comme la journée de reboisement ;
2. La mise en place du corps de garde de parcs nationaux pour la protection des arbres dans les divers parcs du pays ;
3. Une politique d’encouragement des énergies alternatives tels que le kérosène, le propane, l’énergie solaire, éolienne qui devra s’accompagner d’une politique de subvention du propane car le gouvernement doit comprendre que tant que le prix d’un sac de charbon sera supérieur au prix du propane on ne pourra pas décourager le commerce du charbon et les entrepreneurs du secteur charbon de bois pourront se reconvertir dans la vente de propane, kérosène, etc ;
4. Une politique de conversion des grands consommateurs de bois tels que les dry cleanning et les boulangeries. Le gouvernement devra mettre sur pied une politique favorisant le crédit à ces entrepreneurs auprès des banques en leur servant de garant pour une partie du montant du prêt ;
5. Une politique de sensibilisation des adultes sur les méfaits de la coupe des bois et en les encourageant à planter deux, trois ou plus de plantes au cas où ils doivent en couper car il ne faut oublier l’aspect économique de la dégradation de l’environnement d’Haïti. Les jeunes seront encouragés dans cette initiative par la mise sur pied de programme de civisme environnementale.

Chaque citoyen Haïtien doit comprendre que l’environnement est un bien commun qu’il faut protéger, car sa détérioration pourrait entraîner notre disparition, comme ce fût le cas de l’île de Pâques. A l’heure du réchauffement planétaire, il est urgent de mettre sur pied une politique de reboisement afin de diminuer notre vulnérabilité par rapport aux catastrophes naturelles. Le gouvernement devra mettre les moyens en place afin d’augmenter les ressources du ministère de l’environnement dont le plus grand travail serait à l’heure actuelle le reboisement d’Haïti.

Notes
(1) Le Cadre de Coopération Intermédiaire (CCI) est mise en place par le gouvernement haïtien en 2004 en vue de gérer le programme d’aide des bailleurs après le départ du gouvernement de Neptune.
(2) Source : http://haiticci.org
Sources
1. DEVEZE J. (2006) : « Effondrement, J. Diamond : Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie ?», Afrique contemporaine, n° 220, pages 267-271.
2. http://www.herodote.net
3. http://fr.wikipedia.org

Mondy P., Economiste
mondyp@ymail.com
DES en Economie Appliquée
Master II Recherche (DEA) en
Analyse et Politique Economiques Approfondies


Rubrique: Divers
Auteur: P. mondy | mondyp@ymail.com
Date: 7 Sept 2009
Liste complète des mémoires et travaux de recherche