Les changements climatiques: De la nécessité de gérer l'inévitable (2ème partie)de Ramon's Claude JEAN-PHILIPPE| JobPaw.com

Les changements climatiques: De la nécessité de gérer l'inévitable (2ème partie)


Les hommes pour subvenir à leurs différents besoins entreprennent des activités qui, in fine, créent des ponctions sur l’équilibre écologique et environnemental de la nature. Les effets se manifestent de diverses manières : déforestation, désertification, érosion, éboulements, inondations, tempêtes tropicales, cyclones, sécheresse bref des catastrophes naturelles. Les émissions de dioxyde de carbone (CO2), des hydrocarbures halogénées (CFC, HCFC, PFC) à partir des échappements des véhicules, des cheminées des usines et industries, le déboisement et le changement de vocation des sols affectent la concentration de la couche d’ozone dans l’atmosphère et participent aux changements du climat. L’une des plus grandes manifestations de ces derniers est le réchauffement global de la planète et ceci comporte d’innombrables impacts sur les écosystèmes, les établissements humains et les infrastructures physiques. D’où la nécessité et l’urgence d’adopter des mesures d’adaptation.


Les zones côtières

Les zones côtières constituent une fragile et souvent fine interface entre trois grands milieux, à savoir l’atmosphère, l’océan et la terre ferme. La vulnérabilité de ces dernières reste encore plus grande tant que les changements climatiques produisent de grandes variations sur ces trois milieux. Les zones côtières restent des zones clés pour la pêche et les activités récréatives. L’infrastructure côtière, pour sa part, est essentielle au commerce, au transport et au tourisme. Le principal effet du changement climatique sur les zones côtières est l’élévation des niveaux d’eau. La hausse du niveau de la mer résulte de l’expansion thermique des eaux océaniques et de l’intensification de la fonte des glaciers et des calottes glaciaires. S’en suivront les impacts biophysiques suivants : inondations côtières plus attendues ; accroissement de l’érosion côtière ; intrusion d’eau salée dans les aquifères d’eau douce ; blanchiment de récifs coralliens ; hausse des inondations causées par des ondes de tempête ; augmentation des températures à la surface de la mer ; perte d’habitats côtiers ; perte d’espèces endémiques comme les mangroves, etc.

De ces impacts biophysiques naissent des impacts socio-économiques : dommages aux infrastructures côtières, dont celles utilisées pour le transport et les loisirs (ports, hôtels de plages, plages, habitations côtières, etc.) ; pertes accrues de propriétés ; augmentation des risques de maladie ; accroissement des risques d’inondation et de perte de vie ; changement de ressources renouvelables et de subsistance (la pêche par exemple) ; perte de ressources et disparition de valeurs culturelles, scéniques ou panoramiques. Les régions des côtes du Nord-Ouest, du Sud, de l’Ouest et de l’Artibonite sont parmi les plus sensibles et, par conséquent, les plus vulnérables à l’élévation du niveau de la mer. Les principaux problèmes qui pourraient surgir dans ces régions sont l’augmentation des inondations en raison des ondes de tempête, la submersion de certaines parties des côtes, l’érosion accélérée des plages et des montagnes côtières, la détérioration des milieux humides (transformation en marais salants) et l’introduction d’eau salée dans les aquifères côtiers.

Les ressources halieutiques

Le secteur de la pêche en Haïti reste peu développé. Toutefois, il assure la survie d’un grand nombre de pratiquants et d’habitants des zones côtières. On s’attend à ce que les variations du climat aient un effet important sur les populations de poisson et la durabilité des pêches. Les poissons sont assujettis à un ensemble distinct de conditions environnementales qui favorisent leur croissance optimale, leur reproduction et leur survie. La modification de ces conditions en raison du changement climatique aura des effets directs et indirects sur le poisson, effets qui résulteront principalement des changements dans la température de l’eau, les niveaux d’eau, les événements extrêmes et les maladies. Les principaux effets du changement climatique sur les pêches en eaux douces proviendront principalement du réchauffement de la température de l’eau, de l’abaissement des niveaux d’eau, de l’ensablement des plans d’eau, de la qualité de l’eau et de l’envahissement de nouvelles espèces et, de là, augmenter la contamination du poisson et porter atteinte à sa santé.


Les transports

Le transport est un élément essentiel du bien-être économique et social d’une population. Le transport en Haïti est très peu diversifié et organisé. On pense que les changements dans les températures, les précipitations, les événements extrêmes et les niveaux d’eau constitueront les principaux effets du changement climatique sur le secteur des transports. Les éléments les plus vulnérables du réseau de transport sont les routes en terres battues et boueuses, les routes des zones côtières, les routes limitrophes aux rivières et la mer en tant que support au transport maritime. Le réchauffement climatique aura des impacts potentiels sur les réseaux routiers comme : détérioration des routes ; variation de la consommation de carburant ; variation de la durée et de la qualité des voyages ; impacts sur la santé et la sécurité des passagers (accidents et accès aux services) ; réduction du flux de transport maritime par des bateaux de petits tonnages et des petites embarcations ; inondation ou destruction des ports ; augmentation des glissements de terrain, des avalanches et des inondations et leurs corollaires ; mobilité réduite ; coûts d’entretiens plus élevés et, au bout du compte, augmentation des coûts de transports.


La santé

Avec les nouvelles conditions climatiques, on s’attend à ce qu’il y ait résurgence de certaines maladies qui ont été enrayées de la carte pathologique d’Haïti. Par ailleurs, le réchauffement des températures augmentera la fréquence des maladies liées à la chaleur et exacerbera les troubles des systèmes circulatoire, respiratoire et nerveux. La multiplication des vagues de chaleur, particulièrement dans les régions urbaines, pourrait accroître considérablement le nombre de décès. Les personnes atteintes d’un trouble respiratoire tel que l’asthme seront touchées par la modification des taux de pollution. On se préoccupe aussi des conséquences que pourraient avoir les températures plus élevées et les chutes de pluie plus fortes sur les maladies d’origine hydrique. Les fortes chutes de pluie et les inondations connexes peuvent évacuer les bactéries, les eaux usées, les engrais, les insecticides et d’autres déchets organiques vers les voies d’eau et les aquifères. L’élévation des températures est propice à la multiplication des bactéries et à la croissance d’organismes toxiques.
Les impacts des changements climatiques sur la santé publique peuvent être résumés comme suit :
• Augmentation des taux de morbidité et de mortalité liés à la température et à la pollution atmosphérique (maladies liées à la chaleur, cancer, maladies respiratoires et cardiovasculaires tels qu’asthmes, crises cardiaques, accidents vasculaires cérébraux);
• Stress social et mental lié aux catastrophes (anxiété, inquiétude et dépression);
• Effets sur la santé de la contamination d’origine hydrique et alimentaire (accès réduit à l’eau potable, contamination des poissons et autres ressources aquatiques et contamination des ressources alimentaires venant du sous-sol);
• Augmentation des maladies à transmission vectorielle (modification de l’évolution des maladies causées par les bactéries, les virus et d’autres agents pathogènes transportés par les moustiques, les tiques et d’autres vecteurs);
• Effets socio-économiques sur la santé et le bien-être général (perte de revenus et de productivité, perturbation sociale, atteinte à la qualité de vie, augmentation des coûts des soins de santé, effets des technologies d’atténuation sur la santé (par exemple achat de moustiquaires imprégnés), insuffisance de la capacité institutionnelle à répondre aux urgences pendant les catastrophes naturelles).


Les facteurs qui augmentent les risques et notre vulnérabilité

Le risque est généralement lié à deux facteurs. Le premier est exogène, donc incompressible, indépendant des actions humaines, c’est l’aléa naturel. Tandis que le second facteur (sur lequel nous mettons l’emphase ici) est inextricablement lié à des activités anthropiques. C’est la vulnérabilité. De par ses entreprises, l’homme peut augmenter ou diminuer sa vulnérabilité et par conséquent augmenter ou diminuer son risque.
Tous les éléments d’impacts élucidés précédemment sont exacerbés et amplifiés par notre haut degré de vulnérabilité. Les changements climatiques, l’élévation du niveau de la mer et autres éléments récurrents imposent des coûts tant à la société qu’aux écosystèmes. Le contexte socio-économique propre d’Haïti et la croissance économique ont présenté des modèles d’usage des ressources et services de l’environnement qui ont provoqué de sérieuses détériorations en divers cas. L’utilisation inefficiente des ressources naturelles qui restent quand même limitées (mines et carrières, ressources ligneuses, eaux, sols, etc.), la rapide croissance démographique avec une forte densité, des infrastructures peu développées, la mauvaise gestion des déchets solides, des constructions anarchiques, l’urbanisation anarchique de nos villes, le positionnement géographique du pays par rapport à la route des cyclones, des ressources humaines, des compétences et des fonds limités, la faiblesse des institutions étatiques, la non participation de la société civile sont autant de facteurs qui rendent le pays très sensible aux chocs externes et hautement sujet aux catastrophes naturelles et à d’autres évènements extrêmes.

A suivre …

Le Matin
Lundi 17 août 2009
Par Ramon’s Claude Jean-Philippe, M.Sc.

Rubrique: Economie
Auteur: Ramon's Claude JEAN-PHILIPPE | jpram28@yahoo.fr
Date: 17 Aout 2009
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